XIX

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Nous sortons du centre de tatouage, bras dessus bras dessous. Darren m'aide quelque peu à marcher, ma jambe droite engourdie à cause du motif qui m'a précédemment été fait. Nous nous asseyons à l'intérieur de sa Berline noire au jantes oranges et alors qu'il met le contact et place ses lunettes de soleil sur son nez, je prononce un euphorique et entraînant merci, heureuse d'avoir un nouveau tatouage. Ce n'est pas tant la signification de cette marque qui me met dans un tel état, c'est plutôt le fait d'avoir un dessin original et unique qui me donne l'impression d'être spéciale, dans le bon sens du terme. Et cela faisait longtemps que je n'avais pas eu une image positive de moi. Darren rit sincèrement, amusé par mon enthousiasme avant de me répondre :

« Ce n'est qu'un tatouage, Punkie. N'en fais pas tout un plat.

-Oh, je t'en prie Darrenou, cesse d'être aussi radical, et laisse-moi exprimer ma joie ! J'ai un nouveau tatouage ! » Hurlais-je, décidément et définitivement heureuse d'avoir ce tatouage.

« Darrenou ? Par pitié Rosie, ne me dis pas que tu n'as pas laissé tomber cette idée de surnom. C'est le plus ringard de tous.

-Pourquoi refuses-tu toujours mes surnoms ? Tu n'es pas cool, Darren. » Boudais-je en croisant mes bras sur ma poitrine. J'essaie de cacher le petit sourire en coin qui prends place sur ma bouche en tournant ma tête vers la fenêtre, réfléchissant à l'endroit où m'amènerait mon cher et tendre nouvel ami.

« Si tu veux vraiment me trouver un surnom digne de ma prestance, rigole-t-il, appelles moi Den. C'est comme ça que m'appelais Jason. » Prononce-t-il d'un ton nostalgique.

« Tu l'aimais, hein ? » Souriais-je. Je savais désormais que le sujet de Jason était un terrain boueux pour Darren. C'est un sujet que je peux qualifier de tabou pour lui comme pour sa famille. Mais, je sais aussi que pour que les souvenirs perdurent, parler de la personne disparue est primordial.

« C'était mon père, Punkie. Même si nous n'avions pas le même sang, c'était tout comme. Il était la figure paternelle dont j'avais besoin pour m'épanouir et ne pas partir en vrille, même si le fait d'être un gangster n'a pas de connotations positives, ça m'a permit de connaître la vie telle qu'elle est et de ne pas juger sans savoir. Et puis, il faut savoir que le gang forme ma famille, j'ai donc grandi dans un univers hostile, certes, mais rempli d'amour comme tu ne pourras jamais en trouver ailleurs. Il ne faisait pas de différence entre Bruce, Nathan et moi. J'étais même le chouchou, et il voulait que je reprenne l'affaire à sa mort. Mais Bruce étant le plus âgé, ça ne s'est pas fait. » Termina-t-il.

« Tu es à la hauteur de ses espérances, Darren, ne t'en fait pas pour ça. Je suis sûre qu'il est fier de toi. » Lui annonçais-je, ressentant un certain mal être le surplombant.

« Fier de moi, peut-être, mais fier de ce qu'est devenu l'entreprise qu'il a construit durant la moitié de sa vie... Je ne pense pas. Mon frère déshonore son propre père en agissant comme tel et il ne s'en rend même pas compte. La puissance et le pouvoir sont en train de le ronger de l'intérieur. C'est ce qui me détruit le plus dans cette histoire, savoir que l'héritage de mon père est à ce point ravagé m'exaspère. » Il tourne au coin d'une rue avant de continuer à conduire prudemment, me jetant de sympathiques regards de temps à autres.

« Je ne veux pas me marier avec lui, Darren.

-Je le sais, Punkie. Mais c'est le seul moyen pour que tu puisses être en sécurité, pour que nos deux gangs se réentendent à merveilles, pour que tu puisses comprendre et apprendre notre monde et pour que tu puisses savoir diriger ce genre de business. Tu t'en sortiras, Punkie. J'ai confiance en toi.

DOUBLE JE {Wattys2016/JustWriteIt}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant