Chapitre 26, La grotte

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Un cri perçant d'animal sauvage s'éleva dans la nuit. Je sursautais. Je tendis l'oreille, mais le bruit ne réitéra pas. Il n'y avait plus que le murmure du vent sur les branches, accompagné des impacts des gouttes d'eau qui tombaient au sol. Plus j'essayais de mettre de côté mes questions et plus le sommeil me refusait ses limbes. Qui étaient les espions ? Mes amis en étaient-ils ? Qui était Alex ? Qu'elle était la raison de la présence de Thomas ? Que s'était-il passé avant mon réveil ? J'avais beau fermer les yeux, impossible de me rendormir. La discussion avec Antoine n'avait fait qu'empirer les questions dont je n'avais pas les réponses.

-Alex ? Tu es là ? demandai-je dans l'espoir d'avoir de la compagnie et des réponses, mais personne ne me répondit.

J'étais certaine qu'Alex faisait parti des organisateurs du test ou qu'il travaillait pour eux. Si quelqu'un pouvait m'aider, c'était bien lui. Dehors, la pluie s'était mise à tomber beaucoup plus fort. Les répercutions dans la grotte faisaient des échos fantomatiques, me donnant la chair de poule. Le peu de lumière provenant de la lune, créait des ombres sur les parois. L'ambiance était glaciale.

Soudain, des cailloux crissèrent non loin de moi, mon cœur rata un battement. Je me retournais vivement sur le côté dans la direction de l'entrée de la grotte.

Dans un premier temps, je ne la vis pas, mais après quelques instants, j'aperçus l'origine du bruit.

Quelqu'un était debout et marchait vers moi. D'après la silhouette plutôt fine et les mèches qui partaient dans tous les sens sur les côtés, j'en concluais que c'était Océane. Elle s'assit en tailleur entre l'entrée et là où je me trouvais, toujours dans des mouvements très gracieux et élégants. Même sans distinguer ses traits, j'arrivais à reconnaître sa démarche si particulièrement belle. Je me remis sur le dos et ne bougeai plus d'un pouce. Je ne voulais pas qu'elle vienne me voir, sa lâcheté m'avait profondément blessée. Elle m'avait abandonnée, c'était impardonnable, je ne pouvais pas lui faire confiance. L'amitié loyale était une qualité obligatoire pour moi.

Je me réveillai au milieu des hautes herbes. La lumière du soleil m'aveugla quelques instants m'empêchant d'ouvrir entièrement les yeux. Une fois habituée, je pus enfin observer les alentours. Autour de moi, tout était vert et gris, mélange de nature et de roche. J'étais adossée à un arbre en piteux état, il était sec. Je regardai à ma droite.

Alors que j'allais tourner la tête de l'autre côté,  j'hurlai de terreur. Odin était non loin de moi, couché près d'Alice. Il m'observait de ses yeux jaunes. C'était une belle bête, mais elle faisait tellement peur. Alice semblait dormir, elle était pâle, très pâle, ses lèvres étaient violettes et elle était allongée sur le dos, immobile, les yeux fermés. Sa mort me remua les entrailles, j'en étais responsable, involontairement mais j'avais été complice de meurtre. L'observant en catimini, je me demandai soudainement comment elle était arrivée ici. Les garçons l'avaient-ils descendue avant de partir ? Peut-être, même si cela semblait inutile et improbable. Un pic de rage s'empara à nouveau de moi.

J'avais haï Alice, mais je n'avais jamais pensé que la mort puisse être une bonne solution. Néanmoins, elle était bien moins dangereuse maintenant. Je me levai. J'allais faire demi-tour pour m'éloigner, quand ma curiosité me fit jeter un dernier coup d'œil dans sa direction. Un élément sur sa poitrine accrocha mon regard et retient mon attention.
Elle portait autour de son cou un pendentif qui me semblait bien familier. J'étais cependant trop loin pour le voir correctement. Je me dirigeais donc lentement vers le cadavre. Cela pouvait paraître étonnant, mais je n'osais pas faire de bruit, comme si je craignais de la réveiller. Je m'approchai encore et encore, j'avais l'impression de ne pas avancer tellement mes mouvements étaient faibles.

À deux pas d'elle, Odin émit un son grave, une longue plainte douloureuse, faisait-il son deuil ? Son comportement semblait être dû à la mort d'Alice. Mais quel lien avaient-ils ? Je regardais attentivement l'objet qui avait piqué ma curiosité, une clé pendait sur une chaîne, une pierre foncé était incrustée dans le pendentif. Pas de doute, c'était mon collier.

Même si l'idée de prendre un objet sur une défunte ne m'enchantait pas, je me penchais vers elle pour le récupérer. Après tout, il m'appartenait. Je tendis la main, mais le loup m'empêcha d'aller plus loin. Il me fixa d'un regard haineux et alors que je reculais d'un pas, il me sauta dessus, je ne pus cependant pas crier.

Je me redressais les yeux écarquillés d'horreur, j'avais le dos couvert de sueur et je m'étais mordue les lèvres jusqu'au sang. C'était peut-être cela d'ailleurs, qui avait étouffé mon cri. Mon cœur battait encore à une vitesse hallucinante, ce rêve avait paru tellement réel ! Toute ma colonne était endolorie. Je sentais chaque vertèbre manifester sa présence par une pointe de douleur. Des bourdonnements se firent entendre quelques secondes dans ma tête, je les ignorais. Un mouvement à l'entrée attira mon regard. Quelqu'un y était adossé et paraissait me fixer. Je fulminais. Je devais dire tout ce que je pensais à Océane. J'avais besoin d'explications.

Mes genoux craquèrent sous mon poids, j'avais l'impression d'être quelqu'un d'autre. Mon corps ne répondait plus aussi bien qu'avant, combien de temps avais-je donc dormi ? Je m'approchais de l'entrée en tâtonnant, marchant dans l'ombre de la paroi. Je ne comptais pas la surprendre, il fallait seulement que je puisse prendre appui sur quelque chose.
La pierre était froide et très humide, de petites accroches collantes me firent retirer ma main au bout de quelques pas. C'était répugnant. Alors que j'allais continuer mon chemin, je faillis trébucher sur quelque chose. Un courant d'air froid se fit sentir, je ne devais plus être très loin.

J'attendis quelques secondes encore que mon corps se fasse à l'idée que je me trouvais debout et que mon centre de gravité se replace, puis je me remis en marche. La grotte était assez profonde finalement, cependant les parois sur les côtés n'étaient pas très éloignées. Peut-être trois ou quatre mètres, difficile de fixer une réelle échelle dans l'obscurité. De plus, les ombres semblaient étirer la roche, la rendant encore plus grande et impressionnante.

Alors que j'étais enfin à l'entrée, appuyée contre la paroi, je ne vis pas Océane. Je n'aperçus d'ailleurs personne. Avais-je halluciné ? Je regardais à droite, à gauche, sans succès. Penaude, je décidais de retourner me coucher.

Je fis demi-tour et me heurtai à un roc.

-Aïe ! grognai-je en me massant la tête.

-Tu comptais me faire peur petite sournoise ? fit-une voix sur un ton suave que je connaissais maintenant bien.

Je levai les yeux et restais muette.

Vive les weekends de trois jours 🎉Ps : Et mort au prof de math qui nous font court le samedi matin 😪

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