Chapitre 32

138 20 0
                                    

L'armurerie était une vaste pièce fraîche et munie de petites fenêtres rectangulaires sous le plafond. Celles-ci donnaient sur la cour située juste au-dessus, et si l'on regardait à travers les vitres, on pouvait voir passer des paires de pieds.

L'endroit avait une odeur de métal et de plastique que je trouvais agréable en y pénétrant d'un pas aussi conquérant que celui d'un prisonnier en chemin pour la potence. L'agent Hubbel, l'adjointe de Rick, m'adressa un signe pour me demander de venir près d'elle. Elle avait déjà revêtu sa combinaison noire et enfilait ses gants, ses cheveux roux bouclés rassemblés en tresse.

- Te voilà, constata-t-elle. Le commandant m'a demandé d'être ton agent superviseur durant l'opération et en l'absence de ton mentor.

- Très bien.

- Voici ta tenue, elle est à ta taille, je pense.

Hubbel m'indiqua les cabines pour que je puisse me changer et je m'y délestai de mes vêtements. Répéter la suite de chiffre établie avec Allan portait ses fruits et j'étais concentrée sur ce que j'avais à faire. Me morfondre n'y changerait rien, quoi qu'il en soit.

La combinaison était composée de tissus et de cuir souple que je passai par-dessus mes sous-vêtements. Elle épousait mes formes et mes muscles, me laissant une liberté de mouvement appréciable. Je m'empressai ensuite de lacer mes bottines au bout renforcé, puis fis quelques mouvements de pieds pour les assouplir, un léger sourire aux lèvres. L'une des choses qui m'avait toujours beaucoup fait rire dans les films que j'adorais était que les femmes de ces histoires se battaient toujours en talons de douze centimètres, et je n'en comprenais pas trop l'intérêt – hormis peut-être celui de se dandiner pour courir et de risquer la chute au moindre caillou. J'étais en tout cas parfaitement à l'aise dans mes nouvelles chaussures plates.

La dernière pièce de mon équipement en main, je quittai la cabine.

- C'est ton armure, un peu comme un gilet pare-balle, mais en mieux, expliqua Hubbel tout en m'aidant à ajuster les épaules. La matière résiste à tout, mais elle est surtout très légère.

En effet, j'avais simplement la sensation de porter un t-shirt moulant rigide par-dessus le reste et le poids supplémentaire était insignifiant.

- Et les balles en composé ? demandai-je.

Hubbel se figea, interloquée :

- Qui t'as parlé de ça ? Je trouve que tu t'y connais un peu trop pour une recrue.

- Disons qu'à une certaine période, notre cher directeur avait envisagé de prendre des mesures définitives pour régler le problème que je représentais..., dis-je d'un ton détaché, sans mettre le moindre mépris dans ma voix en évoquant Marx.

- Ah, c'est vrai. Malheureusement, ces balles sont impossibles à arrêter, elles perforeraient quand même ton gilet. Mais là où nous nous rendons, il n'y en aura pas, je t'assure.

Je terminai de me préparer en attachant ma crinière en chignon serré.

« Prends cela comme un entraînement habituel, m'ordonnai-je. Comme les missions avec Allan ».

- Prête ? s'enquit Anne-Lucie Hubbel.

- Pas vraiment.

L'honnêteté de ma réponse m'étonna moi-même. Je ne devais pas laisser mes failles visibles devant n'importe qui, Allan me le répétait suffisamment.

- L'attitude d'Ulrich Marx est parfois incompréhensible et peut sembler irresponsable, admit l'Elite. Te faire participer nous met tous en danger, mais Tari n'a pas eu le choix. A mon avis, les plans du directeur sont bien plus vastes que ce qu'il laisse entendre.

GENESIS (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant