Chapitre 33, Le sac de brouillard

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Quand le soleil se leva pour annoncer le nouveau jour, mes yeux refusèrent de s'adapter à la lumière tout comme de rester ouverts. Les oiseaux croassaient une affreuse symphonie et le froid était toujours présent. Je ne sentais plus mes doigts et j'avais mal au dos à cause de mes appuis très inconfortables sur les branches. Une légère brume semblait nous entourer et mes larmes de la veille avaient soudées mes cils entre-eux. Je frottais machinalement ces derniers de mes poings. Mes mains étaient légèrement plus chaude que mon visage, aussi dès que j'eus arrêté mon geste, des flashs de lumières apparurent quelques instants. Ma vision resta trouble les quelques secondes suivantes puis elle se rétablit. Je pus enfin observer l'environnement, chose impossible la veille quand il faisait trop noir.

D'après l'emplacement du soleil sur ma droite, il semblait être six ou sept heures du matin. L'aube s'effaçait de plus en plus rapidement pour laisser s'élever l'astre. Le ciel n'avait étonnement aucune couleur, tout était blanc et lumineux. La montagne s'élevait derrière nous, toujours énorme et imposante. Je passais machinalement les mains dans mes cheveux pour les démêler. Puis je me penchais vers Ethan pour le réveiller, mais celui-ci avait déjà les yeux ouverts. Il les fixa dans les miens à peine eus-je la tête tournée.

-Bonjour, dis-je instinctivement.

-Bonjour, répéta-t-il sans trop de joie. Tu as quelque chose à manger où on part tout de suite ? me questionna-t-il à la suite.

-Non, je n'ai rien... répondis-je étonnée​. C'est repartis pour la marche, déclarai-je déjà excédée par sa mauvaise humeur.

À peine avais-je commencer ma phrase qu'il sautait à terre pour se mettre en route. Qu'avait-il donc ce matin ?

Je pris mon temps pour descendre, le sapin n'était pas très volumineux, mais les branches étaient assez solides pour ne pas se briser. Une fois les pieds au sol, je m'autorisais un petit étirement des vertèbres. Je me penchais en arrière, les faisant craquer une par une. En face de moi, s'élevait un hêtre sur une dizaine de mètres. Je sautais et attrapais la première branche puis les pieds dans le vide, je sautillais pour terminer de faire craquer mon dos en compote.

Ethan s'était assis dans les feuilles au pieds d'un second hêtre. Il me regardait faire, le visage surpris et harassé. Il bailla à s'en décrocher la mâchoire. De grandes tâches sombres s'étendaient sous ses yeux endormis. Depuis combien de temps n'avait-il pas eu une vraie nuit de sommeil ? Je lâchai la branche et il se leva d'un bond. Puis sans m'attendre, il se mit en route vers l'ouest, le soleil toujours dans le dos. Je me précipitai vers lui pour ne pas le perdre et sans un mot, je le suivi.

Le chant des oiseaux disparut peu après notre départ et le vent de leva. Etonnamment, le brouillard s'intensifia au lieu de s'évaporer devenant plus opaque et plus dense. Ethan jura et se retourna vers moi.

-Surtout, reste près de moi, ne cherche pas à courir ou à aller plus vite sinon les seuls repères que nous avons seront inutiles, déclara-t-il.

En voyant que je n'avais aucune réaction, il insista :

-On est d'accord ?

-Pourquoi devrais-je te suivre ? explosai-je. C'était mon idée et je suis la seule de nous deux à avoir une quelque conque idée de l'emplacement de la grotte, continuai-je d'un ton sec. Tu es étrange Ethan et si tu ne me dis pas ce qui se passe, je continuerais seule ! terminai-je.

Il me regarda sans expression. Quelques secondes après ma tirade, il reprit la parole.

-C'est bon, tu as fini ? Rien à ajouter ? demanda-t-il.

-Je... commençai-je, mais il me coupa.

-Si j'avais voulu, j'aurais pu te balancer aux autres et ils t'auraient, même si sincèrement je n'ai rien contre toi, très certainement tué. De plus, j'ai décidé de les abandonner, donc s'ils me retrouvent ils me tuent. Mais le pire c'est que j'ai accepté de te suivre dans un plan douteux et foireux vu que, je te rappelle, tu ne sais pas précisément où c'est, que cette montagne est immense et que tu t'es perdue même si tu savais où elle se situait. Donc, oui j'ai des doutes sur tes capacités à rentrer si tu le faisais seule. Surtout que d'après le peu que tu m'ai dit, tu es drôlement loin de l'entrée demoiselle. Donc si tu as fini ta crise existentielle, on y retourne.

Je restais sans voix. Il n'avait pas répondu à ma question, mais je ne pouvais espérer mieux. Le brouillard s'accentua d'avantage. Ethan se retournait fréquemment. Que craignait-il réellement ? Je regardais dernière moi mécaniquement quand il détournait la tête pour essayer de voir ce qu'il cherchait du regard, néanmoins, je ne voyais rien. Hormis les ombres qui s'étiraient avec la lumière environnante et le vent qui sifflait langoureusement, il n'y avait rien de visible ou d'odible.

Soudain, Ethan trébucha et s'étala au sol. Au début, surprise, je ne pus que le regarder étonner. Puis un fou rire s'installa. Même lui qui au début pestait, se mit à sourire. Il se releva et dès qu'il vit sur quoi il était tombé, il se jetta dessus. C'était un sac à dos bleu, sur celui-ci était gravé un prénom : Ian. Ethan fit une drôle de mou.

-C'est le même prénom que mon frère, déclara-ce dernier et ouvrant la fermeture en plastique.

Cela m'étonna, je ne l'avais jamais entendu parler de lui.

-Quel âge a-t-il ? demandai-je.

-À peu près mon âge, murmura-t-il sans quitter le sac des yeux.

-Et tu as quel âge toi ?

Il leva la tête.

-C'est important ? L'âge ne veux rien dire de toute manière, grommela-t-il.

Il se remit à fouiller dans le sac. Mais il n'y avait plus rien, hormis du fil de fer très fin.

-C'est pour faire des collets, m'annonça-t-il. Heureusement, mon père m'a appris à en faire ! Nous en poserons ce soir avant de dormir pour essayer d'attraper quelque chose.

Je hochais la tête. L'idée de manger un peu de viande ne me rebutait pas, j'appréhendais seulement à ma situation face au pauvre animal que nous pourrions piéger.

-Il reste la poche avant du sac et les latérales, lui rappelais-je dans l'espoir qu'il trouve de quoi manger ou boire.

Il passa la main sur la poche avant, elle était molle. Il l'ouvrit et fit une grimace de dégoût. Il prit un bâton et en sortit un caleçon sale. Il le deposa dans la grande poche pour ne pas y retoucher. Puis il jeta le bout de bois et en attrapa deux autres, ensuite il continua l'exploration, sortant des trognons de pommes et des sachets plastiques. Il les glissa eux aussi dans la grande poche toujours à l'aide des bâtons. Ils utilisaient ces derniers comme des baguettes chinoises et s'en sortait très bien. Quand aux poches latérales, elles étaient vides...

Soudain, je m'aperçus qu'il y avait une poche sur l'arrière. Ethan avait reposé le sac devant lui, je le saisissais et m'assayais au sol. Je faisais zipper la fermeture. Cette fois-ci, la recherche fut concluante. Il s'y trouvait deux bonbons au caramel. J'en pris un et tendais le second à mon voisin qui semblait soudainement intéressé par ce que je faisais.

-Qui a-t-il d'autre ? demanda-t-il doucement.

Je passais la main et sentis quelque chose de fin et froid, comme du papier glacé. Je le sortie, il s'agissait d'une photo. On y voyait deux petits garçons d'une dizaine d'année. ils étaient blonds et posaient avec des BD à la main devant une statut des comics Marvel. Ils souriaient et rayonnaient de bonheur.

Ethan me prit la photo des mains et l'observa. Il sembla ému, mais je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il se redressa.

-Allons-y, annonça-t-il la voix légèrement enrouée.

Il ramassa le sac et le jeta sur son épaule à côté du sien. Puis se remit en route sans demander mon avis. Néanmoins de là où j'étais, je pu le voir ranger la photo, non pas dans le sac où elle se trouvait précédemment, mais dans sa poche de manteau.

 Néanmoins de là où j'étais, je pu le voir ranger la photo, non pas dans le sac où elle se trouvait précédemment, mais dans sa poche de manteau

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Que pensez-vous d'Ethan ?
Lucie a-t-elle bien fait de lui accorder sa confiance ?

Bonne lecture à vous chers lecteurs !! Et encore merci pour votre soutient ❤ !

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