16 - Le chat et la souris

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Je passe mes tropéziennes, espérant que Merlin n'y verra aucun inconvénient. J'ai déjà passé la robe qu'il voulait, je peux bien choisir mes chaussures. 

- T'as pas de talons ? 

- Ah non ! J'ai pas envie d'avoir mal aux pieds toutes la soirée.
Je réponds plus sèchement que je l'aurai voulu, mais tant pis.

- Bon d'accord.. Et pour les cheveux ? 

- A moins que tu sois coiffeur, je préfère me débrouiller. Je vais dans la salle de bain, je reviens. T'as qu'à piocher dans mes livres en attendant. 

Je prends ma petite trousse verte à fleurs violettes, qui m'a été offerte par ma grand-mère lorsque j'avais dix ans et pars dans la pièce à côté, Merlin à ma suite. Il n'a pas compris que je revenais ? 
- Euh.. Tu fais quoi là ?

- Je viens avec toi. 
- Euh... Non. Je crois pas.
Je pose ma main sur son torse pour l'empêcher d'avancer, un brin de malice dans son regard noir m'indique qu'il ne vas pas obéir si facilement.

- Ordre de ta cousine je te rappelle. 

- Oui, enfin, c'est bon là. Elle n'est pas là, donc tu peux rester dans la chambre. 
Je secoue la tête exaspérée, puis m'apprête à fermer la porte sur lui, quand j'entends crier Mayeul de l'autre côté.

Décidément, quelle journée. J'aimerai bien disparaître !
- Tu restes pas tout seul ici toi ! Gronde-t-elle à l'attention de Merlin. Enfin, je suppose, à moins qu'il ait trouvé un moyen de disparaître.. dans ce cas il aurait pu m'amener avec lui.
J'entends la réponse du brun, qui tente poliment de faire changer d'avis à ma cousine. Mais vu l'intonation de Mayeul lorsqu'elle beugle mon prénom, j'ai comme l'impression qu'il a échoué.
- Ellyn !!! Sors tout de suite !
J'ouvre la porte et sors seulement ma tête, un simple coup d'œil me permet de savoir qu'elle ne changera pas d'avis et qu'elle restera plantée là tant qu'il sera là.
- T'es chiante là. Allez viens Merlin !

- S'il prends quelque chose dans cette maison je l'étripe ! nous hurle-t-elle d'une voix stridente. Et toi avec !

- Oui, oui !!

Il s'assoit sur le carrelage rose pâle à paillettes, il fait tâche dans ce décor, mais c'est vraiment marrant de le voir adossé au mur, un livre à moi entre les mains. Je serais pas occupée à me maquiller, j'aurai déjà pris des photos. 
- Elle est vraiment chiante ta cousine.
- Si tu savais à quel point ! Mais ça s'explique.. Elle est fille unique.. je fais une pause pour continuer de mettre mon mascara, la bouche grande ouverte, puis ajoute : une fille à papa et à maman.. Je fais le deuxième œil et tout en finissant de recourber mes cils, je termine ma description: et une fille pourrie gâtée..
- hmmm
- Au fait... désolée pour tout à l'heure au portail, Mayeul abuse, elle a été dure avec toi.. en tous cas sache que j'ai complètement confiance en toi.
- T'es bien la seule..
- Ah bon ? Comment ça ?
- Chez mon oncle, je sens très bien que tout le monde est gêné. Ma tante a caché tous ses bijoux et m'évite tout le temps et Timeo m'a fait comprendre que ma place n'était pas là.
- Quel con... mais Loukas et Bob, ne sont pas comme ça, si ?
Je me demande comment j'ai pu m'amouracher de Timéo, quand je vois ce qu'il est devenu maintenant.
- Non, on s'entend bien. Mais je crois que Loukas aimerait bien que je sois pas la, à cause de toi. Enfin ça s'est une autre histoire.

Je rougis, gênée, de savoir qu'à cause de moi des tensions existent entre les cousins. Je ne sais pas quoi répondre alors je ne dis rien et fais le point sur ma chevelure dorée avec le miroir face à moi.

Mes cheveux sont complètement démêlés mais ternes, je n'ai pas pris le temps après ma douche de mettre de la crème, voilà le résultat. J'attrape mon flacon orange d'huile et en passe un peu sur les pointes, c'est parfait. Je me fais une rapide tresse en épi sur le côté et passe un headband cuivré sur le tout. Je me retourne vers mon colocataire de salle de bain, qui est plongé dans le roman de Pierre Bordage, les derniers hommes. Il est hyper concentré, je reste le contempler pendant quelques minutes, je remarque que ses sourcils se froncent à certains moments, franchement, il est à tomber. J'attrape mon téléphone qui est posé sur le lavabo, puis prends discrètement une photo de Merlin. Mon portable n'étant pas en silencieux, celui-ci lève les yeux vers moi et se redresse. 

- Ehhh ! Le droit à l'image tu connais ? 

Il se lève d'un bond, pour me retirer mon téléphone des mains. 

- Ehhh ! C'est juste une photo.. 
Il lève le portable au dessus de sa tête, ce qui m'empêche de le récupérer. Je rage contre Merlin. 

- Non mais rends le moi !!!! Allez !!! Je continue de sauter sur lui, pour essayer de faire plier son bras, mais sans succès. J'effacerai la photo !!! 
- Je te le rends, mais c'est moi qui la supprime avant. 

- Ok. 
J'arrête de m'agiter et me recule, puis croise les bras sous ma poitrine, déçue et renfrognée. Il regarde mon Sony avec sérieux. 

- Pourquoi ça te dérange tant que ça ? Je comprends pas.. 

- Tu vas en faire quoi ?

- Euh... Je m'empourpre, je voudrais pouvoir m'échapper et éviter de devoir répondre à sa question, mais je suis coincée avec lui, dans ma salle d'eau. 
- Alors ? Tu vas la mettre sur Facebook ? 

Je lève un sourcil, étonnée, il a tout faux le coco, pourquoi j'irai mettre la photo sur Facebook, je l'ai prise pour moi, pas pour les autres. Je voulais juste pouvoir le regarder de temps en temps, aussi, j'étais contente de tirer une photo de lui si concentré, si passionné par son livre, j'avais l'impression de capturer une petite partie de Merlin, que j'ai découverte, il y a peu. La face cachée de Merlin.

- Eh bien non. Je voulais la mettre en fond d'écran, mais bon, je demanderai à Loukas de poser pour moi. C'est bon t'as fini ? Je suis prête.

Mon ton est froid et sec, mais je pensais qu'il avait suffisamment confiance en moi et qu'il me connaissait plus que ça, pour savoir que je ne passais pas ma vie sur les réseaux sociaux, et surtout pas pour partager ce genre de moments que je qualifie d'intimes. 
J'arrive pas à décrypter le regard qu'il me lance, un mélange de jalousie et de culpabilité ? Je ne me risque pas à rester face à lui, j'attrape mon téléphone puis passe devant lui et rejoins ma chambre. Je prépare mon sac à main marron puis prends un gilet camel simple. J'entends les pas de Merlin, franchement, j'ai pas envie de lui parler pour l'instant je décide d'appeler ma cousine, histoire de ne  pas rester tous les deux.
- Mayeul !?!! T'es prête !?
Elle met à peine trois secondes à entrer dans ma chambre, je la soupçonne de s'être cachée pour nous écouter, mais bon, pour le coup, ça m'arrange bien, nous voilà tous les trois. 
- Oui ! J'ai appelé un taxi, on rejoint les autres chez Louk'.  On descend ? 

- Ouep. 

Louk' ? Je ne relève pas, c'est quoi ce surnom à la con ? Et depuis quand elle l'appelle comme ça ? Et lui, depuis quand il papote avec ma cousine ? Bon, je ne vais pas encore m'énerver après quelqu'un, sinon je finirai ma soirée toute seule comme une conne. 


Nous attendons tous les trois le taxi sans un mot. Merlin a l'air dans ses pensées, je lui jette quelques coups d'oeil, je m'en veux d'avoir sur-réagi, c'est nul de ma part, j'ai l'impression de ressembler à ma cousine, et cette pensée m'effraie au plus au point. 

- Au fait.. Il te plaît le livre de Bordage ? Je tente une approche, sur un sujet banal, mais je n'ai pas mieux, enfin, je pourrai m'excuser, lui dire que je me suis mal comportée, lui dire qu'en aucun cas je vais demander à Loukas de poser pour moi, mais ça c'est au dessus de mes forces. Il ne faut pas déconner non plus. Et puis, l'idée d'avoir une photo de Loukas me plaît assez en fait. 
- Ouais, il est pas mal. Tu me le prêteras ? me demande Merlin, un demi-sourire aux lèvres. Apparemment, lui aussi veut enterrer la hache de guerre, tant mieux. Surtout, que je n'ai pas oublié, ce soir "je suis à lui..".   
- Bien sûr. T'aurais du le prendre !
- Je te rappelle que, il se racle la gorge, puis en empruntant une voix stridente me dit :  S'il prends quelque chose dans cette maison je l'étripe !
Mayeul lui lance un regard noir et moi, je ne peux m'empêcher de rire tellement il l'imite à la perfection. 
- Oh ça va, Mayeul, tire pas la tête.. 
- Hmm. Elle croise les bras et penche la tête pour regarder si le taxi arrive. 

Nos regards à Merlin et moi se croisent, nous sourions encore à son imitation. Il se penche vers moi puis me dit à l'oreille :

- Tu lui dis pas, mais j'ai quand même pris quelque chose chez elle... Je le regarde interloquée. Il rajoute d'une voix sexy : Toi. 


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Bon nous y voilà, ENFIN, direction la soirée exotique !!! :)
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bisous 

HeartBroken On The BeachOù les histoires vivent. Découvrez maintenant