DOUBLE JE {Wattys2016/JustWriteIt}

XIV

« Bouge-toi Piper, tu vas encore être en retard ! » Prononce Darren en tambourinant à ma porte.

C'est seulement quand j'entends ses pas s'éloigner ainsi que son soupir résigné que je décide de me lever. Je me nettoie rapidement le visage puis enfile une robe fleurie. Je me maquille et mets difficilement ma perruque, la faute à ma fatigue qui commence déjà à reprendre le dessus. Je parviens même à me demander pourquoi est-ce que je continue de me transformer chaque jour, puisque Miranda est en fait au courant de ma véritable identité. Mais celle de mon père me revient directement et je me souviens que la fille du meurtrier d'Arizona n'est définitivement pas acceptée ni acceptable ici. Mes dernières pinces placées et mon maquillage terminé, je récupère mes clefs ainsi que mon téléphone et sors de ma chambre.

Affamée, je me dirige vers le self, prends mon fruit habituel dans ma main droite, mon jus d'orange de la main gauche et croque ma pomme juteuse en allant à mon casier. Je porte mon livre d'histoire, un air blasé plaqué sur le visage : malheureusement, comme tous les jours de la semaine, je commence ma journée de cours avec Monsieur Benkler. Ma vie scolaire est devenue une routine ennuyante et déprimante. Au fond de moi, je dois admettre que cette histoire de gang va pimenter quelque peu ma vie. J'aimerai juste supprimer les faits que mon père soit meurtrier, que je doive me faire tuer par mon ami pour que la vengeance de son frère soit accomplie et que, par dessus le marché, mon ancienne meilleure amie me tienne pour responsable des actes de mon père parce que celui-ci a tué son frère...Histoire compliquée, mais qui n'a jamais dit que la vie était compliquée ?

« Piper Byllos, à l'heure pour la première fois de la semaine, cela relève du miracle ! » Remarque Monsieur Benkler, mon pied ayant à peine traverser la porte. Je le fixe pendant quelques secondes, hébétée. Mon professeur a l'air en pleine forme aujourd'hui. Non sans lever les yeux au ciel, je me dirige vers ma table habituelle mais m'aperçois qu'en plus d'être occupée par Darren, elle l'est aussi par Miranda. Elle me regarde avec une hargne et une haine que je ne connaissais pas chez elle. La voir ainsi me rappelle nos bons moments passés, mais surtout les plus récents, les plus destructifs. J'essaie tant bien que mal de rentrer dans mon personnage et lui sourit diaboliquement, faisant apparaître une certaine incompréhension dans ses prunelles bleues glacées. Dire qu'avant, ses yeux me faisaient penser à un océan de merveilles, et que maintenant, elles reflètent le vide d'un glacier... Sans leur lancer ne serait-ce qu'un seul autre regard d'attention, je me déplace jusqu'à l'ancienne place de Miranda, qui n'est pas si éloignée d'eux. Le cours commence et alors que Monsieur Benkler nous inculque les bases de la Renaissance, deux coups sont tapés sur la porte et détournent notre attention. Madame Kassandre apparait dans l'embrasure de la porte et fait un rapide signe à Monsieur Benkler qui l'invite à entrer.

« Ah ! J'ai oublié d'avertir les élèves ! Se tape-t-il le front. Aujourd'hui, dans l'optique d'améliorer vos compétences d'expression, nous allons former des binômes, ou trio, et vous faire travailler sur un sujet philosophique ou historique, cela dépendra de vos lacunes. Bien sûr, vous travaillerez dans la matière où vous avez les pires notes, car le but de cet exercice est quand même de vous aider. Nous vous noterons donc sur une performance orale, que vous présenterez à une date que l'on aura fixée ensemble. Le seul hic, c'est qu'une seule personne du groupe aura à lire le travail. Cette note est là pour remonter vos moyennes, alors n'hésitez pas à être le lecteur. » Il se rassoit à son bureau après nous avoir brièvement souri, et Madame Kassandre le rejoint. Ils énumèrent les listes et créent les groupes entre eux alors que chacun vague à ses occupations. Je sors un miroir de ma trousse et fixe mon front, en essayant d'améliorer mon maquillage qui laisse à désirer aujourd'hui. Une boule de papier atterrit sur ma table, me faisant sursauter.