Perfect Princess

54 - Lizzy

Lorsque je suis arrivée au lieu de rendez-vous, soit le rayon histoire de la bibliothèque. Liam m'attendait déjà et était plongé dans un livre.

Il ne semblait pas m'avoir remarquée alors j'allais prendre la parole mais il fut plus rapide.

- Vous êtes en retard, princesse.

Même en parlant il ne décolla pas ses yeux de son livre. Et je me rappelais soudain pourquoi il m'agaçait tant.
Je n'allais pas parler. Non, je ne parlerais pas tant qu'il ne me regarderait pas. Et quelque chose me disait qu'il ne me regarderait pas tant que je ne lui parlerais pas.
C'était alors notre duel, le premier qui craquerait.
Et il tourna la page de son livre. Je savais très bien qu'il pouvait être fort dans ce genre de jeu mais moi je pouvais l'être encore plus et je...

- Vous voulez diriger le royaume mais vous n'avez que des réactions de gamine.

Quoi ? Mais je croyais qu'il était de mon côté !

- Vous n'êtes pas mieux que moi ! Je lui rétorquai.

Il leva les yeux vers moi, referma son livre lentement.

- Peut-être, mais je n'ai pas pour ambition d'être roi.

- Vous voulez épouser la princesse héritière... Mais vous n'avez pas pour ambition d'être roi ?

Il fronça les sourcils et posa son livre près de lui. Enfin. Je ne sais même pas pourquoi ça m'agaçait autant mais au moins maintenant j'étais plus calme.

- Bien sûr que non. Je ne veux qu'épouser Thalia. Je ne veux pas du trône. Ça a l'air fatiguant.

- Dommage pour vous, elle n'est vendue qu'en lot, c'est l'un et l'autre, ou rien du tout.

Il haussa les épaules.

- Elle ne deviendra pas reine. Elle n'est pas faite pour ça. Je préfère encore que ce soit vous. Et si, vraiment j'étais obligé... Alors soit, je serais roi.

Je ne comprenais pas. On aurait dit que c'était un fardeau pour lui alors que tout le monde en rêve.

- Elle n'est pas faite pour ça... Mais elle n'est faite pour rien. Dis-je en grimaçant.

Ma soeur était juste une gamine capricieuse. Il lui fallait un métier où il ne fallait, ni réfléchir, ni trop fatiguant, ni trop répétitif... Bref, la vie de princesse lui convenait bien.

- Bien sûr que si. Me répondit-il avec un grand sourire. Elle est faite pour moi.

Ses yeux bleus clairs pétillaient de malice, et je ne pus pas m'empêcher d'éclater de rire.

- Bon, je repris une fois calmée. Tu as... Quelque chose pour moi ?

Il reprit ensuite un ton sérieux et mystérieux. Il mit la main dans sa poche et en sortit les clefs.

- Comment...?

Je n'eus pas le temps de finir, il me coupa.

- Secret.

- Tu n'as pas voulu m'expliquer ce que tu avais prévu... Allez raconte.

Je n'avais pas vraiment besoin de savoir mais j'eus un élan de curiosité.

Alors il releva les yeux vers moi doucement et me fit un sourire en coin. Un sourire... Dangereux.

- Tu veux vraiment savoir ?

Mon estomac se bloqua sur place. En fait, non, je n'avais plus aucune envie de savoir. Mais un élan de dégoût m'envahit à l'idée de ce qu'il avait pu faire avec Thalia pour qu'il ne veuille pas en parler.

Finalement, je ne voulais surtout pas savoir.

- Ça me va si tu ne veux pas en parler... Tant que tu es toujours de mon côté et que je peux te faire confiance.

Il hocha la tête. Et me tendit la clef, j'allais la prendre mais il referma la main dessus. Je l'interrogeai du regard.

- Je te la donne. Et je t'aiderai à faire ce que tu voudras. Mais je veux ta parole...

Plus aucun sourire, aucun ton malicieux. Il fit une petite pose pour sonder mon regard avant de continuer.

- Tu ne fais pas tout ça uniquement pour te venger. Mais aussi pour le peuple. Tu seras une bonne reine, tu prendras ton rôle au sérieux. Tu seras juste. Envers tout le monde.

Je refermai ma main sur la sienne.

- Bien sûr. Je ne suis pas idiote, je sais très bien que les populations pauvres dépendent des riches et si je peux faire quoi que ce soit je le ferais.

Sa main s'ouvrit pour me laisser attraper la clef du coffre.

- Je vous servirais d'allié au palais quand vous serez partis. J'enverrais des lettres à Ethan pour le tenir au courant de la situation ici. Que veux-tu que je fasse de plus ?

- Gagne.

Il fut surpris de ma réponse, mais satisfait.

- Je n'avais pas l'intention de perdre... Bonne chance à toi aussi.

On échangea un dernier sourire et je sortis de la bibliothèque.
Je repensais à Liam... Dans d'autres circonstances, aurions-nous pu être amis ? Ou alors sommes-nous amis ?

Mais non, au contraire, ce sont les circonstances qui nous ont forcé à se parler... Et dans n'importe quelles autres j'aurais continué à le détester comme je le faisais avant...
Mais après tout ce n'était pas ma faute : il était détestable.