"Les époques dégueulasses sont propices aux chefs-d'oeuvre."

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De Georges wolinski ( oui j'aime ces phrases)

Comme toujours un grand merci à Yukitotoya ;)

La guerre ne faisait plus aucuns doutes désormais. Si elle ne venait pas à eux alors ils iraient à elle.

Tous les combattants de la meute du Monténégro s'étaient rassemblés devant la demeure du bipède et du Premier sous l'ordre de leur Alpha. Ils parlaient tous en même temps, seul les trois plus grand dominants ne pipaient mots. N'appréciant guère l'agitation qui règne devant sa demeure, Nautoo avait demandé mentalement à son hôte de se trouver un endroit plus calme. Ce dernier, étant de son avis, ne demandait pas son reste pour se faire la belle. L'alpha et ses deux Betas écoutaient, ils entendaient ce que leur peuple avait à dire avant de prendre eux-mêmes une décision. Bram était assit sur la marches en bois face à ses loups, les regardant.

Maman loup était à ses côté, elle se cramponnait à son bras, comme la misère qui s'abat sur leur monde. Elle savait parfaitement que pour qu'il soit en paix, pour qu'il puisse donner ses ordres en toute quiétude, elle devait s'éloigner de leur maison. Elle et leurs enfants, mais aussi toutes les autres femmes et enfants qui peuplaient ce doux village.

A cette seule pensée, elle se cramponnait un peu plus à son mari, comme pour se gaver de sa chaleur et de son odeur pour ne jamais l'oublier si jamais...

Car ce « si » existe bel et bien.


Les deux Betas entouraient leur chef. Ils étaient posés sur la façade en bois de la demeure du Premier. L'un jouait avec un couteau, tandis que l'autre observait ce qu'il se passait devant lui.

Le plus jeune n'avait pas une once de peur dans son regard. Il regardait droit devant lui, sans se poser plus de questions sur la marche à suivre. Pour le jeune blanc bec, il fallait se battre quitte à ne plus jamais voir la lumière du jour. Il le fallait pour les louveteaux, pour leurs femelles, pour les petites sœurs, pour lui. Pour la futur femme de sa vie.


Le jeune homme abritait en lui Nâl. Autrefois, c'était un Beta très malin mais quelques peu vicieux  et capricieux. Il avait menacé et mené à la défaite son ancien Alpha et ainsi il lui prit sa meute. Il avait mené cette dernière sur de nombreuses terres riches en proies et en points d'eau. Mais des hommes l'ont arrachés à la vie alors qu'il protégeait un de ses petits, il faisait atrocement chaud ce jour là. La seule satisfaction du loup, fut de voir sa progéniture hors de danger et sa femelle égorger à pleine dents l'immonde salopard qui venait de le tuer. Au royaume d'Oranda, il avait vu sa femelle mener leur meute sur une terre bien loin de ces êtres malfaisants. Elle chantait à la lune et le pleurait même après avoir trouvé un autre mâle, qui devint à son tour le nouvel Alpha. Les besoins de la meute sont bien plus importants que les deuils ou les sentiments.

Elsin, quant à lui, était tout le contraire de son loup. Quand il appartenait encore au monde des humains, il n'était qu'une petite frappe qui dépouillait les gens à coup de tour de passe-passe. Il était déjà hors de la société, il y à si longtemps, à l'époque ou les hommes savaient encore travailler avec leurs mains, il avait été vendu. Vendu par ses propres géniteurs pour un sac de pièces d'or et deux porcs. Il avait prit la fuite à la première occasion et vivait comme il le voulait et surtout  comme il le pouvait.

A cette époque, ce fut Nâl qui le choisit. Ce loup au pelage presque noir avait vu en Elsin quelque chose qui, selon lui, lui correspondait parfaitement.

C'était il y à cent soixante dix huit ans.


Dévor n'avait pas levé les yeux de son couteau, sentir tant d'agitation autour de lui renforçait sa rage. Il s'en voulait énormément. Il était simplement partit faire quelques courses et quand il passait à la caisse il avait sentit un sentiment de mal aise si violent qu'il cru qu'il allait muter sur place. Il du faire preuve d'un contrôle extraordinaire  pour ne pas dévorer toutes âmes qui se dressaient entre lui et sa meute.

Lors de sa vie d'humain, cet homme presque mutique à la carrure d'ours, passait sa vie dans son camion à livrer toutes sortes de marchandises dans toutes sortes d'endroits. Jamais il n'avait ressentit le besoin de s'établir quelque part. Jamais il ne s'était sentit chez lui en passant le pas d'une porte. Cet homme ne croyait pas aux relations humaines, il ne croyait pas en l'amour ni en l'amitié, il ne détestait personnes non plus. Il vivait pour vivre simplement. 

Torak, son loup, était comme lui du temps de son vivant. Un solitaire. Il avait abandonné sa meute après une partie de chasse, sans raisons apparentes. Il en avait simplement marre. Il était assez fort pour ne dépendre de personne et pour se défendre seul donc il partit sans faire de bruit, ni même un coup de museau envers son compagnon de chasse.

Tous deux, avaient vécu tellement de temps seul qu'ils ne comprenaient plus le monde qui les entourait. Ni les codes sociaux, ni les rituels ne leurs manquaient. Ils étaient des marginaux et s'en contentaient très bien. Ce fut quand Dévor fut une fois de plus remercié pour son travail que son loup s'intéressa à lui. Torak prit alors possession de son hôte pendant que ce dernier buvait une bière au bord d'un ranch.

Que ce soit la bête ou l'homme, ils avaient pour principe de ne pas s'attacher jusqu'a qu'un jour ils se sentent enfin chez eux quelque part. Depuis ils ne se sont jamais quitté. Le loup n'avait jamais connu un autre humain avant lui et cet homme frôlait l'âge plus que respectable de deux cents vingt et un an. Un record en soit. Au final, il n'y avait pas grand chose à dire sur ces deux là. Ils vivaient et prenaient ce qu'il fallait pour survivre jusqu'a qu'ils se trouvent et trouvent une demeure à la hauteur de leurs attentes. Au Monténégro d'abord, puis dans la meute de Bram. Jusqu'à que leurs démons intérieurs se soient calmés. 

C'était il y à deux cent vingt et un an.


Quant à Bram et son loup Akela ... Disons qu'ils avaient commencés à vivre lors de leur rencontre. Avant c'était comme si ils n'étaient pas conscient de leur propre existence. Pourtant Bram, il y à plus de six cent ans maintenant, était un chasseur. Il avait aussi une petite famille qui malheureusement s'était fait décimer par un couguar. Depuis ce jour, cet homme au crâne presque chauve, et jusqu'à qu'il ne se fasse possédé par Akela, vivait seul et refusait de s'investir dans quoi que ce soit. Il n'était pas spécialement insatisfait de son mode de vie, même si parfois il se sentait seul.

Akéla, venait tout juste d'atterrir sur la lune quand l'aura de cet homme l'aveugla presque. Il avait vue en cet humain un potentiel impressionnant.  Ce loup, profondément dominant, venait de se faire tuer par un des soupirants. Un jeune loup, un mauvais chasseur mais bien plus juste que lui. Akéla était un chef arrogant et cela lui avait couté la vie. Et suite à cette révélation, pour la toute première fois, ce loup avait eut envie de comprendre, d'apprendre et d'enseigner quelque chose.

C'était il y à six cent ans ...


De leur coté, le viking et Nautoo étaient partit se réfugier dans la forêt, au même endroit ou le Premier avait perdu la vie.

Au village, il y avait trop de bruit, trop de spéculation pour une décision irrévocable et tellement logique...ça leur en donnait mal au crâne.

Le blond trouva une place sur un rocher ses yeux dorées étaient perdu dans le vague, aucuns des deux ne fixaient la vallée qui s'étendait devant eux.

- On est bien d'accord sur le fait que la survie de la meute compte bien plus que la notre. Interroge Eirik.
- On est bien d'accord le bipède. Gronde le loup.

Deux yeux dorés s'élevèrent vers les cieux. Que ce soit l'humain ou l'animal, ils adressèrent une même demande ou prière silencieuse à leur mère respective.


Sur la lune, Oranda était droite et raide comme la justice, ses poings ne formaient plus qu'une boule aux lignes rouges. Ses arabesques à l'odeur de vie lui brulaient la peau, cette chaleur libérait sa force. Hana, la mère du viking, suppliait son fils de faire le bon choix. Elle le faisait à voix basse mais n'avait aucuns doutes sur le faite qu'il entende sa supplique.

- Vire tes peaux, je veux sortir.

Eirik, se levait en douceur il se déshabillait en même temps ses mains se changeaient. Quand Nautoo se trouvait sur ses pattes, il s'ébroua et retournait au village d'un pas lourd.


- Quand ça va se passer ? Eirik avait finit par reprendre ses droits dans son antre, elle n'était plus sombre et humide mais lumineuse et confortable. Il s'y sentait bien, chez lui.
- Bientôt, les loups attaquant toujours à chaud. Lui répond le Premier.


Juste devant le village Mère Nature montait la garde. Des volutes noires dansaient et s'incrustaient dans le sol, elles formaient aussi des flèches qui allaient se planter partout sur leur territoire.

Tous s'écartèrent quand le Premier fils de la Déesse s'avançait vers sa demeure.

- On est ici chez nous le poilu. Commence Eirik quand le Loup s'avance au travers de la foule. Jure moi de rester ici jusqu'à la fin.
- Ca ne s'ra pas trop dur pour moi. Lui répond le poilu sans montrer ses crocs.
- Alors promets-le ! S'énerve le viking.

Nautoo, comprenait parfaitement le sous entendu de sa demande, même si il retourne sur la lune il devra revenir ici sans le bipède.

Le Premier se surprit à serrer les crocs, il avait aussi une boule qui lui enflammait les tripes. Pour la première fois de sa trop longue vie, ce loup mauvais et violent avait peur de perdre la vie. Par ce que cette vie rime avec Eirik et qui dit autre vie dit autre humain, humain qu'il n'aimerait surement pas.

Et vivre sans son bipède lui était tout simplement impensable. Mais cela il ne lui dit pas.
Tous deux ressentirent leurs sentiments, sous une épaisse couche de détermination il y avait un peu de peur et beaucoup d'amitié.

C'est bien grâce ou à cause de ce dernier sentiment que le loup finit par répondre.

- Je te le promets. Finit par dire le Premier en s'allongeant à côte de Bram, son cœur venait de se briser.

L'Alpha de cette meute eut le culot de glisser sa main dans le pelage de ce loup sans maitre.

- Tu en dis quoi Elsin ? Lui demande le chef.

Le second Beta posait son regard sur son meneur un sourire carnassier ornait son visage.

- C'est notre maison. On est ici chez nous et on y reste. Le jeune blanc bec s'était approché de Maman loup et lui avait posé une main sur son épaule. Elle lui sourit tendrement en retour.
- Et toi Dévor ? Demande maintenant Bram à son premier Beta.
Ce dernier avait cessé de jouer avec sa lame, il avait prit le manche fermement dans une de ses mains, et d'un geste précis il l'avait envoyé dans une poutre. La lame y était plantée jusqu'à la garde.

- Le noir nous ira mieux qu'a leur maudite veuve.

Il avait dit ça avec un sourire sauvage, un sourire de tueur. Il levait dit en récupérant sa lame fichée dans le bois tout en jetant un coup d'œil au premier. Ce dernier lui répondait avec un sourire pointu.

- Bien. Commence le chef de meute en levant, sa femme le regardait il y eut quelque chose qui venait passer dans leurs regards.

Ils venaient de se mettre d'accord sur la suite des opérations à suivre.

- Loups, dites adieu aux vôtres, demain nous mèneront notre plus grande guerre.

Pendant qu'ils hurlaient des cris de guerres, le soleil se couchait. Pendant qu'ils laissaient exploser leur côté animal les deux mères se tenaient par la main. La Déesse venait de prendre elle aussi une décision irrévocable.

Bram donnait ses derniers ordres, les deux Betas partaient chacun de leurs cotés, Nautoo et son bipède rentraient chez eux. Ce soir tous, chacun à leurs façons, se disaient adieu.

Une seule certitude tiendra éveillé les combattants, demain cette terre sera gorgée de sang.




OrandaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant