Feu

[57]

«- Bon Sasha, s'énerve ma meilleure amie. Faut faire quelque chose maintenant !

Je la regarde faire les cents pas devant moi et l'écoute sans vraiment comprendre où elle veut en venir.

- Ça fait bientôt un mois que t'es sortit du coma, t'as la mémoire au complet alors pourquoi tu parles pas ? Ta vie est exactement la même qu'avant l'accident ! Alors dit moi ce qui te manque je t'en supplie.

Mes parents, Malia, mon petit frère, Ken. Rien n'est comme avant, tout à changé. Absolument tout.

- Tu vas tout perdre, tu le sais ça ? Les gars veulent plus venir parce'que tu leur répond pas, ils brassent du vent ! Et moi je pète un câble j'te jure, parle bordel !

J'aurais jamais préféré ne jamais sortir du coma, y resté, ça aurait été le bon moment pour moi de tirer ma révérence à cette vie qui ne semble plus être la mienne.

Flashback...

J'ouvre les yeux difficilement, la lumière me rend la vue trouble. J'ai la gorge sèche, la bouche pâteuse, j'ai pris une cuite ou quoi ? Je me tortille et :

- Aïe putain...

La douleur dans mes membres me prouve que non, je suis à l'hôpital avec une jambe, un bras et un poignet dans le plâtre. J'aurais préféré une cuite... des flashs de l'accident me reviennent en mémoire et... où est Léna ? La porte s'ouvre pour laisser entré ma meilleure amie, mon frère et Quentin. Leurs yeux s'écarquillent en voyant les miens ouverts et Quentin cours vers un docteur tandis que Léna et Félix me couvre d'affection. Le manque d'une personne me saute aux yeux et je leur demande :

- Il est où Mattéo ?

Félix devient livide, la bouche de Léna s'ouvre mais aucun son n'en sort et mes sourcils se froncent face à leurs réactions.

- Bah quoi ? Répondez.

- Euh... Sasha, bégaye Félix.

- Mattéo il est euh... décédé il y a cinq mois, termine ma meilleure amie devenue pâle.

Les seuls mots que j'entends après sont ceux du médecin : amnésie partielle, temps et patience. Après ça mon monde s'effondre une nouvelle fois et une larme coule le long de ma joue.

Fin du flashback...

Cette scène passe en boucle dans ma tête, tout les jours, à longueur de journée. Mon cœur est comme dans un étau, un trou se creuse dans ma poitrine et Ken est pas là pour le combler alors que lui seul en est capable.

- Va me falloir un psy parce'que je vais tourné folle à parler toute seule comme une conne. Bon j'y vais, quelqu'un vient te voir tout à l'heure alors essaye de pas le recaler si tu veux pas perdre tout le monde.

Elle claque la porte pour montrer son énervement et mon cœur se serre encore un peu plus. Je m'en veux de lui infliger ça mais c'est plus fort que moi, je ressens pas le besoin de lui parler. Puis pour lui dire quoi de toute façon ? Que je me sens incomplète et plus à ma place dans cette vie. La porte d'entrée s'ouvre et bientôt je sens une présence à mes côtés. C'est lui, je le sais, je le sens sans le regarder. En plus y'a que lui pour rentrer sans frapper en silence, les gars auraient poussés des cris énormes.