SUMMER

T1.30

                  

Je divague en regardant le ciel bleu derrière la vitre de cette classe. Quelle belle journée, c'est quand même con d'être obligé à rester ici, nous sommes dans un court d'art, ne pourrions-nous pas sortir pour peindre l'extérieur, ce n'est pas ça un court d'art ?

Ah ben non, bien sûr, un cours d'art c'est écouter cette prof nous parler de ce tableau peint par je ne sais qui à je ne sais quelle époque. Sérieusement, l'art ce n'est pas personnel ? Ce n'est pas la libération de notre esprit sur une feuille, ou une toile ?

C'est ma vision de l'art ; quelque chose de personnel, qui nous ressemble, qui en dit long sur nous, comme ce que Niall dessine en dit long sur lui, sur le garçon qu'il a été. Je me demande qui était cette fille, mais je doute qu'il veuille en parler.

Je n'ai rien contre l'art, mais je ne comprends pas ce cours, je détèste devoir passer mes heures dans cette classe à écouter cette prof.

Pourtant je dois être la seule à penser ça, car je suis la seule qui ne regarde pas fixement la peinture au tableau qu'on est en train d'analyser. Même Niall semble s'y intéresser.

Si l'art est quelque chose de personnel, pourquoi l'école pense-t-elle qu'il faut analyser celle des autres ? Pourquoi ne nous laissent-ils pas nous exprimer ?

« -ça ne t'intéresse vraiment pas ? » Niall à mes côtés me sort de mes réflexions.

« -Vraiment, c'est le cours que je détèste le plus.

-C'est con, il est sympa ce cours. » J'hausse les épaules, sachant de toute manière que ni mon avis ni le sien pourrait changer.

« -Dis » Il prend la parole et à peine a-t-il prononcé un mot que ses joues se mettent à rougir. « -Pour l'autre fois, quand tu euh... quand on

-Je tenais à m'excuser pour ça, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. » Il n'était à l'évidence pas prêt, je remarque qu'il avait raison et que je ne sais rien de lui.

Mais dois-je vraiment tout savoir de lui pour le laisser m'aimer ? Pour me laisser gagner ?

« -Oh non, ne t'excuses pas, tu n'as pas à... enfin, j'ai aimé ça. » Il ne me regarde pas dans les yeux ce qui me fait sourire, je l'intimide donc à ce point ?

« -J'ai aimé ça aussi. » Il était peut-être plus près que ce que je ne pensais...

Je sens une once de culpabilité me prendre violemment après avoir prononcé ces mots, je suis la première à dire du mal du mensonge, à en avoir peur et voilà que je mens.

Que je mens, et pas seulement à Niall, je mens à tout le monde, je me mens à moi-même.

« -Ca veut dire quoi du coup ? Enfin, je veux dire... Toi et moi, est ce que

-On verra, je n'en sais pas plus que toi. » Et encore un mensonge que je dois écourter car la sonnerie me libère de cet enfer.

Je refais mes affaires et m'engouffre vers la sortie. Cette question, c'est le début des emmerdes.

Tant que la personne ne se demande rien, tout vas bien, mais une fois qu'elle veut quelque chose de sérieux, c'est fini, il s'accroche et tu commences à dépendre de lui, il commence à être jaloux par n'importe quoi et il s'inquiète à tout bout de champs de savoir où tu es, ce que tu fais, qui tu fréquente,...

Tant qu'il ne pense pas à se poser, il ne s'inquiètera pas pour toi, et cette question est le début de l'enfer d'une relation. Ça commence toujours par « Toi et moi, on est quoi ? »