Chapitre 31, Retrouvailles

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Un matin, alors que je rentrais du lycée, un oiseau avait soudainement heurté une voiture à quelques pas de moi. Je m'étais précipitée vers lui, pour essayer de l'aider mais celui-ci était complètement assommé. Il était revenu à lui, aussi j'avais cru qu'il s'en remettrait et s'envolerait. Hors son bec s'était mis à saigner et il était mort sans que je ne puisse rien y changer. J'avais alors prit une bonne vingtaine de minutes pour l'enterrer et cacher cette pauvre victime aux prédateurs félins qui traînaient dans les rues. Chaque jour quand je passais devant, je lui adressais quelques pensées. J'en avais été tellement triste que j'avais voulu devenir végétarienne, seulement mes parents trouvaient cela aberrant et avait décidé par la suite, après la proposition de mon frère, de me gaver de viande pour que je change d'avis.

-Tu n'y pouvais rien Lucie, c'est un animal il y en a pleins d'autres, c'est la vie, répétaient-ils en boucles.

-Si on pense comme ça, à quoi bon la vie, avais-je déclaré sans conviction.

À cet instant précis des épreuves, j'avais l'impression d'avoir été enfermé dans une boîte à complot. Le monde ne devait plus tourner bien rond. C'était impensable, après tout, je n'étais pas une meurtrière et pourtant je venais d'abroger la vie de Marie. Et tout cela à cause de la énième intervention de mon frère. S'en était trop.

-Julien tu n'es qu'un abruti, hurlais-je dans la forêt.

Le corps de Marie était devant moi, dans une position particulière, à la fois légèrement recroquevillé sur elle même mais les membres lâches. Elle portait la même expression faciale horrifiée. Comment pouvait-elle garder cette douleur sur ses traits sans être en vie ? Elle semblait toujours souffrir même au delà de son enveloppe corporelle. Je réprimais les frissons qui me parcoururent et me relevais pour étirer mon corps qui craqua lourdement. Que devais-je faire d'elle ? Je ne pouvais décemment pas la laisser aux carnivores de la forêt...

Je fis quelques pas en direction de la cachette où elle avait sortie le couteau quelques minutes auparavant. L'arbre était couvert de mousse, il comportait des traces de griffes mais rien qui puisse m'aider. Je passais la main sur les interstices, il n'y avait rien en dessous non plus. J'avais beau chercher, je ne vis rien qui aurait pu lui servir. À croire que l'arme et les plantes s'étaient matérialisées.

Soudain, un drôle de bruit me fit faire un quart de tour vers Marie mais il n'y avait plus rien. Je baissais les yeux vers le sol, l'herbe se redressait petit à petit, se remettant du poids mort qu'il avait perdu. Le corps ainsi que le couteau avait disparu, il n'y avait plus la moindre trace de ce qui venait de se passer.

-C'est un truc de dingue, soufflais-je.

Cela réglait un problème mais qu'allais-je faire maintenant ? Je n'avais aucun plan, aucune idée de la suite. Je tournais en rond, des halos de lumières perçaient à travers les hautes branches.

Je me rappelais soudain que Marie m'avait parlé de l'endroit où se trouvait mes amis, il se trouvait de l'autre côté de là où nous nous trouvions tout à l'heure. Je me replaçais comme dans mon souvenir, puis je fis un demi tour sur moi-même. Ensuite, je me mis en route pour aller trouver le camp en question.

Le vent ne soufflait toujours pas, la forêt était d'un calme déconcertant. Il n'y avait l'air d'avoir aucun animal, à croire que le monde était sur pause. Mes pas me semblaient bruyants comme jamais dans ce silence de plomb.

Les mêmes alentours s'étendaient à l'infini, le soleil avait disparu dans un ciel nuageux et terne. Les arbres ne laissaient nullement penser au chemin que j'avais emprunté lorsque j'étais sortie de la grotte et le temps semblait figer sur la nature.

357 //RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant