À ma chère victime préférée,Comment vas-tu depuis la dernière fois que nous nous sommes vu ? Tu sais, la fois où tu as participé à mon meurtre. Personnellement, je vais très bien. Le soleil brille dehors, les repas sont mangeables et l'Élite m'a juste enfermé dans une prison un peu décrépite pour, soi-disant, me remettre les idées en place. Mais je ne t'en veux pas pour ça, c'est de ma faute, j'aurais dû te tuer plus rapidement ou alors être moins faible. Aurais-tu finis par déteindre sur moi ?
Entre nous, le désir de t'anéantir me plaît toujours autant et heureusement pour toi, la haine que j'avais pour ta personne, s'est démultipliée. Chaque jour, j'écris une manière différente de te torturer, de te détruire, c'est ce qui m'évite de craquer. À présent, j'éprouve la folle et irrésistible envie de la partager avec toi. Je sais, je suis de nature généreuse, mais cela me tient très particulièrement à cœur. Tu me connais après tout...
Est-ce que cela t'arrive-t-il de m'imaginer t'étrangler ? De te poignarder ? Ou peut-être de te donner en pâture à mon traître de loup qu'est Odin ? J'en rêve très souvent et cela me manque de ne pas pouvoir te maltraiter comme tu le mérites, pour avoir le même sang de fourbe que ton cher et tendre frère Julien. Ah, quelle douce musique sont tes cris de peurs et de douleurs. J'ai réussi à me procurer une version audio de tes supplications lors des épreuves. Cette éternelle ritournelle me donne toujours la chair de poule et des larmes aux yeux, c'est tellement beau.
Je te promets de venir te voir dès ma sortie, je trouverais un moyen, je te le jure. Je ne laisserais personne nous séparer plus longtemps, toi ma meilleure ennemie. C'est dans l'ordre des choses et je ne tolérerais pas que l'on m'impose de rester aussi loin que possible de toi. C'est cruel autrement, je trouve. N'es-tu pas de cet avis ? Bien-sûr que tu approuverais, tu ne tiens tellement pas à ta vie que ça en est risible.
Sur ces mots, sache que je pense fort à toi. Le besoin de t'enlacer et de comprimer à mort ta cage thoracique devient pesant.
Hâte d'être au jour où je te tuerais avec amour ma Lucie,
Alice.
Je posais mon crayon sur le sol en béton à côté de ma missive. Je m'étais encore laissée aller dans les sentiments et j'avais horreur de ça. Elle allait finir par me prendre pour une psychopathe si je m'ouvrais trop à elle. Mes derniers instants avec Lucie tournaient en boucle dans ma tête. Ses cheveux blonds en batailles, le sang sur elle, ses cris.
Je soupirais d'aise. Ses hurlements me manquaient. J'attrapais mes écouteurs pour remettre en boucle le fichier audio que j'avais réussi à me dégoter. Cette symphonie était d'un apaisement sans nom. Je vérifiais l'orthographe de ma lettre et me décidais que cela serait la bonne.
-Geôlier ! hurlai-je.
Un grognement raisonna dans le couloir. Je levais les yeux vers la porte bleu ciel de ma chambre. Le lit au coin était tout défait et des centaines de brouillons chiffonnés s'entassaient dessous.
-Je t'ai déjà dis d'arrêter de m'appeler ainsi, pesta une voix avant de faire tourner la clef dans la serrure. Tu veux encore du papier ?
-Eh bien, quand j'aurais une réponse de Lucie à l'une de mes lettres, je serais peut-être plus compatissante envers toi pour te trouver un autre surnom Alex, claironnai-je. Non pas besoin, j'ai terminé.
Le grand roux à la pâleur cadavérique apparut dans l'ouverture et leva les yeux au ciel.
-Vu ce que tu écris, tu penses vraiment qu'un supérieur va t'autoriser à l'envoyer ?
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357 //Réécriture
Science FictionLe jour où Julien m'a abandonnée pour passer les épreuves de l'Élite, j'ai eu un déclic : notre fort lien fraternel m'obligeait à faire mon possible pour le suivre dans cette mystérieuse aventure. Je ne connaissais rien de cette caste si particuliè...