Prologue

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  Pff... ! Quel temps pourri, je ne peux rien faire, à part regarder les gouttes d'eau glisser sur les fenêtres. Elles coulent sur les vitres telles des larmes sur un visage. J'ai toujours aimé dire que les nuages pleurent. Qui sait ? C'est peut-être vrai. Quand le soleil brille, c'est comme un sourire qui nous caresse. Comme ma mère quand elle me regarde les yeux remplis de tendresse. À la place de faire le grand poète, je ferais mieux de travailler. Ce ne sont pas mes vers qui vont faire de moi, un grand homme. Si je devais comparer mon père au climat, ce serait la tempête. J'ai les traces de ses foudres qui zèbrent mon âme. J'ai des éclairs comme stigmates. Le ciel risque de devenir bien noir si je m'écarte du droit chemin.

  Comment ne pas être d'une humeur morose quand tu es toujours enfermé dans ce bureau ? Cette pièce est flippante, tu t'attends à voir surgir un fantôme à tout moment. Je prends mon stylo et le fait tournoyer entre mes doigts. La vue des papiers étalés devant moi, me rend malade. Je devrais au moins les lire... Et si, j'appelais Steven pour une partie d'échec ?! Je pense que c'est une bonne initiative. Je jetterais un coup d'œil à mes dossiers après... avoir joué quelques parties, redécoré le bureau en rose bonbon et avoir malencontreusement fait tomber la farde dans la cheminée... ! Adieu, la paperasse. Je dépose mon stylo et rassemble mes feuilles en faisant un tas parfaitement aligné. J'ouvre un des tiroirs et le glisse dedans -bien que je sois tenté de le passer à la déchiqueteuse.

  Être destiné au rôle de roi n'est pas toujours une partie de plaisir. J'ai l'impression d'étouffer, je ne peux rien faire sans être épié. Tout doit être parfait, dans mon allure, dans mes fréquentations, ... Je ne peux rien laisser au hasard. C'est limite si on ne surveillait pas quel sous-vêtement j'enfile...

  J'ai besoin de faire quelque chose de surprenant, de fou ! Je veux changer de ma petite routine. J'ai dix-sept ans et j'ai l'impression d'être déjà vieux ! Je ne dis pas que je n'ai pas eu une enfance heureuse. Elle a été loin d'être rose mais de ce temps-là, je m'amusais. Depuis deux ans, c'est... le grand vide. Depuis que Jordan est... Je soupire en fermant mes paupières. J'ai envie de me frapper le crâne contre le bois brut du bureau. Je sais que ce que je m'apprête à faire est une mauvaise idée... surtout si mon père l'apprend. Que vont penser James et les autres quand je vais leur dévoiler mon idée ? Vont-ils s'imaginer que je deviens fou ? Je le suis peut-être avec tout ce qui s'est passé... ce ne serait pas si étonnant. J'appuie sur un bouton.

_Niles ? Veuillez avoir l'amabilité de faire venir mes gardes du corps et faites préparer une voiture, demandé-je à mon vieux majordome.

  Je déteste qu'un domestique me fasse attendre. C'est leur travail d'être présent dès que j'en ai besoin. Si je dois être entouré de ces pingouins à longueur de journée, ils pourraient au moins bien faire leur boulot.

  "Bien, votre Altesse"

  Je décompte les minutes. C'est notre nouveau petit jeu, combien de temps prennent-ils dès que je fais appelle à eux. Les aiguilles de ma montre tournent, les secondes s'enfilent. Je soulève la tête en entendant du bruit à l'extérieur. J'entends les gardes frapper à ma porte. Je leur dis d'entrer, tout en jetant un coup d'œil à l'heure. Je souris satisfait. Les garçons pénètrent dans la pièce.

_Alors combien ? Me presse Steven.

  Je prends un air mystérieux qui ne fait que les agacer. Je croise les bras sur ma poitrine et appuie mon dos contre le dossier du fauteuil pour mieux les observer.

_Une minute vingt-cinq, annoncé-je sans préambule.

_Et bim ! Nouveau record et ceci sans courir, s'exclame Julien en levant le poing.

  Il fait une petite danse puis tape dans les mains des garçons. Je les regarde faire, un rictus aux lèvres. Ce sont mes plus proches amis ou plutôt, les seuls.

_Quelle est notre nouvelle mission, petit prince ? Demande Julien en venant s'asseoir sur le rebord de mon bureau. Si elle consiste à soulever les jupes des jeunes filles, je suis ton homme, dit-il d'un air lubrique, bien à lui.

  Sans qu'il ait le temps de le voir venir, James lui tape l'arrière du crâne et Steven le traite de crétin en soupirant. Nous avons beau dire, Julien réussit à nous tirer des sourires. Même dans les moments critiques, il reste lui-même. C'est-à-dire blagueur, pervers et horripilant.

_Vous n'avez pas tout à fait tort, dis-je à Julien Maes. Je voudrais emprunter une demoiselle à sa famille pour un temps indéterminé.

  Je les observe un à un, Julien éclate de rire, James me regarde avec incrédulité et Steven comme à son habitude, reste sérieux.

_Tu déconnes ? Dit soudainement James en me regardant droit dans les yeux.

  Peut-être... Mon absence de réponse le laisse pantois. Il passe sa main dans ses cheveux roux. Julien s'arrête soudainement de rire pour prêter attention à la conversation.

_Tu veux kidnapper une fille ? Qu'est-ce qui te prend ?! Le pouvoir te monte à la tête ou quoi ?! Continue-t-il halluciné.

  Si quelqu'un d'autre que lui m'avait parlé ainsi, je l'aurais remis à sa place sans aucune onde d'indulgence. Je n'accepte pas qu'on me manque de respect, ça me met dans une colère noire. Et quand je suis dans cet état, il ne reste plus rien autour de moi. Je me lève de mon fauteuil. James, pas le moins du monde impressionné par ma fureur, ne bouge pas d'un pouce. Il me connait trop bien...

_Ma santé mentale va très bien, grogné-je agressivement. Si je vous ordonne de faire quelque chose, vous n'avez rien à dire. Il fallait y penser avant d'accepter d'être sous mon commandement.

  Il serre les mâchoires et s'avance d'un pas. Je sais que je suis ignoble mais je n'en n'ai rien à faire. On se fait face à face. Nous savons très bien que c'est moi qui vais gagner, il est bien trop gentil. C'est son plus gros défaut. Nos regards s'affrontent dans un silence tendu. Il finit par lâcher prise.

_Je pensais qu'on était ami, me reproche-t-il écœuré que je le piège ainsi.

_Moi aussi, cinglé-je avec humeur.

  Il détourne le regard, des fentes à la place des yeux. Steven hoche la tête, me signalant qu'il vient avec. Je n'ai pas besoin de demander quoi que ce soit à Julien, je sais qu'il en fera partie.

_Enlevez vos fesses de mon bureau Julien, mon arrière-grand-père doit se retourner dans sa tombe, m'exclamé-je sans me retourner.

  Je l'entends pouffer dans mon dos. Sans un bruit, il atterrit sur le sol. Il passe à côté de moi sans manquer de me donner une tape dans le dos. Niles, le majordome entre au même moment dans la pièce.

_Monseigneur, la voiture est prête. Elle n'attend plus que vous, dit-il en inclinant poliment la tête.

  Il prend ma veste sur le porte manteau et me la tend. Je la laisse pendre sur mon bras.

_Sache qu'un noble ne se fait jamais attendre. C'est toujours l'autre qui n'a pas regardé sa montre, mon cher Niles.  

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  J'espère que ce prologue vous a plu :-) C'est ma première histoire :-) Je m'excuse déjà d'avance si mes chapitres ne sont pas réguliers , si ça prend du temps , je suis quelqu'un de perfectionniste ;-) N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez et à venir me parler en privé :-) Et à me corriger si il y a des fautes d'orthographe ;-) Et si vous avez des problèmes avec la photo du dessus, dites le moi ;-)

La Couronne En Détresse, Tome 1 : Sous L'Emprise Du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant