Chapitre 16, Balade tranquille

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J'avais mal aux jambes, à la limite d'une crampe. Nous avions marché toute la journée ainsi que la nuit pour trouver un endroit où dormir. La montagne n'avait jamais semblé aussi prêt de nous mais parallèlement aussi tellement loin. Le trajet semblait interminable. La distance qui nous séparait de notre destination ne semblait jamais diminuer, accroissant nos doutes sur le lieu où nous nous rendions. Après les premières heures de marche, Antoine n'avait plus dit grand-chose, ce qui avait installé un silence gêné entre nous deux. Une question pour les pauses, filait de temps à autre, cassant momentanément ces blancs. Je répondais d'un simple coup de tête. Le soleil, nous avait brûlé toute la journée, nous marchions toujours dans une clairière mais cette fois-ci l'herbe était jaunâtre et ocre. J'avais tellement transpiré, même sans ma veste, que mes cheveux gras collaient à mon visage et que la sueur coulait dans mon dos. Antoine était dans le même cas. Nous attendions avec impatience le moindre point d'eau pour nous nettoyer. Parfois, il me jetait un coup d'œil, j'apercevais son ombre au sol se tourner vers moi, je faisais comme si je ne voyais rien. Il ne parlait pas, j'en faisais de même et le temps passait. Néanmoins, nous avions eu un échange sur la journée, c'était peu avant midi.

-Dis-moi Lucie, comment as-tu pu te débarrasser de la femme du lac ? avait-il commencé. Pas que je ne te pense pas assez forte, avait-il ajouté embarrassé. Mais j'ai vraiment eu du mal au corps-à-corps alors... Je ne comprends pas comment tu as fait...

-Hum, avais-je commencé. À vrai dire, tout s'est passé tellement vite, je me suis arrêtée quand je traversais et elle a basculé en me percutant, enfin je crois.

Les images avaient alors recommencé à me trotter dans la tête. Une larme avait coulé le long de ma joue, je n'avais pas osé y toucher, je ne voulais pas qu'Antoine aie pitié de moi. J'étais habituellement si forte, depuis que j'étais ici, je me sentais misérable. Je me répétais que je devais être digne de ma famille et surtout de mon frère. Mais plus j'avais essayé de retenir mes larmes et plus elles coulaient. Je m'étais mordu les joues, réprimant cette sensation de mal-être, en vain. Nous marchions encore et encore, mais maintenant je me sentais mal. Antoine du voir mon malaise car il me posa une question. Je ne l'entendis pas, je tournais la tête vers les plaines vides, mais j'éclatais d'un lourd sanglot. De nouveau, tout se passa rapidement. Il me prit dans ses bras et me fit un long câlin de réconfort. Puis ce fut le trou noir.

Je me réveillai sur un sol froid. Une odeur de pourriture s'infiltra dans mon nez. J'étais de nouveau ankylosée. Je n'arrivais pas à voir où je me trouvais, tout ce qui m'entourait semblait flou. Des centaines de petits cailloux paraissaient s'être installés dans ma peau, traversant les couches de vêtements. J'étais désorientée, je me levais doucement pour éviter le mal de crâne que je percevais de plus en plus proche. J'avais envie de vomir. Ma vision s'adapta enfin. Quand je vis où je me trouvais, je crus faire une crise cardiaque, c'était incompréhensible. Je me mis entièrement debout et observais attentivement autour de moi, anxieuse. Combien de temps avais-je dormi ? Et Antoine, l'avais-je rêvé aussi ? Quant à la voix... Je n'arrivais pas à y croire. Soudain, quelque chose changea en moi, je me trouvais, différente. Pour la première fois depuis que j'étais là je me sentais reposée et déterminée à avancer. Je devais être forte, pour Julien, je devais faire tout ce dont je pouvais.

L'eau était plus claire, plus limpide, mais je n'avais pas la volonté de vérifier si la surface était toujours acide. Je ne voyais toujours pas l'horizon, je ne savais pas où je me trouvais sur le lac. Devais-je aller à droite ou à gauche ? Vers où était le mont ? J'essayais de me rappeler comment j'étais allongé en me réveillant. Je ne m'en rappelais que vaguement. À travers les nuages et la brume matinale, une esquisse de montagne semblait être visible mais je n'étais pas sûre. Après quelques instants d'hésitation, je ramassais mon sac et partis à gauche. En sautant de rocher en rocher, je fis de mon possible pour ne pas toucher l'eau. Je ne savais pas combien de temps j'avais été ici, si la voix avait été réelle... L'escapade avec Antoine ne l'avait pas été apparemment. Je me posais beaucoup de questions, beaucoup trop. Avais-je eu des hallucinations ? Pouvaient-elles être causées par les gaz qui s'échappait de l'eau ? Je faillis rater de nouveau une des pierres de ce satané lac. Je jurais un bon coup vidant le trop-plein d'adrénaline. Puis, je me mis à bondir de rocher en rocher, c'était finalement plus simple avec de l'élan. Je comprenais pourquoi mon assaillante avait été aussi rapide pour me rattraper. Je me mis à énumérer chacun de mes bonds dans l'espoir de me concentrer d'avantage.

Deux cent quinze, deux cent seize, deux cent dix-sept...

Je comptais à voix haute, cela me donnait du courage et la volonté de continuer, j'avais pratiquement terminé la traversé. Le lac était vraiment très, très, très, large. Je ne savais pas à quoi m'attendre au bout. Cependant j'avais l'impression d'apercevoir de l'herbe, ou en tout cas, de la verdure. Cela m'étonna. J'accélérais la cadence. Deux cent cinquante et un, deux cent cinquante deux, deux cent cinquante trois... Au loin, la montagne paraissait plus proche, j'avais donc choisi le bon côté, l'espoir en moi grimpa de façon exponentielle.

Je traversais les deux derniers rochers le sourire aux lèvres. J'avais enfin terminé ! Je fis quelques pas. La verdure que j'avais aperçue était bien de l'herbe. Je m'allongeais dedans. Cela me fit un bien fou au dos. J'étirais mes muscles et m'amusais un peu. C'était tellement idiot et je savais que je n'avais pas de temps à perdre mais cela me fit décompresser un maximum. Je me relevais, ma queue-de-cheval était toute défaite, je la retirais et laissais mes cheveux à l'air libre. Je savais que les racines étaient sales et que je devais les laver mais je ne me serais pas tenté de les plonger dans le lac. Je regardais l'eau, elle semblait si calme et paisible.

Soudain, une évidence me frappa. L'herbe était présente autour de la berge alors que précédemment elle n'y avait pas poussée. Et si, de ce côté du lac, l'eau n'était pas mauvaise ? Je m'approchais à pas de loup, comme si j'avais peur de réveiller les monstres des profondeurs. Je respirais un grand coup au-dessus, l'air frai emplissa mes poumons. Elle n'était pas piquante comme avant. J'effleurais du bout des doigts la surface, elle était fraîche, mais elle ne me brûlait pas. Je plongeais les mains dedans, quel bonheur ! Formant une coupelle avec mes paumes, je bus le plus possible. Je ne m'étais pas rendu compte avant que j'étais aussi assoiffée. Je pouvais voir le fond de l'eau ici, je décidais après mure réflexion de me baigner rapidement, je sentais la transpiration et la fumée. Je jetais un dernier coup d'œil, il n'y avait personne dans les environs. Je me déshabillais gardant juste mes sous-vêtements.

Je rentrais doucement dans l'eau froide, arrivée au ventre je dus faire une pause dans ma descente, la sensation de froid était très agréable sur ma peau nue. Quelque chose frôla mon mollet droit, je fis un bond hurlant comme une idiote. Ça ne devait être qu'une algue ou un poisson, je regardais mes pieds, je ne vis rien. Sur le banc de sable, quelque chose brillait, j'essayais de le saisir sans rentrer de trop dans l'eau mais je dus me mettre complètement dans l'eau. La morsure gelée me coupa la respiration quelques secondes. Ce qui brillait, avait disparu. Je voulus me redresser mais je rencontrais un mur invisible.

La surface s'était transformée en une sorte de coque de verre. Comme si la surface avait gelé. Je frappais de toutes mes forces la surface, paniquant comme jamais. Je n'avais presque plus d'air. Les bulles qui s'échappaient de ma bouche, coulaient vers le sol. Ce n'était absolument pas logique. Je regardais à nouveau le sol, l'objet brillant était de nouveau présent. Je le saisis, il s'agissait d'une pierre. Comme dans les films, je la mis au contact de ce plafond invisible, sauf qu'il n'était plus là. Ma main s'était échappé de l'eau, je me redressais d'un seul coup, respirant à grandes brassées l'air qui m'entourait enfin. J'ouvrais les yeux, près de mes vêtements éparpillés au sol, quelqu'un me regardait avec attention.

 J'ouvrais les yeux, près de mes vêtements éparpillés au sol, quelqu'un me regardait avec attention

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Voilà, le chapitre 16 est enfin disponible !! J'espère que cela vous donnera faim pour la suite !!

Que va-t-il se passer et qui est cette personne, la suite au prochain épisode :3

Bonne lecture ;)

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