Prologue

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« Mesdemoiselles, mesdames, messieurs. Aujourd'hui, débutent les épreuves tant attendues ! Tous les participants sont invités à se rendre à l'hôtel de ville. Les cinq cents élus seront soumis aux tests pour faire partie, comme vous le savez tous, non pas des meilleurs, mais de l'Élite ! Tout candidat enregistré ne se présentant pas, se verra sanctionné, car n'oubliez pas, votre engagement est volontaire, mais reste irréversible. Bonne chance à tous. »

La voix grave de l'homme s'éteignit, ramenant le calme sur la grande avenue pavée. La radio se coupait toutes les dix minutes pour rejouer en boucle le speech de propagande à travers les haut-parleurs dispatchés un peu partout dans les rues de la ville ainsi que dans les magasins. Tous les ans, la même voix enregistrée s'élevait dans notre ville, faisant un décompte méthodique. Les volontaires étaient chaque année de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes. Pourquoi ? Parce qu'on leur promettait monts et merveilles sans toutefois être bien précis. C'était ainsi depuis toujours et je n'avais jamais réussi à comprendre exactement la motivation des uns et des autres. Il fallait seulement admettre qu'il y avait des avantages, lesquels ? Je n'en avait aucune idée.

Depuis ma tendre enfance, le sujet de l'Élite était omniprésent dans notre quotidien : à l'école, à la télé, dans les livres... En clair, un peu partout. Je ne les avais pourtant jamais vu. L'Élite... D'après l'image que je m'en faisais, ils étaient comme une classe supérieure, les gens les plus intelligents, les plus méritants, sélectionnés par notre gouvernement et élevés au maximum dans la société. En outre, cela était exposé comme la carrière parfaite, le but de tout citoyen. Ce poste convoité de tous, était pourtant très rare, seuls quelques-uns réussissaient chaque année. Combien précisément ? Encore une fois, je n'en avais pas la réponse.

Beaucoup désiraient cette clef qui ouvrait, disait-on, toutes les portes de la vie. Chacun possédait une raison propre, qu'elle soit économique, politique, bonne ou mauvaise. Le plus étonnant restait tout de même le fait que seules les personnes bénéficiaires de cette carrière savaient vraiment ce qu'il en résultait. Et pourtant, nombreux étaient ceux qui s'y laissaient aller à l'aveugle, juste pour la gloire de réussir. Dont Julien, mon grand frère...

Une ovation s'éleva sur la place interrompant le fil de mes pensées. Les cris aiguës des jeunes enfants venus acclamer les participants me vrillaient les tympans. Je baladais mon regard à droite, à gauche. Ma gorge se serra quand je vis les familles en larmes, la fierté resplendissant dans leurs yeux. Mais d'un autre côté, la peur de ne plus revoir leur enfant, tel qu'ils l'avaient connu, devait les terroriser. En tout cas, moi, j'étais terrifiée. Je baissais la tête pour éviter de croiser d'autres visages. Une foule me coupa le chemin et je dus me stopper. Elle était constituée majoritairement de jeunes adultes et de quelques personnes plus âgées qui se dirigeaient vers le centre, là d'où je venais. L'endroit où je venais de laisser partir mon grand frère.

Tous étaient réunis pour les épreuves, sauf ma famille. Julien venait de rentrer dans l'engrenage des tests et mes parents, comme toujours, travaillaient. Je me remis en marche vers notre maison. J'allais me sentir bien seule durant son absence. Un poids s'abattait sur mon cœur à chaque pas loin de Julien. Il m'avait caché son inscription jusqu'au jour où le maire avait frappé à notre porte avec une feuille d'émargement. Un stupide bout de papier bleu clair qui avait obligé mon frère à être présent aujourd'hui.

Des sifflements retentirent. Je me retournai. Sur la place principale, les retardataires rentraient dans l'hôtel de ville. Ce dernier s'élevait comme un monstre de béton, il était gigantesque, uniforme et très laid. Il n'était décoré d'aucune fleur ou plante, hormis un vieil arbre presque mort malgré l'arrivée du printemps. Ce n'était pas étonnant que le lieu ne serve presque jamais, après tout, le bâtiment ne donnait pas envie d'aller s'y promener.

Le long des trottoirs, je regardais ma silhouette s'étendre et passer d'une vitrine à une autre. Mes cheveux blonds m'arrivaient presque aux reins et ma robe pull blanche me donnait une allure simple. J'aimais avoir l'air frêle, cela intensifiait chez les gens le besoin de me protéger. Mon frère avait toujours tout fait pour moi, dont expliqué la signification du mot « non » avec quelques poings à plusieurs jeunes hommes un peu trop entreprenants.

Je m'arrêtai au passage piéton, attendant que le feu passe au vert. À cause de l'événement, les boutiques étaient pour la plupart fermées toute la journée. À l'angle du carrefour, l'une d'elles qui portait d'ailleurs mon nom, intercepta comme toujours mon regard. Les cinq grandes lettres : "L, U, C, I, E", d'un blanc brillant, ressortaient sur la vitrine d'un noir de jais.

La teinte du feu changea et me permit de traverser. Je faisais souvent ce trajet à vélo avec mon frère, peut-être ne le ferais-je plus en sa compagnie. Une énième boule d'angoisse me monta à la gorge à cette pensée. Si je craignais bien une chose, c'était que les tests ne le changent à jamais. J'avais été tellement furieuse quand il m'avait annoncé son départ. J'avais eu ensuite des périodes de dépressions, puis des moments où j'en étais fière. Seulement désormais, j'avais continuellement peur pour lui, ne sachant rien de ce qui l'attendait...

Les larmes embuèrent de nouveau mes yeux, je les chassais du bout des doigts. J'espérais sincèrement qu'il réussirait les tests. Mais, je souhaitais qu'il revienne au plus vite. Chaque année, les centaines de personnes ayant échoué quittaient également la ville et je ne voulais pas qu'il s'en aille. Était-ce par honte ou par obligation qu'ils agissaient ainsi ? J'aurais tellement voulu savoir, car je ne pouvais imaginer Julien m'abandonner volontairement.

Bien que nous n'ayons que deux ans et demi de différence, cet écart avait été une raison suffisante pour que mes parents m'empêchent de participer l'année suivante pour le rejoindre. Pour eux, j'étais trop jeune. Pas assez mature. Et une fille... Cette fois-là, j'avais maudit mon apparence faiblarde. Ils ne voulaient que me protéger. Et pourtant... J'aurais tellement voulu y aller, juste pour rester avec Julien.

Mon cœur s'emballait. Je pris une grande inspiration avant de la bloquer pour me calmer. J'y réfléchissais en boucle, mais je n'avais réellement qu'une seule solution. Je savais ce que je devais faire. Était-ce une idée sur un coup de tête ? Très probablement. Avais-je les capacités requises ? J'allais tout faire pour. Dès que j'allais avoir dix-sept ans, j'étais bien décidée à tenter ma chance.

-Si Julien réussi, je participerai ! murmurai-je comme pour sceller mes paroles sur une promesse.

Et ainsi, un jour, je ferai moi aussi partie de cette Élite !

Et ainsi, un jour, je ferai moi aussi partie de cette Élite !

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Bienvenue dans le monde de Lucie !

J'espère que cette petite intrigue vous aura mis l'eau à la bouche, car la suite va être pleine de rebondissements !

Ne faites confiance en rien, les personnes que vous croyez avoir cernées, pourraient très bien être l'opposé de ce que vous pensiez ! Oh et faites attention, les épreuves pourraient avoir raison de vous...

Voili voilou, merci à tous et Bonne lecture ;)

(Réécrit le 28/12/19)

357 //RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant