IX

84 7 1
                                    


Une tension règne dans le réfectoire où le seul bruit résonnant est celui de nos respirations saccadées. Lui, à cause du point à la poitrine que je lui provoque en appuyant sur son bleu, et moi, à cause de ma soudaine prise de courage et de confiance. Ses yeux foncés sont ancrés dans les miens et je redoute grandement la réaction qu'il va avoir. Mais, qu'est-ce qu'il m'a pri de vouloir jouer la rebelle ? Qu'est-ce qu'il m'est arrivé ? Surtout face à un garçon qui m'a déjà blessée, physiquement, et moralement !

Je secoue vivement la tête pour enlever ces pensées négatives et respire pronfondément pour calmer les battements de mon coeur suite à l'adrénaline grandissante. Lorsque je relève la tête pour croiser son regard noir, un rire espiègle sort de sa bouche rosée.

« Et que comptes-tu me faire Rosie ? Ne vois-tu pas que je fais deux fois ta taille, deux fois ton poids, et que je t'effraie rien qu'en plantant mes yeux dans les tiens ? Sourit-il, fier de sa réplique.

-Tu oublies que je suis la fille d'un meurtrier. » Dis-je, mon étonnante confiance toujours présente.

« Oui, la fille d'un meurtrier, pas une meurtrière.

-J'ai peut-être reçu le mauvais gêne. » Répondé-je, alors qu'il rit faussement.

« Arrête de jouer l'idiote en affirmant que cela se transmet par les gênes. Il a fait des conneries, ce n'est pas pour ça que tu vas faire les mêmes. Ou que tu dois faire les mêmes. Et, tu oublies aussi que tu ne savais rien de l'activité de ton père avant qu'il ne se fasse arrêter. Tu n'as donc rien appris du monde assassin, ma Rosie. » Je me recule doucement, en levant les yeux au ciel.

« Je ne suis pas ta Rosie. » Remarqué-je, alors que le fait qui m'embête le plus est qu'il est marqué un point dans toute cette histoire. Je voulais lui dire que j'avais les mêmes caractéristiques que mon père, mais depuis son arrestation, je ne cesse de me répéter que je ne lui ressemble pas. Je m'éloigne de son visage, perturbée par les actes dont j'ai fais preuve, si contradictoires avec ma pensée. Je m'assoies sur la table, les mains sur mes cuisses et replonge mon regard dans le sien, comme si un aimant était entre nous et me forçait à le regarder, encore, encore, et encore. Après quelques instants passés dans un silence profond où nous entendions cette fois-ci le bruit des frigidaires, il enlève la poche de glace qu'il avait reposée sur son ventre et, voyant ma tête ainsi que mon air contrarié, il annonce, plutôt gentiment :

« Ma pauvre Rosie, soupire-t-il, Pourquoi veux-tu autant me connaître ?

-Parce que je n'arrive pas à te cerner, répondais-je. Un jour tu me cries dessus, tu te moques de moi, de mon allure puis tu me pousses à me confier. Ce que je fais, comme l'imbécile et naïve fille que je suis. Enfin, quand je pense que toutes les choses sont à plat et que l'on va pouvoir repartir du bon pied, tu m'effraies, me fais mal, et me fais regretter de t'avoir donné ma confiance ! Sans parler de tes disparitions incompréhensibles et soudaines, et de ton retour avec des ecchymoses de partout, et autant de haine dans un corps d'adolescent qu'une si jeune personne ne devrait pas contenir. Et voilà que tu me demande pourquoi je veux te connaître ? Tu es mystérieux, intrigant, fatiguant, énervant, mais extrêmement attirant. Pas physiquement, mais ta personnalité est si... Indescriptible que ça devient une obsession de comprendre qui tu es vraiment. Voilà pourquoi je veux te connaître, Darren Brewster.

-Ma Rosie, tu n'es pas naïve, tu es gentille.

-Où est la différence Darren, de toute façon, tu ne retiens que les détails et pas le reste de ce que je te raconte, alors à quoi bon ? » Demandais-je, en baissant la tête.

DOUBLE JE {Wattys2016/JustWriteIt}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant