XXI

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Mon réveil se fait anormalement bruyant. C'est, dépitée, que je finis par me lever, à cause des nombreux appels et messages incessants de Ty. Après avoir roulé des yeux et m'être lavée rapidement, j'enfile un jean simple et un sweat-shirt sans manches, avant de placer mon pistolet à mon dos. Mes baskets aux pieds, et mon sac à la main, je ferme ma chambre à clefs et me dirige dans celle de Darren. J'ouvre délibérément la porte et l'aperçois mettre un survêtement foncé ainsi qu'un pull fin.

« C'est le grand jour, Rosie. » Me dit-il en m'embrassant la joue.

« Malheureusement. Essaie de te dépêcher, Darren. Ty n'arrête pas de m'harceler, il nous attend au parking.

-Déjà ? » J'hoche la tête et il acquiesce rapidement. J'attends qu'il termine de se préparer puis quelques instants plus tard, nous déambulons dans le parking à la recherche de la voiture de mon cousin. Un bruit de klaxon nous avertit qu'il se trouve un peu plus loin et c'est en faisant un petit footing que nous rejoignons la voiture. Je m'installe à l'arrière et laisse les deux gangsters se serrer la main à l'avant.

« Prions pour qu'il accepte notre nouveau pacte. » Me glisse Ty en m'envoyant un clin d'œil par le rétroviseur. Je lui réponds par un sourire crispé puis nous prenons la route, loin d'être sereins.

« Il n'a rien à perdre dans cette affaire, de toute façon. » Suggère Darren.

« A part son pouvoir absolu, tu veux dire ? Il est aveuglé par sa dictature, et il ne la lâchera pas si facilement. » Lui rappelle Ty.

« Et s'il y tient vraiment, il va me tuer directement. Sans une seule once de pitié ou de regrets. » Prononçais-je, une envie de vomir pointant le bout de son nez.

« Ce qui suivra ta mort sera pire, Punkie. Les histoires de vengeance ne se terminent jamais, alors il a tout intérêt à consentir à ce pseudo mariage. » Continue Darren.

Nous restons tous les trois silencieux le long du trajet jusqu'au manoir des Eighteen Blood. La peur de l'affront nous ronge les tripes, même si personne n'a assez de culot pour l'assumer. L'espoir de ne perdre aucun être cher réside dans chacune de nos pores mais nos fiertés nous interdisent de parler de nos frayeurs et de l'amour que nous nous portons les uns aux autres. Mais les sentiments s'expriment d'eux mêmes sans qu'on ne puisse les en empêcher ou les partager, c'est d'ailleurs comme ça que notre groupe se renforce : nous ressentons les mêmes émotions sans même avoir besoin de nous regarder. C'est peut-être vraiment cela, connaître quelqu'un.

Le moteur arrête de ronronner et c'est avec un souffle saccadé que je parviens à sortir de la voiture. Mes yeux scannent le manoir comme si c'était la première fois que je voyais cette immensité. Je pense que je serais désormais habituée à vivre dans ce genre de palace immaculé. Mes deux accompagnateurs à mes côtés, nous empruntons le chemin de galets blancs et propres, comme s'ils venaient d'être peints. La main de Ty se glisse dans la mienne. Je refoule mes larmes du mieux que je peux en voyant notre distance avec le manoir doucement diminuer.

« Je t'aime. » Entendais-je de la part de Ty. Je lui jette une œillade émue mais m'aperçois que ce dernier regarde face à lui, n'arrivant pas à me regarder dans les yeux.

« Je t'aime aussi, Ty. » Réussissais-je à prononcer avant d'avoir la gorge complètement noyée.

« Vous êtes prêts ? » Nous murmure d'un souffle doux Darren, lui aussi étonnement ému. Nous acquiesçons en un signe de tête et Ty renforce sa poigne sur ma main alors que Darren appuie sur la sonnette.

La porte en bois sombre mais joliment décorée par des motifs blancs s'ouvre, nous laissant découvrir une Miranda resplendissante dans une robe rosée. Un triste sourire sur les lèvres, elle nous fait entrer puis nous fait traverser un long couloir aux couleurs blanches et prunes. Nous sommes conduis au salon, toujours aussi impeccablement propre et rangé. Un frisson me parcoure le bras lorsque les souvenirs de mon kidnapping ressurgissent. Je réussis à oublier et réfuter les images de Darren se faisant battre, le corps en sang devant moi qui suis assise sur une chaise écorchée, pour apercevoir sur un des longs canapés en cuir, Nathan et Bruce. Les deux hommes, après s'être tournés vers nous, se lèvent et s'approchent doucement. Alors que Ty me lâche la main pour s'avancer quelque peu vers eux, Darren la récupère et me fait un clin d'œil dans l'espoir de me redonner du courage. Nathan se place aux côtés de mon cousin et Miranda reste tapie dans l'ombre, regardant la scène. Bruce, un ton sévère, prend la parole :

DOUBLE JE {Wattys2016/JustWriteIt}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant