Chapitre 3, La porte de bois, partie 3

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À ma grande surprise, Antoine était de très bonne compagnie. Le genre de personne qui n'aimait pas être en conflit avec les gens, mais qui osait être honnête. C'était le type de personne à qui je faisais le plus facilement confiance. Une fois nos assiettes servies, mon estomac changea littéralement de version et m'incita à me jeter sur la viande et les petits pois.

-Une faim de loup pour un petit poussin qui n'avait pas faim, rigola le blond.

Mes lèvres s'étiraient en un franc sourire.

-C'est mon corps qui a changé d'avis, avançai-je une fois ma bouche vide.

Je vis Lou passer de l'autre bout de la pièce. D'ici je pouvais voir qu'elle avait les cheveux trempés. Cela ne pouvait que dire qu'elle avait réussi à se dégoter les clefs. Je dus un peu trop la suivre des yeux car Antoine remarqua ma fixette.

-Qui est-ce que tu mattes comme ça, blagua-t-il en suivant mon regard.

Il perdit rapidement son sourire quand il vit qu'il s'agissait de Lou. Il fronça ses épais sourcils quand il se rendit également compte qu'elle s'était douchée.

-Elle devrait être virée juste pour ça, gronda-t-il. Heureusement qu'il y a des caméras de surveillance, fit-il en ricanant.

-Quoi ? m'écriai-je un peu fort.

Les gens se tournèrent vers nous avant de reprendre leurs conversations.

-Pas dans les douches, ne t'en fait pas, rigola-t-il. C'est Océane qui m'en a parlé. Elle les a repérés en allant aux vestiaires et quand elle me l'a dit, j'ai vérifié.

Ma mésaventure avec mes vêtements trempés et le sèche-cheveux me mit mal à l'aise. Ils avaient dû bien se marrer à la salle de contrôle en voyant ça... Soudain, je tiquai.

-Attend, qui est Océane ? le questionnai-je.

-Elle n'est pas dans notre vestiaire, mais c'est une amie d'enfance. Je l'ai croisé hier soir, cela faisait des années qu'on ne s'était pas vu... Tu es sûre de ne pas la connaître ? Elle m'a parlé de toi. Enfin c'est cool qu'on tombe la même année, elle a deux ans de plus que moi.

Il donna un coup de tête pour replacer sa mèche ce qui me fit sourire. Jusqu'à présent je n'avais pas trop cherché l'âge qu'il pouvait avoir, il faisait jeune adulte. Avec ses grands yeux bleus azures et sa mèche blonde rebelle, il avait des allures de surfeurs australiens pâle de peau. En scrutant ses traits, je lui donnais la vingtaine.

-Son nom ne me dit rien. Tu as quel âge alors toi ? demandai-je curieuse.

-Vingt et un, annonça-t-il fièrement. Tu dois avoir dix-neuf ans j'imagine ? avança Antoine.

Si je m'étais attendu à ce qu'il me retourne la question, je n'avais pas anticipé qu'il me donnerait largement plus que mon âge. La stupeur me fit avaler de travers, me faisant tousser spontanément. Une fois remise de la surprise, je lui lançai un regard qui se voulait menaçant, cependant je devais avoir encore du travail car cela le fit seulement rire à gorge déployé. À ma tête, qui devait être le stéréotype de la fille vexée, il étouffa ses gloussements pour s'excuser.

-J'ai eu dix-sept ans il y a deux mois, l'informai-je. Et je ne fais pas plus vieille, terminai-je en grommelant.

La dernière remarque fit sourire Antoine.

-Eh bien, tu peux dire ce que tu veux mais physiquement, même si tu n'es pas grande, tu fais adulte, s'esclaffa-t-il.

J'haussai les épaules peu convaincue.

-Je crois que tu passes trop de temps avec les cougars, plaisantai-je. Je ne fais même pas mes dix-sept alors en faire plus, même pas en rêve.

Il fronça de nouveau les sourcils.

357 //RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant