Chapitre 25

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Le garde du corps entra seul, mais je percevais nettement les respirations de ses acolytes, postés de chaque côté de la porte. L'un d'eux haletait presque et je devinai pratiquement le filet de sueur dans son cou, celui qui vous inonde sournoisement lorsque vous vous préparez à faire quelque chose de pas très recommandable.

- Mademoiselle Hill, tout va bien ? demanda le garde de sa voix légèrement rauque.

Simple formalité, probablement, puisqu'à en juger par la situation, il se doutait de quelque chose. Mais comment pouvait-il savoir ce que je faisais ici ?

- Bonsoir, Cortez, souris-je avec affabilité. Je suis venue récupérer quelques papiers avant de rentrer. Un rapport à finir pour demain, vous voyez ?

- On m'a pourtant informé que vous étiez partie.

Ah, il s'obstinait. Cortez était le garde permanent du sénateur. Il veillait sur lui de nuit également, mais il était loin d'être le plus futé du lot. Je ne considérais pas cela comme un bon point pour moi, car il avait plutôt tendance à rester bloqué sur un détail et à chercher la petite bête, même quand cela n'était pas nécessaire. Inutile, donc, de tenter de lui faire du charme, cela ne ferait qu'aggraver mon cas.

- J'en ai terminé. Bonne soirée à vous.

Je passai devant lui d'un pas tranquille et franchis la porte, les muscles déjà bandés.

Un bras fusa vers ma tête et ne rencontra que le vide. Genoux fléchis, je me glissai dessous, pivotai sur mes talons et saisis le poignet. Je le fis craquer, enfonçait le sternum, abattis mon coude sur la nuque et achevai mon attaque en expédiant le garde sur son camarade qui n'avait pas eu le temps de réagir. Le menton en sang, il s'affala sur les fesses, hagard.

Cortez poussa un grognement animal et marcha sur moi, mais je me retournai déjà en maudissant mes chaussures. Une foulée ample me suffit à prendre un peu d'élan et je lui sautai dessus, enroulant une jambe autour de son cou et utilisant mon poids pour le faire basculer. A califourchon sur son dos, je tâtonnai des doigts et trouvai un point de pression à maintenir. Le garde s'affala comme une poupée dont on aurait coupé les ficelles, inconscient.

Je revins sur mes pas, auprès du deuxième de mes adversaires qui saisissait sans grande conviction son talkie-walkie. Il vira au blanc en me voyant et l'écarta immédiatement de lui.

- Je me rends, hoqueta-t-il.

Insensible à sa frayeur, je m'accroupis et le saisis au col.

- Qui vous a engagé ?

- Le sénateur Rei...

- Ne te fous pas de moi, grondai-je. Toi et tes petits copains, vous aviez reçus des ordres à propos de moi, je me trompe ?

- Non..., non, vous avez raison. Il... Je ne sais pas qui c'est, je vous jure. Seul Cortez traitait avec lui et nous, on était d'accord à cause de la prime ! On nous a dit que vous étiez une espionne mais que le sénateur ne devait rien savoir.

- Tu ne sais vraiment pas son nom ?

Le garde secoua la tête avec force. Je me reculai un peu et tâchai de m'adoucir. Je savais que je devais le terroriser. Je les avais mis hors d'état de nuire en une poignée de seconde et en ressortais indemne sans une goutte de transpiration ou un souffle plus heurté que les autres. Les humains ne se doutaient pas, lors d'une rencontre avec un GEN, de sa nature véritable, mais ils ressentaient un malaise, une impression vague d'anormalité.

GENESIS (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant