Chapitre 24 : Trop compliqué.

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Il me rattrape et marche à la même hauteur que moi. Qu'est-ce qu'il peut être casse-couille celui là.

_Tu as parlé à Roy aujourd'hui ?, me questionne sur un ton neutre.

_Non.

_Tu l'as vu ?

_Qu'est-ce que ça peut te faire ?, je râle.

_Hé c'est bon ! Je m'inquiète pour toi et tu m'envoies chier...

Je rigole d'un rire faux.

_Tu t'inquiètes pour moi ? C'est nouveau chez toi de t'inquiéter pour les autres ? Je pensais que tu ne pensais qu'à toi, égoïste que tu es.

Il s'arrête. Sa mâchoire se crispe et ses poings se serrent.

_Fais attention à ce que tu dis, Aria. Il y a des limites à ne pas franchir.

Sa voix est beaucoup plus froide et autoritaire. J'en aurais presque des frissons si je ne le connaissais pas mieux que ça -plus au moins. 

_Serait-ce des menaces ?

_Ça se pourrait bien.

Je souffle bruyamment et lève les yeux au ciel en me remettant en marche vers chez moi. Et comme par hasard, il me suit. On marche en silence et c'est beaucoup mieux ainsi. Cette journée est vraiment trop merdique.

Une fois arrivé devant chez moi, je ne prends pas la peine de me retourner pour lui dire au revoir. C'est sa voix dans mon dos qui me fait m'arrêter devant ma porte d'entrée.

_Comment on a fait pour toujours redevenir aussi froid l'un envers l'autre ? Je veux dire, un jour on est bien tous les deux et le suivant c'est la guerre. 

_Je ne sais pas. Tout ça est trop compliqué pour durer.

_Aria, c'est toi qui dit que c'est compliqué mais ça ne l'est pas du tout.

_C'est simple pour toi. Tu n'as pas de copines, tu n'as pas trompé la personne que tu aimes... Tu veux juste t'éclater mais je ne suis pas comme toi.

_Vous n'étiez plus ensemble quand on a baisé samedi. Tu te fixes trop de barrières. Si tu oubliais tes principes un instant, tu verrais que rien n'est compliqué.

_Je ne peux pas faire ça. Sans mes principes, je ne suis plus la même.

_Non, c'est faux.

Il s'approche dangereusement de moi et rapproche son visage du mieux.

_Moi, je pense que tu te caches derrière les limites que tu t'es fixée. Ton caractère, l'apparence que tu laisses voir aux autre; celle où tu bois, fume et fais la fête, tout ça c'est du superflu.

Ses lèvres sont à présent contre mon oreille. Je retiens ma respiration devant l'assurance qu'il affiche.

_La vraie Aria sait que j'ai raison.

Comment fait-il pour me cerner si facilement ? Et s'il avait raison ? Cela voudrait dire que ma relation avec Roy est bâti sur un mensonge... Non, ce n'est pas possible. Ce que je ressens pour lui est purement réel et lui m'aime pour qui je suis et pas pour ce que je laisse paraître. Pourquoi est-ce que je parle encore de Roy au juste ? On n'est plus ensemble et nous ne le serons sans doute plus jamais. Evan me regarde dans les yeux et sait que ses paroles ont eu l'effet voulu sur moi.

_Si je t'embrasse maintenant. Est-ce que la vraie Aria me laisserai faire ?

_Pour le savoir, tu devrais essayer, pensais-je.

C'est en voyant le rictus qui se forme sur son beau visage que je réalise que j'ai pensé à haute-voix. Il fait un pas vers moi me faisant reculer contre la porte d'entrée. Ses doigts viennent sous mon menton pour élever ma tête et ses lèvres se rapprochent doucement des miennes. Je ferme les yeux. Le temps semble tourner au ralenti jusqu'à ce que nos bouches se trouvent enfin. C'est lui qui prend le contrôle de notre baiser et je ne m'en plains pas. Mes bras s'enroulent autour de son cou alors que son autre main -celle qui n'est pas sous mon menton, vient se placer dans mon dos pour me rapprocher de lui. Sa langue caresse ma lèvre demandant l'entrée pour rejoindre la mienne et je la lui donne.

Toutes les émotions qui me traversent à ce moment précis sont indescriptibles. Elles tourbillonnent dans ma tête et je suis soulagée d'être tenue dans les bras d'Evan sinon je flancherais.

Lorsqu'il rompt notre baiser, il recale une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et sourit.

_J'aime cette Aria là.

Mon cœur rate un battement alors qu'il ne réagit probablement pas à ce qu'il vient de dire. Ce sont de simples mots et il n'était peut-être pas sérieux mais il les a quand même dit et c'est... adorable venant de lui qui refuse d'aimer. Il reste près de moi et je souris niaisement.

_Je vais rentrer. On se voit bientôt ma belle.

Je hoche la tête et il dépose un rapide baiser sur mes lèvres avant de s'éloigner. Je le regarde partir et sors mes clés pour rentrer chez moi. 

Ma mère n'est pas là, elle doit sans doute travailler ou elle est partie faire les courses. Je repense à ce que m'a dit Evan. Je devrais faire comme il m'a dit et oublier mes principes une journée. Il n'y a qu'avec lui que ça arrive. Peut-être que je suis juste différente avec lui. Mon téléphone vibre dans ma poche me signalant l'arrivée d'un message. Je le sors et reste choquée devant le nom de la personne qui me l'a envoyé. Roy.

_<< On peut se voir demain ? Il faut qu'on parle. >>

Sérieusement ? Quand je commence à penser à la possibilité de peut-être pouvoir " fréquenter" Evan -à sa propre manière, il faut qu'il réapparaisse pour me rappeler qu'il est encore là. Comment l'oublier dans ces conditions ? Je ne veux pas lui répondre mais au fond de moi, j'ai envie de le revoir et de lui parler parce que, après tout, je l'aime. C'est plus fort que tout. Je réponds le plus simplement possible.

_<< Où ça ? >>

_<< Devant le lycée, à midi. >>

_<<Ok. >>

_<< Tu me manques. >>

Je ne réponds pas à son dernier message. Il fait toujours ça; m'avoir avec des mots simples. Ça ne marchera plus. J'ai l'intention de le voir demain et d'écouter ce qu'il veut me dire mais je ne me laisserai pas attendrir par tout ce qu'il dira. Enfin, c'est ce que j'essaie toujours de me faire croire à moi-même. 

ARE Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant