Chapitre 2, La porte en bois, Partie 2

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Je me réveillais dans le noir complet. L'unique chose qui me prouvait que je n'étais pas seule était la respiration des uns et des autres, telle une musique irrégulière, mais continue. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait-être. Attendre dans l'obscurité avait quelque chose à la fois de relaxant et de flippant. Le temps aurait pu s'arrêter que je n'en aurais jamais rien su. Je somnolais quand les néons se rallumèrent d'un drôle de bruit, agressant mes yeux au passage. En quelques secondes, la vie reprit dans le bâtiment.

Je me redressais et jetais un coup d'œil à Lou, cette dernière avait la tête dans l'oreiller et ne semblait pas vouloir en sortir. Je décidais d'aller aux douches communes rapidement avant que tout le monde ne s'y précipite. Je mis mes chaussures et pris mon sac. Pour accéder au point d'eau, il fallait traverser toute l'allée des dortoirs et à ma grande surprise, il n'y avait encore presque personne debout. Je n'étais pas particulièrement une lève tôt, mais je suivais relativement à la lettre les ordres de mes supérieurs et fus étonnée de voir que la majorité n'en faisait pas autant.

Une fois devant les vestiaires, je découvris les cabines. Elles étaient minuscules. Cependant, j'avais tellement craint qu'elles ne soient pas individuelles que j'étais soulagée. Ma pseudo joie fut de courte durée car à peine le jet d'eau fut-il ouvert, qu'il aspergea mes vêtements pourtant à l'autre bout de la cabine. Je fermai le robinet instinctivement et vérifiai les dégâts. Ils n'étaient pas trempés, à mon grand bonheur, ils étaient juste complètement inondés et dégoulinant.

Le summum fut atteint lorsque je me rendis compte que la seule température chaude obtenable allait de gelée à un peu moins gelée. Je me douchai en trente secondes chronos. Puis, je m'attelais à essorer mes vêtements comme je le pouvais. Après les avoir enfilés, avec beaucoup de mal, j'essayais discrètement de les faire sécher avec un des sèche-cheveux accrochés au mur. Fort heureusement, il n'y avait toujours pas foule. Une jeune fille non loin de moi faisait de même. Elle me fit un petit sourire compatissant que je lui retournai.

-Ce n'est pas très pratique leur système, entama la demoiselle.

-Je confirme, soupirai-je.

Je n'eus pas le temps de continuer ma phrase qu'elle était déjà partie. Une fois mes vêtements relativement secs, ou du moins légèrement humides, je retournais au dortoir avant d'aller petit-déjeuner.

À proximité de notre chambre, une dispute semblait avoir éclaté. Des noms d'oiseaux volaient dans tous les sens. J'entrai curieuse. Je me retrouvais nez à nez avec Lou, s'enguirlandant avec un jeune homme qui avait deux têtes de plus qu'elle. Elle semblait davantage lui crier dessus que lui ne répliquait, pendant que la moitié du dortoir les observait, amusés. Lorsqu'elle me vit arriver, elle me fixa comme pour attendre une aide de ma part.

-Qu'est-ce qui se passe ? la questionnai-je en détaillant le visage des personnes présentes.

Le garçon concerné se retourna vers moi. Il s'agissait du blond qui avait été devant moi dans la file de la veille.

-Ouais, bon c'est tout, bredouilla-t-il blanc comme un linge avant de sortir expressément de la pièce.

Étant dans l'embouchure de la porte, je dus me coller au mur pour le laisser passer. Après ça, j'allais à l'encontre de Lou. Celle-ci refusa néanmoins de me dire le pourquoi du comment.

-Allons manger, ordonna-t-elle simplement.

Le repas se déroula en silence. Lou ne discuta qu'avec la moitié de la tablée cette fois-ci. Les tests d'aptitudes physiques devait être effectués une heure après. Chaque dortoir passait à tour de rôle, le nôtre fut dans les derniers. Un homme en uniforme crème vint nous chercher. Il avait une carrure en V et était très grand. Ses cheveux d'un brun sombre et ses yeux d'un marron foncé, tranchaient sur sa peau olive.

357 //RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant