Une légère bruine commença à tomber. Le ciel virait au gris. Thomas lâcha le corps inerte d'Alice sur le rocher sans douceur. Les cheveux de la brunette encadraient son visage. Sa peau était presque translucide sans la chaleur vitale de son sang. Sur le sol, une flaque difforme s'était formée, entourée de mille petites gouttes bordeaux. Thomas se redressa et essuya ses mains sales sur son jean, y laissant de nouvelles traces noires et rouges. Il enjamba le tout pour venir se planter devant moi. Son pantalon était couverts de tâches et de déchirures. Son sweat bleu était dans le même état. Quand il leva la tête vers moi, il grimaça. Il fit deux pas et essuya du bout des doigts mes joues sur lesquelles il devait avoir des traces de sang. Après cela, il recula et ne fit plus aucun geste. Il resta immobile, attendant que je parle. Or, je n'avais rien à lui dire.
Lorsqu'il avait égorgé Alice, je ne m'étais pas suffisamment éloignée d'elle, à présent, je sentais l'odeur et le goût du sang tout autour de moi. J'avais l'impression d'être enfermée dans une cage dont les barreaux n'étaient rien d'autre que l'odeur de fer et de carnage. Je n'arrivais pas à le supporter, une bile amère remonta dans ma bouche. Je me tournais et me penchais pour la recracher en bas de notre refuge. Thomas me regardait toujours sans prononcer le moindre mot. Je passais mes mains machinalement sur mon jean puis sur mes joues comme chaque fois que j'étais gênée. J'ouvris la bouche, mais aucun son ne sortit. Je la refermais rapidement, détournant le regard vers Alice, étais-je triste de sa mort ? Non. Alors, pourquoi me sentais-je mal à ce point ? Je ne pouvais plus supporter de la mort de ces épreuves. Je ne voulais pas voir Thomas, je voulais juste partir. J'étais découragée.
J'aurais voulu abandonner les épreuves si cela avait pu être possible. Je me détestais tellement, ce que j'avais subi pendant les jours passés n'excusait absolument pas les crimes, les assassinats, les meurtres, auxquels j'avais assisté et même aidé pour le dernier. À présent, je ne voyais plus les gens de la même manière. Ils n'étaient que des cibles pour la société, alors que pour moi, ils étaient des héros, des futurs vainqueurs. Je ne m'étais jamais doutée de ce qu'avait dû endurer mon frère. Je me surprenais à prendre la personne, avec qui je venais de tuer, dans mes bras. Celui même que je voulais fuir, que je voulais haïr. Au début, il fut froid et ne me rendit pas mon étreinte. Mais il dût être attendri et fatigué car il relâcha les épaules et entoura ses bras autour de ma taille. J'avais tellement de questions à lui poser. Mais Alex n'était pas de cette avis.
-Laisse tomber ce nul et part de là Lucie, grommela-t-il. C'est un tueur, si tu ne lui sers à rien, tu seras la prochaine.
Je restais encore quelques secondes contre la chaleur du corps de Thomas, ignorant la voix dans ma tête qui me rappelait tout ce pourquoi je détestais cette personne collée contre moi. J'avais le défaut de ne vouloir voir que le bon chez les gens. Je devais admettre que les parts d'ombres de cet homme étaient effrayantes. Mais que serait la lumière sans l'obscurité ?
Je me détachais de ce dernier, lui jetant un dernier coup d'œil furtif. Puis, je le contournais pour descendre de mon rocher à l'aide de l'arbre. Les branches étaient humides et je me fis une grande frayeur quand mes mains se mirent à glisser sur l'écorce. Cependant, ce ne fut pas moi, mais la branche qui lâcha la première. J'atterrissais lourdement sur mes pieds. La douleur du coup de couteau rejaillit à ma hanche. Je me pliais en deux, l'air de mes poumons entièrement échappé.
-Respire ! m'ordonna Alex en hurlant.
J'eus un temps d'arrêt, je me redressais doucement, toute ma colonne vertébrale craqua. J'inspirais timidement, cherchant des yeux un endroit où je pourrais au minimum m'asseoir. À quelques mètres devant moi, le loup gris gisait, inerte. Où était Odin ? La pluie était de plus en plus drue, transformant la terre en bouillie gluante. J'avançais de quelques enjambées, la douleur me fit grimacer et mes pieds s'embourbèrent légèrement. Je levais la tête pour essayer de me repérer. Les herbes hautes m'empêchaient de voir où se trouvait la montagne. Thomas allait descendre à son tour.
-J'aurais dû regarder quand j'étais sur le rocher, me maudis-je.
Une brume épaisse se mit à tomber à tomber. Elle refroidissait la température ambiante déjà fraîche. J'étais fatiguée et l'effort de rester debout, ponctué par la douleur qui lançait dans ma hanche, me donnait une migraine atroce. Je fermais les yeux. Mes jambes semblaient être en coton. J'espérais qu'elles ne céderaient pas si je marchais. À peine pensais-je ces mots, que mon corps pencha dangereusement en arrière. Je ne l'avais pas entendu descendre du rocher, mais je le senti me saisir sous les genoux et la nuque pour me soutenir dans ma chute. Un affreux bourdonnement envahissait mon âme. À travers les épais nuages gris, je pouvais voir deux spots lumineux, à droite le soleil, à gauche la lune. Enfin, j'imaginais. J'essayais d'ouvrir les yeux, mais ma tête se mit à tourner. La dernière chose qui me vint à l'esprit était que le parfum de Thomas, n'était plus le même.
Bonne lecture les amis :)
Et merci à mes chers amours qui me corrige ❤️
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357 //Réécriture
Science FictionLe jour où Julien m'a abandonnée pour passer les épreuves de l'Élite, j'ai eu un déclic : notre fort lien fraternel m'obligeait à faire mon possible pour le suivre dans cette mystérieuse aventure. Je ne connaissais rien de cette caste si particuliè...