Le speed-jet redécolla dans un infime souffle d'air et je le suivis des yeux. Le petit appareil était destiné à survoler sans bruit de grandes étendues, bien qu'il ne fût pas adapté au transport de beaucoup de personnes. Il nous avait déposés à l'arrière de la résidence du sénateur, à l'abri d'une sorte de bosquet, et Tari l'avait renvoyé à l'Institut par le biais du pilote automatique. Je n'avais pas encore osé demander comment se passerait l'extraction de notre équipe si les choses tournaient au vinaigre, mais ce point me taraudait. Me mordant la langue pour me contraindre à rester muette, je me plaçai derrière Hubbel et l'imitai en sortant mon arme.
J'étais assez démunie, comparée au reste des agents car on ne m'avait fourni qu'un revolver avec plusieurs chargeurs et un couteau – une broutille à côté de la farandole de poignards de Chaffaron et de l'énorme arme à feu de Tari qui devait tirer des missiles au lieu des balles tellement le canon était large. Cela dit, je maîtrisais ce que j'avais dans les mains, et c'était sans doute préférable.
L'équipe se terra derrière les buissons et nous observâmes l'endroit. A l'exception de la baie vitrée et de l'immense piscine qui jouxtait l'habitation, je ne vis pas grand-chose. La distance ne me posait pas de problème, mais davantage de lumière n'aurait pas été de refus.
- Deux gardes à l'avant de la maison, indiqua alors Barnier d'un ton tranquille. Ils se séparent pour patrouiller tout autour.
Je tournai la tête, m'attendant à le voir avec des lunettes à vision nocturne, mais il n'en était rien. Allan m'avait vaguement parlé de certains GEN disposant de facultés encore plus pointues que les autres, comme une hypersensibilité aux ondes, ou une vision dans le noir parfaite, mais je n'avais encore jamais rencontré quelqu'un comme cela.
- Pas plus que ça ? tiqua l'adjointe de Rick.
- Nous ne devons pas nous fier aux apparences, conseilla le commandant, caressant lentement son arme. Nous pourrions tomber sur plus de monde à l'intérieur.
Quelque chose dans son ton m'alerta et je scrutai son visage dans la pénombre. Une tension presque imperceptible déformait les traits de Tari, lui qui s'était jusqu'alors montré si confiant. Il reprit très vite contenance et donna ses ordres.
- Barnier, en avant, tu nous guideras dans le noir, Hubbel et Deveille, ne vous quittez pas d'une semelle. On y va.
Tel un commando militaire, nous avançâmes genoux fléchis sur le gazon finement coupé. Je savais ce que j'avais à faire et n'hésitai pas, une fois au pied du mur. Tandis que Barnier grimpait au balcon du premier et ouvrait la porte-fenêtre, Hubbel et Chaffaron le couvrirent, et je pus monter à sa suite. Je m'accroupis alors sur ledit balcon pour protéger les deux autres ainsi que Tari, qui vérifiait qu'aucun garde n'arrivait.
Dès que nous fûmes tous montés, j'entrai dans ce qui me sembla être une chambre inoccupée. Je faisais de mon mieux pour me comporter comme les Elites : même démarche silencieuse, mêmes mouvements précis, mais mon souffle heurté me trahissait. L'adrénaline coulait dans mes veines à flots.
Barnier toujours devant, nous sortîmes dans le couloir.
- On va fouiller cette maison de fond en combles, c'est compris ? dit Tari en remuant à peine les lèvres. Barnier, avec moi, les autres ensembles. Vous vous occupez de cet étage et nous de celui du dessus. Si vous ne trouvez pas Reilly, rejoignez-nous.
- On se sépare ? protesta Chaffaron.
- De cette façon, nous mettrons moins de temps.
Une fois encore, l'intonation du commandant m'inquiéta. Il savait ce qu'il faisait, oui ou non ? Je n'eus pas le loisir d'approfondir le sujet et suivis Hubbel, ainsi que je le devais.
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GENESIS (1)
FantasyExtrait du journal de Luna Deveille, 30 Mai, 23h12, Institut Bollart Les GEN sont des êtres humains génétiquement modifiés pour devenir des armes surpuissantes et capables de dominer la race des hommes. Ils sont partout, vivent peut-être près de che...