Le mercredi suivant fut très chargé en cours dans le labo et au manoir. Stone n'était pas là, Marx l'avait envoyé en mission à l'extérieur. L'une des choses que je ne comprenais pas, c'était pourquoi une fois autorisé à partir pour accomplir un travail, personne ne fuyait. Les agents n'étaient pas tous totalement d'accord avec la politique de l'Institut, si ?
Cela faisait un mois que je vivais à l'Institut Bollart, toujours sous bonne garde et sans nouvelles de ma famille. Je me raccrochais à l'espoir qu'ils aillent bien – aussi bien qu'on puisse aller quand on croit sa fille décédée dans un accident de bus. Quand je pensais à mes parents et à Nathan, mon frère, une boule de chagrin se logeait dans mon estomac et me coupait la faim. J'avais besoin de les voir.
J'étais perdue dans mes pensées, au beau milieu du couloir alors que nous sortions de français. Barbie était aussi responsable de ce cours, à la grande satisfaction de mes camarades masculins. Je m'apprêtais à descendre l'escalier près de Guilhem quand une espèce de grésillement résonna. Puis les lampes s'éteignirent.
- Vous n'avez plus de lumière, vous non plus ? s'informa Barbie qui sortait de la classe.
Son front se plissa et son téléphone sonna. Le groupe de recrues s'était figé dans l'escalier.
- Oui, répondit la GEN à voix basse. D'accord, je les conduis dans la salle commune et j'arrive tout de suite.
Elle rangea l'appareil.
- Une petite panne, sourit-elle. Venez avec moi, nous allons attendre dans une autre salle.
Elle paraissait inquiète et prit rapidement les devants. Je ressentis un frisson d'excitation et vérifiai la présence des recrues. Marc manquait à l'appel. C'était le signal ! Celui que j'attendais tant. A la fois effrayée et euphorique, je dus me résoudre à suivre les autres. Ce n'était pas le bon moment pour leur fausser compagnie, même si j'en mourrais d'envie.
Nous débouchâmes dans la salle commune déjà occupée par quelques GEN.
- Surveillez-les, nous avons une faille dans la sécurité, dit sèchement Barbie. Caméras hors services en plus ! Que personne ne sorte.
Maintenant ! Je plongeai sur Guilhem qui se tenait tout près de moi et le tirai vers la porte. Amanda et Victoire étaient à l'autre bout de la pièce, ce qui n'allait pas du tout. Impossible de les atteindre et de les conduire à la sortie. Les recrues nous cachèrent inconsciemment à la vue des gardes et nous atteignîmes le couloir. Barbie avait déjà disparu.
- Vite, avant qu'ils ne nous comptent, pressai-je Guilhem, qui ne s'était fort heureusement pas débattu.
- Hein ? Mais qu'est-ce qu'on fait ?
Je pivotai vers lui pour lui expliquer succinctement.
- Marc a créé cette diversion. On se tire d'ici, tu es avec nous ?
- Bien sûr, fit-il sans hésitation. Tu crois que j'ai envie de pourrir ici ? C'est quoi le topo ?
- Viens.
Nous déboulâmes ventre à terre dans ma chambre et je me jetai sous le lit. Il n'y avait pas une minute à perdre. Guilhem se chargea de deux sacs et moi des deux autres.
- Et les filles ? s'enquit-il.
- On y retourne. Il faut aussi qu'on trouve Marc.
J'avais les jambes en coton et les intestins noués. Nous devions réussir !
Le chemin inverse jusqu'à la salle commune me sembla interminable, d'autant plus que le bâtiment était désert. Mais arrivés à proximité de la salle, une foule de GEN courrait en sens inverse, arme au poing, échangeant des informations en criant, l'air très pressé. Une vraie pagaille.
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GENESIS (1)
FantasyExtrait du journal de Luna Deveille, 30 Mai, 23h12, Institut Bollart Les GEN sont des êtres humains génétiquement modifiés pour devenir des armes surpuissantes et capables de dominer la race des hommes. Ils sont partout, vivent peut-être près de che...