Chapitre 30

53 4 3
                                    

Ritchie

Cela fait maintenant deux mois qu'Alie et moi sommes séparés. Ce soir je participe aux NRJ Music Awards, j'ai appris à vivre avec ma douleur et le manque, je suis heureux de ne pas avoir eu trop de concerts à assurer ces derniers temps. Le peu de dates que je dois assurer me fait du bien, la scène, le public... cela me remonte le moral. Mais je sais que je serai incapable d'assurer la cadence du début d'année. Je dors peu, je bois pas mal pour oublier, même s'il est vrai que j'ai sacrément diminué depuis quelques semaines, j'avance doucement. Je ne pensais pas avoir autant le coeur brisé. Mon équipe est formidable, elle me laisse tout l'espace nécessaire pour que ma douleur s'exprime. Tout a été aménagé par rapport à mon état: les interviews sont plus étalées, un membre de mon staff m'accompagne sur chacun de mes rendez vous afin de briefer journalistes, photographes etc... On ne me pose plus de question sur ma vie privée, on ne me fait plus faire des choses que je n'ai pas envie de faire, on respecte ma souffrance. Cela me permet d'être plus présent, plus performant lorsque l'on a besoin de moi. Le seul endroit qui ne me demande pas d'effort, c'est la scène. Le public me permet d'oublier, il me rend plus fort le temps du show, mais une fois de retour dans ma loge, le gouffre immense qui a pris place dans mon ventre ressurgit. Elle me manque à chaque instant, j'ai tellement de mal à respirer sans elle.

Mes parents se doutent de quelque chose, mais nous sommes très pudiques et respectueux, alors ils ne me demandent rien, mais mes nombreux retours parmi eux ne trompent personne. Ils sont très heureux de me voir en tout cas, et moi ça me fait un bien fou d'être loin de Paris et d'être avec ceux que j'aime.

Il est dix heures du matin quand je sors de chez moi pour aller me chercher un café, je prends l'avion dans quatre heures pour aller à Cannes. Sur mon trajet pour aller au Starbucks, je remarque un attroupement sur la petite place à côté de la bouche de métro. Je m'apprête à détourner le regard quand je la vois, à l'écart de la foule, adossée contre un mur. Elle couvre la foule d'un regard maternel, comme si elle connaissait la raison de cet attroupement. Je suis totalement incapable de bouger. Deux mois que je n'ai pas vu ce regard, cette bouche, ces cheveux, ce corps... J'ai envie de traverser la place, d'aller la prendre dans mes bras, sentir son odeur, l'embrasser... Mais je reste là planté à l'admirer.

Elle finit par remarquer ma présence. Gêné je m'apprête à partir, mais elle s'avance vers moi. Son regard est doux mais brisé, ce n'est plus le même que celui qu'elle portait sur la foule.

- Salut, me dit elle timidement.

- Salut...

Incapables de nous dire autre chose nous passons quelques minutes à nous regarder les yeux dans les yeux. Dieu qu'elle est belle!

- Comment est ce que tu vas?, finit elle par me demander.

- Ca va, ca va, je te remercie, mentis-je avec aplomb. Et toi?

- Super aussi.

- Et Matthias?

- Très bien, merci.

- Cool.

La gêne entre nous est plus que palpable. Je me sens ridicule.

- Je dois te laisser, je dois y aller, mentis-je une fois de plus. Je suis content de savoir que tu vas bien.

- Oui moi aussi je suis contente pour toi. Salut, conclut elle toujours aussi mal à l'aise.

Sur ce je rebrousse chemin, pas de café aujourd'hui. Je rentre immédiatement chez moi et prépare ma valise sans trop savoir ce que je mets dedans tant mon esprit est ailleurs. Je finis par réaliser que je n'ai rien mis de ce qu'il me faut et me lance dans un grand rangement quand mon téléphone m'informe que j'ai reçu un message:

« Je mentirais si je disais que cela ne m'a rien fait de te voir aujourd'hui. Je te souhaite bon courage pour ce soir, j'espère que tu gagneras. Je t'embrasse. Alie. »

SonrisaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant