Informations importantes à la fin du chapitre. Merci de le lire !
D'un geste mécanique, je nettoie chaque partie de mon arme. Je me délecte de cette sensation de pur plaisir. Je veux qu'elle brille de mille feux. Je ne veux pas laisser une seule trace de poudre, ni d'empreinte compromettante. Aucune particule de poussière ne me résistera. Je rassemble les morceaux, elle est prête à l'emploi. Malheureusement, je ne vais plus pouvoir l'utiliser... Elle doit périr comme toutes les autres preuves, comme les corps, dans l'oubli. Je glisse le fusil dans un sachet en plastique puis le dépose au fond du trou avec le reste -les restes. J'ai fait du bon boulot.
Je ramasse la pelle et enfuis le tout sous la terre. Je revois le visage de Lisa, m'embrassant, me caressant, me souriant. Je me rappelle sa peur, de son goût, de sa douceur. Une motte de terre pour avoir fouiller dans mes affaires, une autre pour son silence éternel. Je remplis la tranchée en la maudissant. À cause d'elle, je vais encore devoir demander pardon à Dieu. Je me fige en entendant une branche craquée.
Je me tourne lentement, la pelle à la main prête à frapper le premier venu avec. Je tends l'oreille, personne ne surgit. Je suis sûr le point de recommencer quand un sifflement d'oiseau retentit. Je me tourne d'un coup en brandissant la bêche au-dessus de ma tête. Je ne le vois pas mais je sais qu'il est là. Quelque part à me regarder.
_Montre-toi ! crié-je dans le vide.
_Je suis ici, s'élève une voix.
Je l'aperçois du coin de l'œil. Il me regarde les bras croisés, le corps appuyé contre un arbre. Je baisse lentement le bâton. Il n'a pas changé, il est toujours le même. Une certaine émotion m'étreint la poitrine en le voyant. Il m'a manqué, il m'a beaucoup manqué. Je chasse mes sentiments, je ne peux pas m'épancher. Les attachements qu'ils soient fraternels, amoureux ou tout autre émoi doivent m'être banni. Je ne peux pas me le permettre. C'est si facile d'aimer... mais être insensible est encore plus ardu. Je sais que mes résolutions vont tomber à l'eau, surtout face à lui. Le seul qui a toujours compté dans ma vie. Le seul qui connaisse mes secrets, tous aussi inavouables les uns que les autres. Mais maintenant, enterré sous un mètre de terre, il ne risque pas de me trahir, n'est-ce pas ? Dans ces conditions, à qui pourrait-il en parler ? À quelques vers venus lui grignoter la chair et luire ses os ? Je réprime un frisson à l'imaginer dans cette position.
_Tu n'étais pas obligé d'en arriver jusque-là, dit-il d'une voix agacée.
_Je me passerais bien des conseils d'un mort, rétorqué-je sèchement.
Il secoue la tête et s'approche lentement de moi. Je sais qu'il n'aime pas mon comportement, il déteste cette partie sombre de mon âme. Il veut dire quelque chose mais je ne lui en laisse pas le temps.
_Elle allait dévoiler mon secret, notre secret !
Il me lance un regard qui veut tout dire "En es-tu seulement sûr ?". Je serre les dents, ce n'est pas le moment de me disputer avec lui. Je dois finir ce que j'ai commencé, couvrir ce tombeau. Je prends de la terre et la fait tomber dans le trou. Il m'observe avec un grand intérêt, scrutant chacun de mes gestes. Ses yeux suivent chacun de mes traits, comme un ami qui ne vous a plus vu depuis longtemps. Un ami ? Que dis-je ! Il n'est rien de plus qu'un... frère. Je peste mentalement contre ma stupidité ! Je n'arriverai jamais à me détacher de ma profonde affection pour lui... Je souffrirai toute ma vie... Je sais que je l'ai mérité. Si seulement Dieu pouvait être plus clément.
_Tu as de la barbe qui pousse maintenant, remarque-t-il. Eh merde alors, tu as surement plus de tablettes de chocolat que moi !
Je soulève mon t-shirt pour lui montrer mon torse, il l'examine avec une moue boudeuse. Je ris et rabats mon haut. Lui, il n'a pas vieilli. Il a toujours la même tête. Je le dépasse d'un bon dix centimètres. Son visage est encore loin de celui d'un adulte. Il est resté figé dans le temps, comme je l'ai connu. Il aura éternellement quinze ans. Il restera un souvenir, un jeune homme au visage anguleux que tout le monde semble avoir connu.
_Et tu n'es plus puceau, tu as utilisé les préservatifs que je t'avais offerts ? Où ils sont devenus trop petits ?
_Ils n'étaient pas assez grands, lui répondis-je en rougissant mais heureux d'avoir cette conversation avec lui.
Je tamise la terre pour ne laisser aucune trace de mon passage. Personne ne viendra chercher quoique ce soit ici. Il part comme il est venu, en passant sous les sous-bois.
_Où vas-tu ? Lui demandé-je.
_À la cabane, m'annonce-t-il d'une voix lointaine.
Je vérifie de n'avoir rien oublié et lui cours après. Il marche avec nonchalance. Il croque dans une pomme et me la tend. D'où la sort-il ? J'en prends une bouchée puis lui rends. Une fois l'avoir mangé jusqu'au trognon, il la lance au loin. Je m'arrête quand on arrive devant la cabane. Comme si entrer dans ce lieu avec lui, était au-dessus de mes forces. Le début et la fin de tout. Sans se préoccuper de moi, il continue. Je ramasse un tuyau d'arrosoir et nettoie la pelle. Je le range à l'endroit convenu. J'enlève mes gants en plastique et les glisse dans ma poche. Je le cherche mais il n'est plus là. Je prends mon courage à deux mains et ouvre lentement la porte de la cabane. Il m'attend assis dans un des fauteuils. Je le rejoins prudemment en m'arrêtant au milieu de la pièce. J'observe le parquet avant de me concentrer sur lui. Il ne me quitte pas des yeux. Je m'avance d'un pas mal assuré vers lui.
_Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Le questionné-je.
Il me lance un regard incrédule.
_On ? Ce qu'on fait ?! Répond-t-il en insistant sur le pronom.
_Euh... oui. Il a toujours s'agit de nous deux, dis-je d'une voix blanche.
Il lève les yeux en l'air et se lève. Je ne le comprends pas. Pourquoi est-il comme ça ?
_Il a toujours s'agit de toi. Dois-je te rappeler que tu m'as tué ?! Rétorque-t-il brusquement.
La culpabilité m'étreint. Je n'ose pas croiser son regard, mes pieds sont beaucoup plus intéressants.
_Je pensais que tu me pardonnerais, dis-je d'une petite voix.
Son rire éclate dans l'habitacle. Ce n'est pas un rire joyeux, il est effrayant. C'est celui d'un sadique, ou d'un homme détruit, réduit à la démence, à la vengeance, ... Je relève la tête quand ses éclats s'éteignent aussi vite qu'ils sont venus. Il me regarde les yeux écarquillés, ses mains pressent son corps. Des grandes taches rouge sang s'étalent sur sa chemise. Son regard fait des allers-retours entre moi et son torse criblé de balles. Il halète la bouche grande ouverte.
_Comment... comment as-tu pu me faire cela ? Tu... tu m'as... tué. Tu détruis tout... tout le monde.
Il s'effondre sur le sol les mains sur sa poitrine. Je cours à ses côtés.
_Ce n'est pas moi ! Ce n'est pas moi ! hurlé-je.
Il est étendu dans une mare de sang, son regard me fixe. Je continue de lui crier dessus mais il reste immobile. Son visage est crispé d'une douleur qui n'existe plus. Il est mort. Je suis sur mes genoux à regarder son âme quitter son corps. Quelque chose de froid est dans ma main. Je la soulève lourdement, j'ai un pistolet dans les mains. Celui que j'avais enterré. Je le lâche dans un hoquet de surprise. Je l'ai tué. Sur ce même parquet, dans cette même pièce, de la même manière. Une deuxième fois. Non, Jordan... C'était toi, c'était toi Lucky ! Pas moi ! Plus vite que son ombre...
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Coucou, mes chers lecteurs !
Voici, le chapitre qui clou la fin de ce tome 1 ! J'attends avec impatience vos réactions et vos suppositions quant à cette fin et à la suite ! N'hésitez pas à voter, commenter, ...
Ensuite, je voulais vous annoncer que d'ici une semaine plus ou moins, je publierais la FAQ avec des renseignements pour le tome 2. Et surtout, je vous réserve une surprise, j'espère que vous allez l'aimer. Dans tous les cas, continuer à suivre cette histoire pour encore quelques semaines car la FAQ et la surprise ne vont plus tarder à arriver !
Gros Bisous ♥
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La Couronne En Détresse, Tome 1 : Sous L'Emprise Du Prince
Roman pour AdolescentsCroyez-vous au hasard ? au prince charmant ? C'était loin d'être mon cas. Pourtant quand un prince chevauchant une monture à la robe blanche immaculée, vint me sauver d'une bande de malfrats, j'y ai songé. L'épée au poing, il a... Bon, d'accord. Il...