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Vendredi 27 avril.

- Pour me faire plaisir Ken ! Je le supplie en lui tirant le poignet.

- Mais Sasha je le connais et en plus il doit pas avoir envie de me voir.

- T'as peur en fait.

- Peur de quoi ? J'suis pas une tapette ! 

- Mais viens il va pas te manger ! 

- T'es casse couilles comme meuf wesh ! 

- Ça veut dire oui ? 

- Ouais vas-y avance avant que je change d'avis.

Je m'exécute, fière de l'avoir convaincu de m'accompagner. Une fois devant la porte je jette un coup d'œil à Ken qui se ronge les ongles, je lui saisis la main en lui faisant un léger sourire et on franchit le seuil de sa chambre.

- Salut Fé, dis-je en le secouant doucement.

Il ouvre ses yeux rougis par les larmes, cernés par la fatigue.

- Comment tu te sens ?

Aucune réponse. Il se contente de balader ses yeux entre Ken et moi. Je commence à m'habituer à son silence, on est vendredi et c'est comme ça depuis le début de la semaine.

- On part sur Paris demain, tu t'en souviens ?

Il cligne des yeux, signe qu'il s'en rappelle. Vu son expression il n'a pas l'air enchanté par cet événement.

- C'est Ken, tu sais je t'en avais parlé ? Je demande en désignant le garçon à côté de moi.

Nouveau clignement. Quelle charmante conversation nous avons là.

- Quentin sera chez Léna quand on va arrivés, vous allez pouvoir parler depuis tout ce temps.

Nouveau clignement accompagné d'un hochement de tête.

Y'a du progrès.

- Bon on va y aller parce'que les autres vont venir pour qu'on puisse chargés les cartons.

Je lui embrasse le front et reprend la main de Ken pour aller à la voiture. On rentre en silence, ça me blase cette situation. J'ai trop de fois pensé à mettre fin à tout ça. Quand on arrive je mets directement un jogging accompagné d'un chignon lâche. Je vagabonde dans la chambre ne sachant pas quoi faire pour m'occuper et tombe sur le carton contenant les albums photos. Ma mère adorait y ajouté de nouvelles photos et quand elle est décédée j'ai continué de les compléter. Je saisis l'album de mon petit frère et commence à le feuilleter. Ken me rejoint rapidement sur le matelas et regarde les photos avec moi en silence. Je souris légèrement à la vue de tout ses souvenirs. Rapidement arrive la dernière image, datant de six mois en arrière. On est tout les trois devant le château de Disneyland Paris. C'était une merveilleuse journée, malgré le fait de n'avoir fait que des attractions pour les petits. Ma déception avait vite été effacée en voyant les yeux étincelants de mon petit frère, ainsi que son grand sourire qu'il a arboré pendant plusieurs jours. Ken passe son bras autour de mes épaules en embrassant mon front.

- Tu veux manger quoi ? 

- J'ai pas faim.

- Une Sasha a toujours faim, je vais commander des pizzas.

Je soupire en le voyant prendre son téléphone pour appeler.

- Passe ton portable Sasha, j'ai pas le numéro.

Je lui tends tandis qu'il repose le sien sur le lit. Je sens une vibration, et ma curiosité me pousse à regarder.

De : Jennyfer

Faut qu'on se voit, j'ai envie de toi

Je déglutis en lisant le message. Mon cœur se serre et les larmes montent à une vitesse fulgurante. Je me rends compte que l'attirance que j'ai pour lui n'est pas réciproque. Il revient me rendre mon portable tandis que je lui tends le sien en me levant.

- T'as un message, dis-je sèchement en allant au salon.

Quelques secondes plus tard - le temps qu'il lise le message à mon avis - il me rejoint.

- Sasha je m'en fous de cette meuf.

- C'est bien.

- Je l'ai pas revue depuis que je te connais.

- Je m'en bâts les couilles tu fais ce que tu veux.

- J'ai pas l'intention de la revoir.

- Mais tu fais bien ce que tu veux Ken c'est pas mes affaires ! 

- Je veux une fille mais c'est pas elle.

- Super, ça me fait une belle jambe vraiment.

Je fuis son regard le plus rapidement possible ne voulant pas qu'il voit les larmes qui tentent de s'échappés.

- Sasha ? 

- Quoi encore ? 

- Pleurs pas.

- Et si j'ai envie ? 

- Pourquoi tu as envie de pleurer ? 

- Je sais pas.

- Viens là, dit-il en ouvrant ses bras.

Je m'y réfugie oubliant ce qu'il vient de se passé car ses bras sont le seul endroit où je me sens bien en ce moment.

FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant