Chapitre 5, Rencontres inattendues, Partie 1

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À présent, j'avais faim, soif et j'étais fatiguée. Je ne savais plus du tout quoi faire. Admettre que je puisse me retrouver une première fois dans un lieu inconnu, je ne sais comment, était déjà énorme. Alors l'accepter une seconde fois... Mais qu'est-ce qui allait de travers ici ! Où devais-je aller maintenant ? Mais surtout dans quel but ? Où se trouvaient donc les autres ? Tant de questions floues et sans réponses.

-Bon, ne panique pas Lucie, clamai-je à haute-voix pour m'empêcher de m'affoler.

Je me répétais ce que Julien m'avait appris lorsque l'on était perdu. Certes, c'était une technique pour reprendre ses esprits et gagner une partie de jeux vidéo, mais cela était mieux que rien.

-Respire, observe, déduit, agit et gagne, récitai-je en boucle.

J'examinais mon environnement. Sur la gauche, s'étendait une plaine immense faite de sable et d'arbres morts. Les quelques anciens végétaux étaient tellement fins que je me demandais par quel miracle ils tenaient encore debout. Il allait sans dire que se diriger par-là aurait été du suicide, sans parler des ondulations de l'air qui indiquait le four géant que devait être l'endroit. Sur la droite, s'élevait une immense forêt. Elle semblait être le lieu le plus accueillant depuis le début de ces épreuves. En face de moi continuait de s'étendre la forêt, mais à l'arrière on pouvait apercevoir nettement une grande et imposante montagne. Je me retournais et fit trois pas en arrière. Je compris rapidement que le quatrième choix n'en était pas réellement un puisqu'il y avait un fossé où je n'apercevais que brièvement le fond des dizaines de mètres plus bas.

Un oiseau passa non loin de moi projetant son ombre quelques secondes devant mes yeux, puis je le perdis de vue. Il poussa un énorme croassement dans mon dos, me faisant sursauter et perdre toute concentration. J'eus le réflexe de lever et placer mes poings en garde comme on me l'avait appris à l'entraînement. Les souvenirs des combats me revinrent. Je marquais une nouvelle pause dans mes gestes et relâchait la pression dans mes membres. Les entraînements avaient pour but de courir, de se cacher et de se défendre... Je ne voyais pas comment me cacher ou même survivre dans le désert et la montagne me paraissait bien loin.

Je n'avais pas vraiment de vivres : seulement une bouteille d'eau et quelques gâteaux du réfectoire placés dans mon sac à dos. La meilleure idée pour l'instant était d'aller dans la forêt. Ainsi, au moins, je pourrais y être à l'abri. Enfin je l'espérais. Fière de mon raisonnement, je me remis en route.

À la lisière, la végétation était faible et à moitié morte. Les épines des mûriers en feuilles se prenaient dans mes vêtements en me piquant les jambes. Je tentais de les éviter mais je n'avais pas le choix, il s'agissait du seul chemin qui semblait possible. Au fur et à mesure que j'avançais, la nature reprenait ses droits. Le royaume vert devenait toujours plus luxuriant et dense. Les oiseaux chantaient de petites ritournelles, pendant que j'écrasais les feuilles mortes bruyamment. L'air sentait la forêt, ce mélange de bois, d'herbes et de liberté.

Le temps s'écoula doucement et le ciel sembla soudain s'assombrir. Les rayons de soleil qui me tenait chaud au début avaient disparut. Je n'avais pas besoin de lever les yeux vers la cime des arbres pour comprendre pourquoi, les chênes un peu partout avaient un feuillage tellement compact qu'ils empêchaient toute lumière de traverser. J'étais complètement dans l'ombre, mais je pouvais voir que cela avait impacté les sols bien avant ma venue. L'herbe ne poussait plus là où je me tenais et je dus marcher dans la terre pendant de longues minutes avant de revoir le moindre brins. Puis les espèces d'arbres changèrent et les sols furent de nouveaux parsemés de nuances vertes ainsi que parfois de fleurs violettes là où il y avait miraculeusement des percées de lumière.

Finalement, je me sentais bien ici. L'ambiance des bois avaient quelque chose d'apaisant et de relaxant. Je me mis à penser à Lou et Antoine. J'espérais que ce dernier avait réussi lui aussi. Une racine me fit trébucher et je me rattrapais les mains en avant sur un tronc d'arbre. Dans ce coin, il y avait beaucoup de ronces. Il était dommage que ce ne soit pas la saison des mûres, je n'avais que de maigres espoirs de trouver des fruits. Je commençais à fatiguer, des bâillements à intermittence me rendait larmoyante. Je n'en pouvais plus de marcher.

357 //RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant