Feu

[25]

- C'est vrai ça ? Me questionne sa mère.

- Euh... Oui, je chuchote rouge de honte d'être au centre de l'attention et encore plus pour ça.

- Sois en fière. 

Je lui souris légèrement, tentant de ne pas faire un scandale ici. 

- Donc t'as pas répondu à ma question Aïcha.

Non mais il insiste ce con, il aurait pu se rétracté et se faire oublié mais non il s'enfonce encore plus.

- Mais ça te regarde pas. 

- Mais dit putain !

- Ken tu te calmes tout de suite, réclame sèchement son père qui commençait à perdre patience.

- Mais c'est ma sœur elle doit me dire ces trucs-là ! 

- Parce'que tu m'as dis toi la première fois que t'es tombé amoureux, la première fois que t'as baisé ? Tu m'as dis que tu étais à la limite de te foutre en l'air pour une meuf ? Non ! Tu m'as jamais rien confié alors je vois pas pourquoi je le ferais ! 

Elle balance tout ça sans reprendre son souffle et à la fin de son monologue court se réfugié dans sa chambre. Il a voulut se foutre en l'air pour une meuf ? Il est déjà tombé amoureux au point d'en arrivé là ? Thibault allait se lever mais je le retiens par le bras ce qui me vaut un regard noir de la part de Ken.

- Enlève ta main direct Sasha.

- Tu l'as ferme et tu vas parlé à ta sœur.

- D'où tu me dis ce que je dois faire ? 

- Ken va lui parler d'accord elle a juste besoin de toi alors bouge. 

Il me regarde de travers ainsi que Thibault mais ne rechigne pas et se dirige vers les escaliers pour rejoindre sa sœur. Un lourd silence s'installe autour de la table. Bon bah ça a pas été calme. 

- Je vais débarrasser, annonce Marie.

- On va vous aider, je déclare pour Thibault et moi histoire de ne pas le laisser tout seul avec son beau-père.

On enlève tout ce qu'il y a sur la table et je me propose pour faire la vaisselle tandis que Thibault l'essuie et Marie l'a range.  

- Ken a toujours été impulsif, commence Marie pour faire la conversation.

- J'ai eu l'occasion de le voir à plusieurs reprises.

- Mais c'est pas un méchant garçon. Thibault il a fait ça car il veut protéger sa sœur ce n'est pas contre toi. 

- Je comprends, dit-il.

- Je n'en reviens pas comment il t'a écouté quand tu lui a dis d'allé voir Aïcha, déclare t-elle à mon égard.

- Il a pas capitulé tout de suite.

- Il l'a quand même fait rapidement, t'es une fille bien pour lui tu arrives à le calmer. T'es la personne dont il a besoin selon moi.

- Je pense pas être bien pour lui.

- Pourquoi tu dis ça ?

Bon bah quitte à plomber l'ambiance autant le faire jusqu'au bout, au moins ils seront au courant. Entre temps Laurent est arrivé dans la cuisine.

- J'ai perdu mes parents d'un accident de voiture y'a un an et demi et mon petit frère de la même façon il y a trois mois. Mon grand-frère a été dans le coma quelques temps et sans votre fils je ne serais pas là aujourd'hui. Tout ça pour dire que de nous deux c'est moi qui suis la plus instable et c'est moi qui ai le plus besoin de lui. 

Personne ne parle, ne sachant pas quoi répondre. En même temps qu'est ce qu'on pourrait répondre à ça ? 

- Tu veux parler de tes proches ? 

On me l'avait jamais faîtes celle là, mais pourquoi pas. Je me sens en confiance avec eux et j'ai besoin de me confié à des personnes autre que mon entourage.

- Mes parents s'aimaient comme des fous, ils étaient heureux, on les comblait. On avait une vie normale mais il y avait très peu de conflits entre nous. Puis y'a eu ma fugue après une dispute avec eux et mon grand-frère à propos de mon copain. Ils sont venus me chercher et sur le retour je n'ai pas prononcé un mot jusqu'à l'accident. Je revois la scène toutes les nuits, à part quand je suis avec Ken. Il m'apaise vraiment. Pis après Félix a prit le relais, il n'a jamais montré ses faiblesses et moi je prenais le rôle de ma mère, puis je suis partis sur Paris. En réalité j'ai fuis ma ville natale parce'que ça représentait trop pour moi. J'ai rencontré les gars ils ont été essentiels à ma guérison. Puis le jour de mon anniversaire y'a trois mois on m'a appelé pour m'annoncer l'accident. Mon petit frère y a succombé, il était tellement plein de joie de vivre et Félix était dans le coma. J'ai appris qu'en faite ils venaient s'installés sur Paris pour me faire plaisir. Mon monde s'est effondré  mais Ken a été là. J'suis amoureuse de votre fils en fait.

Pendant mon récit j'ai tellement serré et frotté un verre qu'il a finit par se brisé entre mes mains me causant des nombreuses coupures au creux de celles-ci.

- J'suis désolé.

- T'excuse pas c'est qu'un verre, viens on va aller te soigné. 

Je suis Marie jusqu'à la salle de bain, on passe devant la chambre de Aïcha. On les entends discutés, ça a l'air sur la bonne voie. Elle me soigne rapidement, rien de grave. Je refoule mes larmes et m'efforce à sourire.

- Ne fait pas semblant avec moi ma belle.

- Vous pouvez ne rien dire à Ken s'il vous plaît.

- Il va voir tes mains.

- Je vais les cacher, s'il vous plaît.

- D'accord. 

On retourne à la cuisine où Laurent et Thibault n'ont pas bougé d'un poil, je fais exactement la même requête. 

- Pourquoi tu veux rien lui dire ? S'étonne Thibault.

- Il a pas besoin de savoir il va s'affolé et c'est pas le moment avec son album qui fait un carton. 

- Fait moi plaisir et met toi avec mon fils.

Je souris face à cette demande, j'aimerais tellement. Sa famille à l'air de m'accepté même si j'ai eu l'air d'une folle ils ne me jugent pas. Ken et Aïcha redescendent tout souriant alors je reprends la façade la fille heureuse même si j'ai toujours la haine pour la façon dont il m'a parlé et que je compte bien lui faire savoir. 

- On a décidé qu'on se verrait plus souvent entre nous, annonce Ken face à nos regards interrogateurs. 

- Sage décision, sourit leur mère.

- Et Ken t'as oublié un truc, lui rappelle Aïcha.

- Ah ouais, souffle t-il. Pardon pour les questions Thibault.

- T'inquiète je comprends.

- N'empêche que si tu fais souffrir ma sœur y'a quinze gars qu'attendront pour t'éclatés.

Je ris intérieurement en imaginant Mo et ses bras de fragile se battre. Même un garçon de sept ans serait plus fort que lui. On dit au revoir à tout le monde avant de retourner à la voiture. Je fais attention de bien cacher mes mains et de me tenir à l'écart de Ken.