Chapitre 42

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J'avais cédé. Ava se questionnait déjà sur ce qu'elle allait porter. Elle jetait des coups d'œil sur tous les sites de vente en ligne, sur chaque page de magazines féminins, sur chaque blog de mode pour trouver la robe qui la mettrait en valeur.


- Ava, je ne veux pas te couper dans ton élan mais... une serveuse ne porte pas de robe à 2000$ ! fis-je quand je la vis mettre de côté une robe Fendi. En plus, on aura sûrement un uniforme ! Le tablier en polyester ça va pas trop avec le satin.


- Mais quand Aaron nous verra, il nous enlèvera ce tablier horrible et nous considérera comme l'un de ses invités.


- C'est... un argument comme un autre mais t'es sûre, sûre de ton coup ? tentai-je alors


- Mais oui !


- Ava... J'ai accepté pour te faire plaisir mais clairement ce gars à l'air d'être imbu de lui-même. Il ne nous remarquera pas !


- Je te jure que si !


- Prends en une si tu veux mais je ne prendrai rien. Je ne vais pas me ruiner pour faire la boniche.


Elle haussa les épaules puis continua ses recherches. Je la vis de temps en temps faire de grands yeux et avoir un sourire jusqu'aux oreilles ou au contraire faire des grimaces en disant long sur la tenue proposée. Elle gribouilla sur une feuille quelques adresses et prix, puis en raya certains, puis les réécrit, puis les reraya. Au bout de quelques heures d'enquête intensives elle parvint à me montrer une liste plutôt restreinte de robes, de chaussures et de bijoux.


- T'es sûre de toi ? Je ferai pas trois-cent boutiques !


- Oui !


- Bon je t'accompagne, elles ne sont pas très loin.


Mon invitée bondit de sa chaise et se mit à danser sur son lit tandis que je rigolais à pleins poumons. Je saisis mon téléphone portable et envoyai un sms à mon père pour le prévenir de notre absence.


- J'ai dit à mon père qu'on était au cinéma. Il ne se rendra pas compte qu'on va rentrer tard.


***


Après avoir récupéré sa tenue hors de prix, elle décida de l'essayer. Ava était si mince qu'elle glissa dans son nouvel achat sans forcer. Je fis de grands yeux en la voyant, Ava d'habitude au visage enfantin paraissait être beaucoup plus vieille que moi ! Sa robe était quelque peu osée à mon avis, je n'aurais jamais porté ça. En réalité c'était une robe noire en dentelle avec un col et les manches longues s'arrêtant mi-cuisse recouvert d'une jupe voile transparente aux motifs noirs tombant au sol.

- Tu es sûre de toi Ava ?


- Oui pourquoi ?


- Elle est... un peu courte quand même.


- Y a une jupe au dessus je te rappelle.


- Une jupe transparente.


- Je m'en moque, je la mets dans mon sac et on y va il est déjà 16h30.


- Je ne veux plus y aller...


- Mais pourquoi ?


- Ça ne me dit rien de bon tout ça...


- Ah non ! Je viens de dépenser beaucoup dans cette tenue alors je compte bien y aller moi ! Allez Sarah ! Ne me lâche pas au dernier moment par pitié !


Elle me refit ses yeux de chien battu en tentant une moue de bébé.


- J'appelle un taxi...


***


Il était 16h50, l'adresse nous menait à un hôtel à l'extérieur magnifique. La porte d'entrée brillait, les arbustes étaient taillés avec perfection. Les vitres étaient intactes, pas une poussière ne s'était posée dessus. On pouvait voir les limousines sur le parking, les traiteurs apporter les aliments frais, prêts à être minutieusement découpés. Ava et moi sortîmes du taxi des paillettes plein les yeux, nous nous approchions des portiers à l'entrée mais Luke qui arriva tout juste nous attrapa et nous fit passer par l'arrière du bâtiment. Que de déception !

Luke nous montra à peine les lieux mais passa un temps fou en cuisine, en nous rappelant inlassablement et péniblement que ce serait l'endroit où nous passerions la soirée, à nous expliquer la différence entre des dés de légumes et des polygones vaguement rectangulaires, la différence gustative entre une pomme Golden et une pomme Granny Smith, la différence entre un café court et long, la différence entre un tablier noué deux fois et un tablier avec un nœud simple, la différence entre une serviette pliée en cygne et une en canard, la différence entre cinq millilitres et quatre... la liste était longue. Il finit par nous lancer l'uniforme de serveuse aux couleurs fades. Il était vraiment horrible, je vis dans le regard d'Ava du dégoût.

- Il est juste immonde ! lâchai-je

- Pire que ça. C'est une catastrophe vestimentaire, une apocalypse ! se plaignit Ava

- Je te hais jusqu'au plus profond de mon être pour nous avoir traîner ici.

- Mais je suis sûre de mon coup !

- Si après 22h j'ai toujours pas enlevé ce truc, je pars c'est clair ? m'exclamai-je

- Roh ! Si tu veux., céda Ava

Il y avait une tonne de choses à faire avant le début de la soirée. Ça me faisait bien rire de voir Ava se donner autant de mal pour cette fête.


***


J'avais commencé par faire des petits canapés mais vu le résultat, j'avais tout de suite abandonné. L'image et la recette semblaient indiquer un plat facile à faire. Mélanger, couper, parsemer... Rien de bien méchant. Mais rapidement je fus dépasser par le vocabulaire culinaire. Pourtant le chef m'avait demandé de faire cette tâche d'une simplicité enfantine pour lui faire gagner du temps. J'avais essayé d'assembler la pâte et le foie gras, ou de le mettre dessus, ou dedans... On aurait dit un mélange entre un chewing-gum mâché et de la nourriture qu'un enfant aurait recraché : un délice quoi. Après un énième essai, je m'énervai en lançant mon petit tas de ratés par terre

- Roh ! J'en ai marre, j'arrête !

Ava se tourna vers moi et souffla, elle n'en pouvait plus elle non plus. C'est alors qu'un jeune homme vint nous voir :

- Vous avez besoin d'aide ? fit-il en ramassant mes détritus


Feelings - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant