Chap.22 Une boîte cache toujours des secrets

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 Commentaire important à la fin de la lecture !!!

  PDV: Lisa

  Mes pieds s'emmêlent dans la fine couverture de l'hôpital quand je me tourne sur le côté. J'ai froid. Pas à cause de la fraîcheur de la pièce ou encore du peu qui me recouvre. Mon cœur est congelé avec mes émotions. Ils sont retenus quelque part en moi, mais trop loin pour que je puisse les attraper. Mes larmes sont gelées à la pointe de mes paupières, elles sont figées. Je sais que me vider de mon gouffre serait le mieux à faire, mais je n'y arrive pas. J'ai eu tellement peur. Pas spécialement pour moi, mais pour Charlotte. Je suis assez forte pour le subir une deuxième fois, le viol. Mais pas la petite, je ne voulais pas qu'elle voit ça. J'aurais pu rester là, les bras ballants, le laisser faire de moi ce qu'il voulait. En me disant "Ne t'inquiète pas, ce sera bientôt fini, ce ne sera jamais pire qu'avec Grégoire. Respire, ça va passer...". Je n'ai pas pu. Bien que je sois tétanisée par les souvenirs et la peur, je me suis défendue.

  Personne n'a le droit de me briser. J'ai déjà réussi à me reconstruire, je ne veux pas à nouveau recoller les morceaux. Je ne veux pas que ça me poursuive toute ma vie. Je veux avoir un petit copain en qui je peux avoir confiance. Avec qui je peux m'amuser. Je ne veux pas me retrouver paniquée à l'idée de me retrouver seule avec lui. Je veux me battre, ouvrir une nouvelle page, un nouveau tome sans sentir leurs sales pattes sur mon corps. Je veux juste me rappeler de la douceur d'Édouard quand il me berce contre lui. Ses lèvres sur mon front, ses sourires moqueurs, ses gestes attentionnés.

  Si j'avais bu ce verre de jus d'orange comme j'aurais dû. Si je n'avais pas été capable de me défendre. Si Édouard n'était pas arrivé à temps. Si... Qu'est-ce qui se serait passé ? Je le sais mais je ne veux pas y songer. Pris d'un frisson d'horreur, j'ouvre les yeux.

  Charlotte dort paisiblement sur son lit. Ses cheveux roux dénotent dans cette pale blancheur. Vu l'état d'excitation qu'était la petite, ça ne m'étonnerait pas que les infirmières lui aient glissé un somnifère dans son verre d'eau. Édouard marche dos à moi. Il a insisté pour rester avec nous, il ne voulait pas nous laisser seules. Cela fait bien plus d'une heure que j'essaie de dormir sans succès. À chaque fois que j'ouvre les yeux, je le surprends à marcher en rond dans la pièce, le regard fixé sur l'une de nous deux. Je me redresse dans mon lit pour mieux le regarder. Ses sens à l'affût, il tourne brusquement la tête vers moi. Je manque du sursauter. Il s'approche de moi et me caresse délicatement la joue.

_Ça va ? Tu veux quelque chose ? Je peux demander aux gardes postés devant la porte d'aller te chercher à manger. L'hôpital grouille de policiers, personne n'entrera ici sans mon accord, me rassure-t-il.

  Édouard essaie de me cacher sa crise, il ne veut pas que je m'inquiète pour lui. Je vois bien que sa main tremble. Son visage se tire dans de drôles d'expressions.

_Tu devrais te coucher, tu es fatigué. Je ne pense pas que ce soit bon pour toi de veiller sur nous quand tu es sur le point de faire une crise. Tu as pris tes médicaments ? Lui demandé-je.

_Je ne les ai pas avec, dit-il d'un air gêné.

  Je soupire et le tire vers mon lit. Sous mon insistance, il finit par y monter prudemment. Il met le plus possible de distance entre nous. Ce n'est pas un rejet ou un geste de dégoût, il a juste peur de me brusquer. Frustrée, je colle mon dos à son torse. J'ai besoin de son contact. Il finit par se détendre et à me serrer contre lui. Sa respiration se calme. Je m'endors avec le sentiment d'être protégée et choyée.

Le lendemain, couchée dans le lit de ma chambre, je repense à ce moment. Le matin quand nos parents sont venus nous voir dans la chambre d'hôpital, ils ont été très surpris de nous retrouver dans le même lit... Édouard en est sorti en vitesse, en manquant de se casser la figure. Il a prétexté un cauchemar de ma part. Ce n'était pas si faux que ça...

La Couronne En Détresse, Tome 1 : Sous L'Emprise Du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant