À quelques centimètres de moi, ce ne fut pas Océane que je vis, mais une toute autre personne. Je fis un pas en arrière. Le vent me donnait la chair de poule. À l'entrée de la grotte la pierre ne me protégeait plus. Le froid m'enveloppa, agressant ma peau et faisant voler mes cheveux. Je voulus me hasarder à lancer une pique, cependant me retiens. Après quelques secondes de silences, je lui répondis d'une voix neutre :
-Non Thomas, je ne voulais pas te faire peur.
Ses yeux brillaient du jour nouveau, ses lèvres étaient étirées en une fine ligne rosée. Ne ressentait-il jamais de gêne à fixer les gens de cette façon ? Je m'interdisais de bégayer comme je l'aurais très certainement fait auparavant. Je regardais cet homme qui me toisait de son bon mètre quatre-vingt. Il me semblait énervé et m'intimidait. Je voulais lui tenir tête et ne pas baisser les yeux la première. Je voyais son torse suivre sa respiration. Il riva ses pupilles dans les miennes et se tut. Les minutes s'écoulèrent et même si j'avais pu vouloir m'échapper, son regard était un étau tellement solide qu'il m'empêchait de me détourner de lui. Au bout d'un moment, le silence fut tellement pesant que je pouvais entendre les battements réguliers de mon cœur. Je dus me résoudre à rompre l'attente la première.
-Bon si tu n'as rien à dire, je vais retourner me coucher... argumentai-je en essayant de m'éclipser tout en le contournant.
Il détourna les yeux et secoua la tête exaspéré. Je fis un mouvement, mais il m'arrêta d'une main.
-Tu ne m'as toujours pas remercié tu sais, commença-t-il d'un ton condescendant.
-Quoi donc ? demandai-je étonné. Te remercier ?
-Je t'ai sauvée, dit-il sèchement en relevant fièrement le menton. Je veux une contre-partie, ordonna-t-il.
Je restais muette. Son ton me hérissa. Je n'arrivais pas à comprendre si ce qu'il disait était de mauvais augure pour moi ou non. À quoi pensait-il ?
-Mais, pour qui tu te prends ! m'écriai-je. J'aurais pu y arriver toute seule ! J'avais réussi à récupérer le couteau ! Et elle...
Thomas me coupa et me fit signe de parler moins fort. Il pointa du doigt nos amis qui dormaient non loin de nous. Il me parla alors sur un ton plus doux :
-Tu as eu une chance incroyable. Une chance de débutante dira-t-on. C'était une machine, un vrai arsenal de combat. Tu n'aurais jamais pu tuer Alice toute seule, ta morale ne te l'aurait pas permise. Je ne peux avoir l'imprudence de dire que je te connais, mais le peu que je crois savoir de toi Lucie, c'est que tu n'as rien à faire ici. Tu n'es pas faite pour ces épreuves. La seule personne qui mérite de gagner, c'est moi.
-Je... Tu es vraiment un égocentrique et un crétin ! dis-je d'une voix crescendo. Comment peux-tu être aussi égoïste ? Tu ne mérites rien du tout ! Tu ne feras pas partis de ceux qui gagneront ce test, tu n'es pas parfait contrairement à ce que tu as l'air de penser !
Il passa une main sur son flanc et sortit un couteau. À sa vue, je me figeai. Il n'oserait pas me tuer ? Si ? Des sueurs froides me vinrent. Je revis Alice dans mon rêve, son sourire, sa voix. Les larmes me montèrent aux yeux. Je jetai un regard implorant vers Océane et Antoine, mais tous deux dormaient à poings fermés.
Thomas approcha lentement l'arme de moi, la tournant, l'observant attentivement comme pour retrouver une parcelle de la vie d'Alice, évaporée grâce à cet objet. Je restais tendue et immobile.
-Rien qu'à la vue de la lame ta respiration s'accélère, souri-t-il. Avoue que tu revois son visage, son cadavre. C'est normal tu sais, c'est quelque chose d'horrible auquel tu as assisté... Tu pourrais avoir envie d'en finir, de ne pas continuer...
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357 //Réécriture
FantascienzaLe jour où Julien m'a abandonnée pour passer les épreuves de l'Élite, j'ai eu un déclic : notre fort lien fraternel m'obligeait à faire mon possible pour le suivre dans cette mystérieuse aventure. Je ne connaissais rien de cette caste si particuliè...