Chapitre 46*, Dénouement, Partie 2

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Je me levais rapidement et me tendais les bras ballants le long du corps.

-Monsieur ? commençais-je d'une voix incertaine.

-Assis-toi Julien, on doit parler, ordonna-t-il.

Je l'écoutais immédiatement. Si habituellement, il était plutôt intimidant aujourd'hui, il l'était davantage encore. Il avait des cheveux poivres et sels coupés courts, un costume trois pièces et des lunettes aux verres hexagonaux d'un noir opaque. Avec sa carrure plutôt imposante et sa grande taille, il m'avait toujours fais penser à un chef de mafia. Je l'imaginais tuer tout le monde à la seule arme qu'il aurait sous sa main : un couteau, un pistolet ou une cuillère. Il avait dans la bouche un mégot encore fumant aussi gris que ses cheveux.

J'aurais voulu lui signaler qu'il était interdit de fumer ici, mais j'avais peur de finir avec la fin de sa cigarette au fond de la gorge. Je déglutis mal à l'aise par sa présence et par mon imagination douloureuse. Il rompit le lourd silence de gêne.

-Tu as passé la journée ici, maintenant ça suffit. Tu dis au revoir à cette gosse, dans cinq minutes, je veux que tu me rejoignes dans le couloir. C'est compris ? argua-t-il en claquant la langue.

Je hochais la tête comme un soumis. Mais pourquoi intervenait-il ? Lucie était-elle en danger​ finalement ? Mon sang ne fit qu'un tour à cette pensée.

-Elle va mourir ? demandai-je un peu sèchement.

Au diable les bonnes manières, c'était de ma sœur dont il était question après tout. Toute fois, je m'attendais à le voir se jeter sur moi pour m'enguirlander. Je jetais un coup d'œil vers la table. Il y traînait un repas froid et des couverts en plastiques blancs que l'on m'avait servis quelques heures plutôt. J'imaginais la douleur du plastique dans mon cou. J'eus un frisson. L'homme en face de moi haussa un sourcil avant d'avoir un de ses rictus effrayants sur les lèvres.

-Non, nous attendons que tu partes pour la réveiller, railla-t-il.

J'imaginais qu'il rigolait, enfin, je l'espérais. Néanmoins si c'était le cas, cela voulait dire qu'elle vivrait ce qui n'était pas plus mal en fin de compte.

La porte s'ouvrit subitement suivit de tintement de bracelets, cependant mon patron était devant cette dernière et l'empêchait de s'ouvrir suffisamment. Elle buta dans ses pieds plusieurs fois. Je soupirais, quelle gourde.

-Julien ? Mais qu'est-ce que tu fais ? Laisse-moi entrer, s'énerva l'infirmière.

-Revenez plus tard, dis-je en haussant la voix.

-Non. Tu ouvres ou je vais chercher la sécurité, essaya-t-elle de m'intimider.

J'imaginais déjà l'armoire à glace en face de moi les tuer à coup de plateau repas, cela me fit rire. L'infirmière força une dernière fois avant que mon chef ne décide d'ouvrir la porte en grand.

-Ah bah... commença-t-elle avant de se stopper net.

Elle regarda apeurée l'homme qui lui bloquait le passage, je la vis rougir de honte et elle s'excusa de nous avoir interrompue tout en bégayant. Elle eut néanmoins le culot de lui donner un comprimé que je devais prendre immédiatement après la fin de notre discussion.

Elle insista bien sur le mot immédiatement, en me regardant sévèrement. Je tournais la tête et admirait les cheveux blonds en batailles de ma sœur. Je n'aurais pas dû la secouer si fort finalement, c'était peut-être dangereux pour elle...

Le claquement de la porte me fit sursauter. Je me retrouvais seul dans la pièce avec Lucie toujours allongée comme un poireau sur une planche à découper.

357 //RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant