DOUBLE JE {Wattys2016/JustWriteIt}

XVI

« Ty, tu penses vraiment qu'elle va pouvoir nous aider ? Elle n'a pas l'air vraiment d'accord. » Lui demandais-je, alors que mon cousin asseyait Miranda de force sur la banquette arrière et l'attachait tant bien que mal, sous mes yeux ébahis par tant de facilité et d'aisance. Mon cousin a l'art de manier le kidnapping, et je ne sais pas vraiment si je dois être fière, apeurée ou dégoûtée par cette information.

« Ne t'inquiète pas, elle va être d'accord, Punkie. La première caractéristique d'un membre de gang est de manier la persuasion à la perfection. Je te laisse essayer, je regrette déjà de l'avoir récupérée. » Dit-il en soufflant et en mettant finalement le contact de la voiture, qui ronronne, le moteur à peine activé.

« Conduis-nous aux Eighteen Blood, Miranda. » Lui ordonnais-je, décidée à ne pas passer par quatre chemin avec elle. La connaissant, elle m'embarquerait dans une histoire qui n'a ni queue ni tête, me permettant d'oublier mon sujet principal. Elle me reluque, me fixe dans les yeux puis secoue la tête en me répondant :

« C'est bien ce que je pensais, il t'a vraiment mal élevé pour que tu puisses prononcer une phrase sans une seule once de politesse.

-Qui ça, il ? » Demandais-je, n'ayant pas vraiment suivi la tournure que prenait cette discussion.

« Ton meurtrier de père. » Me crache-t-elle en plein visage.

Je me tourne en faisant désormais face au pare brise. Tu fais ça pour Darren, Punkie, ne l'oublie pas.

Je plaque les paumes de mes deux mains sur mes tempes, essayant de faire le vide dans ma tête et de ne pas écouter les cris qui m'entourent, notamment la dispute entre Miranda et Ty qui ne semble jamais prendre fin. Je regarde autour de moi : la fenêtre me donne une vue sur le lycée, et ne fait que me rappeler la conversation houleuse que j'ai eu plus tôt avec Darren. En face de moi se trouve la route terreuse qui mène à l'autoroute que nous devons emprunter. Je soupire, ne sachant pas quoi faire. Je baisse la tête, vaincue mais aperçois un objet gris métallique brillant ressortir de dessous le siège. M'abaissant doucement, mes yeux s'ouvrent et s'apprêtent à sortir de leurs trous lorsque je réalise quel objet je tiens dans mes mains. Je le prends de la main droite et le tourne dans tous les sens, émerveillée par l'unique beauté de cet engin. C'est le plus beau pistolet que je n'ai jamais vu de ma vie.

« Miranda, à moins que tu veuilles avoir le même sort que ton frère, tu vas nous emmener chez toi. » Déclarais-je d'un ton impatient, sans pour autant lui faire face et lui montrer la merveille que j'ai dans les mains.

« Ne parles pas de Troy, tu as perdu ce droit lorsque John l'a sauvagement tué. Je pensais que c'était comme ton grand frère, Punkie. Pourquoi n'as-tu rien fait pour interrompre ton père ? Ou, au moins pour protéger mon frère des tueries que ta saleté de géniteur commettait ?

-Je t'ai déjà dit maintes et maintes fois que je n'en savais rien ! M'énervais-je soudainement. Je me tourne vers elle, le pistolet dans ma main, pointant sa direction. Es-tu certaine que tu ne veux pas changer d'avis ?

-Je savais que tu étais comme lui, au fond. » Me lâche-t-elle, ses yeux bleus électriques s'humidifiant.

« Il faut croire que les chats ne font pas des chiens, Miranda. Dis-je en chargeant l'arme. Je ne me débrouille pas trop mal pour une première fois, merci aux films américains et aux romans policiers. Je place l'arme sur son front, entre ses deux yeux, et continue :

-Tu vas nous emmener chez toi. » Transpirante, presque autant que moi, elle me répond finalement, quelques temps plus tard :

« Vous n'avez qu'à passer par le Whitset Boulevard, c'est la seule rue qui n'est pas couverte par nos hommes. Le portail est toujours ouvert de ce côté là, mais tu ne peux pas y accéder avec la voiture. Tu devras sortir pour entrer dans la propriété.