Chapitre 12

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Inès avait l'air pensif. Finn lui parlait et elle répondait par un mouvement de tête ou un petit « oui oui ». Je m'inquiétais pour mon amie, elle n'était pas comme d'habitude. Elle était un peu tendue, l'esprit ailleurs, dévisagent Simon discrètement dès qu'elle le croisait. La sonnerie retentit avec le même son strident et désagréable à l'oreille que les jours précédents. J'avais l'impression qu'elle le faisait de plus en plus tôt. J'avais cours d'Histoire pour la première fois et je ne savais pas à côté de qui j'allais me mettre. J'étais donc seule, au fond de la classe, à la place où on retrouve des gravures plutôt « sympathiques » comme « Mrs Finger la pétasse » avec la chaise bancale possédant une galeries d'art de chewing-gum centenaires sous elle et gare à celui qui placerait ses mains sous celle-ci ! Autant vous dire que ces deux heures étaient les plus longues de ma vie, j'avais eu le temps de lire chaque petit message attentionné déposé au creux du bois de la table. Je n'avais pas vu Carter. Il était absent durant le cours. Ensuite, j'ai dû aller en sport pour pratiquer du demi-fond(j'étais prévenue...). J'étais en binôme avec une fille que je ne connaissais pas vraiment mais bon, on fait avec ce qu'on a ! Au bout d'un moment Carter apparut comme si de rien n'était. Il avait des lunettes de soleil et ne parlait pas, il avait l'air fatigué. Je lui fis un geste de la main pour le saluer mais il ne me répondit pas. Autant vous dire que plus vexée que moi ça n'existait pas. À la fin du cours, je me décidai d'aller lui parler.

- Carter ? fis-je sans réponse. Carter ? répétai-je donc. Caaarter ?!

- Mais quoi putain ?! répondit-il.

- Ça va pas ? T'as pas l'air en forme, et t'es arrivé grave en retard !

- Mais si ça va, lâche moi et mêle toi de tes affaires !

- Pardon ?! Pour qui tu te prends pour me parler comme ça, j'crois que t'as raison, je vais te lâcher !

- Oui casse toi vas y !

J'étais humiliée, je me sentais atrocement mal. Il venait de me rejeter comme personne ne l'avait fait. Comme on jette une chaussette sans jumelle. J'avais envie de me mettre en boule dans un coin et pleurer. Leila vint me voir une fois que je fus loin de Carter.

- Sarah ? T'es allée parler à Carter ?

- Oui pourquoi, y a un problème ? répondis je énervée.

- Un petit conseil, n'emmerde jamais Carter avec des questions. Ce mec a une vie assez spéciale. À ta place je m'en mêlerai pas, je peux te faire confiance la dessus ? Il a plus de secrets que la Zone 51. Ce n'est ni une personne de confiance ni un bon ami. Il faut que tu comprennes ça.

- Mais qu'est-ce-que vous avez à tous me mettre en garde ?! Toi t'es bien son amie ? Alors pourquoi tu dis ça ?

- Entre nous c'est différent mais c'est pas ce que tu penses, tu pourrais même pas imaginer. Et même si je suis sa meilleure amie, je peux très bien penser ça.

Elle partit. Si elle voulait sortir avec lui, y avait d'autres façons de me le dire. Je voulais lui hurler « J'ai un copain, la place est libre tu sais ? ». Je ne voulais parler à personne.

Il était déjà l'heure de déjeuner. J'étais assise sur les marches du MET avec Inès à manger nos déjeuners assez minimalistes et à discuter des cours. Je n'avais vraiment pas très faim, à vrai dire, le moment extrêmement gênant du matin m'avait laissée ma faim. Une fois les cours achevés, je devais absolument parler à Carter, j'avais dis que je ne lui parlerais plus mais je m'en sentais obligée. Je le cherchais dans le lycée, à chaque angle, chaque recoin, chaque placard à balais. Une fois l'avoir trouvé dans un coin derrière le gymnase, assis, la tête en arrière appuyée contre un mur je m'avançai vers lui.

- T'as toujours une sale gueule dis moi !

- Je croyais que tu me parlais plus.

- T'es obligé de me parler méchamment ?

- Fou moi la paix tu veux ! C'est pas clair ?! J'veux pas voir ta face de Parisienne !

- Faut se calmer ! Tout le monde me dit que tu n'es pas quelqu'un de confiance, qu'on doit pas t'emmerder avec tes magouilles alors que moi je te vois pas du tout comme ça ! Pour moi t'es un ami, t'es une personne à qui je peux me confier, tu m'as aidé au début, je...

- JE SUIS QUELQU'UN DE MAUVAIS ! Tu ne l'as pas compris ! Maintenant fiche moi la paix je vais bien ! Dégage bordel ! me coupa-t-il.

- Non ! Je ne partirai pas sans que tu me dises ce qu'il y a ! insistai-je.

- Tu veux savoir ?! Tu me fais chier !

- Mais tu peux pas comprendre à quel point j'ai envie de t'aider comme tu m'as aidée !

- Je t'ai appris à lire, c'est pas la mort alors casse toi maintenant vite !

- Mais non ! Tu m'as intégré dès le début, tu ne me connaissais pas et pourtant tu es resté avec moi !Non, je ne partirai pas !

- Avoir un joli petit cul ça aide tu sais ?

- Pourquoi tu portes des lunettes ? Le temps est nuageux ! T'as la gueule de bois c'est ça ?

- C'est juste les lunettes de Louis...

Je lui arrachai ses lunettes. Il avait les yeux explosés et rouges. Les paupières tombantes. Je remarquai aussi son teint pâle et sa façon excessive de tousser.

- Carter, tu te drogues ? demandai-je, ayant compris.


Feelings - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant