Chapitre 31

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Alie

Le lendemain de notre rendez vous, Julien et moi sommes allés au marché aux fleurs, nous avons acheté de nombreux bouquets. Il m'avait demandé de prendre une pièce de deux euros, je ne savais toujours pas pourquoi jusqu'à ce que notre taxi nous dépose devant une église. En entrant j'ai immédiatement été conquise. Une messe gospel! Juste incroyable! Jamais je n'avais assisté à ça. C'était magique! Après avoir déposé ma pièce dans le panier d'offrandes nous sommes partis déjeuner des bagels végétariens et depuis ce jour là nous nous voyons presque tous les jours. Il ne se passe rien entre nous mais nous nous sommes habitués à la présence de l'un et de l'autre. C'est agréable.

J'ai perdu pas mal de poids depuis ma séparation, je ne suis plus très épaisse, Matthias me dit toujours qu'il a peur qu'au premier coup de vent je m'envole. Au fond de moi je suis toujours aussi triste et je me sens toujours aussi incomplète sans Ritchie.

La première fois que Matthias a rencontré Julien c'était très drôle. Je me souviens qu'il a tiré sur ma veste sans quitter Julien du regard pour me glisser à l'oreille:

« Maman, c'est le monsieur qui est sur tous les cd dans la voiture ».

Dans son esprit d'enfant Ritchie est une personne réelle qui fait un métier qui implique que les gens l'admirent mais pour lui Julien ne peut pas être réel parce qu'il l'écoute depuis longtemps sans le connaitre. C'est assez drôle. Le lien entre eux à eu un peu de mal à se faire, au delà du fait que Matthias était impressionné, il avait surtout la sensation que Julien prenait la place de Ritchie. Mais après quelques manèges, quelques glaces, deux trois séances de cinéma et quelques lectures d'histoires un lien d'amitié est né entre eux.

Malgré ma souffrance le quotidien est assez agréable, je passe ma journée au boulot, je récupère Matthias et le soir souvent nous retrouvons Julien et son équipe dans un café qui est devenu notre QG pour boire un verre et chanter quelques chansons. L'ambiance est feutrée et chaleureuse. Il faut dire que c'est assez facile, j'écoute les chansons de Julien depuis très longtemps du coup je les connais plus que par coeur. Les week end lorsqu'on les partage avec lui on se fait des marathons dessins animés, séries ou films, des parcours sportifs, des week ends à thème. On s'amuse beaucoup.

Régulièrement je m'inquiète pour lui, je lui demande s'il n'a pas l'impression de perdre son temps avec moi. Il me répond qu'il n'a jamais été aussi heureux. Je sais qu'ensemble nous serions vraiment bien mais je ne me sens pas encore prête. Je ne sais d'ailleurs pas si je le serai un jour, Ritchie hante toujours mes pensées. Lorsque je le vois à la télévision mon coeur se sert. J'évite tous les endroits où je pourrais le croiser, tous les endroits que nous fréquentions.

Aujourd'hui cela fait donc pratiquement deux mois que je vis au rythme des mises en scène de Julien, et aujourd'hui encore il a prévu quelque chose. Il m'a laissé une chanson sur mon répondeur ce matin avec des indices pour le retrouver. Cela m'a conduit au Marais devant un salon de thé qui fait des tartes au citron meringué incroyables! Là, pas d'indice, rien, jusqu'à ce que la serveuse sorte et me donne un papier. Direction le magasin aux spécialités américaines quelques rues plus loin. En traversant le passage piétons je remarque un attroupement près de la bouche de métro. Je poursuis mon chemin quand un doute me survient. Je rebrousse chemin et fend la foule pour voir ce que cache cette cohue. Bingo! Julien est en train de faire un petit concert improvisé coiffé d'un chapeau ridicule. Je lui fais signe discrètement et vais me mettre à l'écart et me pose contre un mur.

Ce mec me surprendra toujours, la vie avec lui est un jeu. C'est ce qui me fait tenir debout. Je regarde la foule, les gens qui passent, quand mon regard se pose sur la seule personne aux alentours qui est statique. Oh mon dieu! C'est lui. Ritchie. Je n'ai pas le temps de réfléchir que mon corps se déplace déjà vers lui. Nous échangeons quelques mots, mal à l'aise.

Lorsqu'il repart je me sens déjà mal, vide, dévastée. C'est à ce moment là que Julien décide de terminer son concert. Lorsqu'il me rejoint il remarque à ma tête que quelque chose s'est passé. Sans dire un mot il me prend par la main et me traine dans le métro. Arrivés à Nation, toujours en tenant ma main, il me fait courir à travers les rues. Nous arrivons devant une porte, il saisit le digicode et une fois sortis de l'ascenseur il tambourine à une porte.

J'ai besoin des clés de ta voiture. Question de vie ou de mort, dit-il à Antoine, son ami.

Ce dernier lui tend les clés et lui indique où elle se trouve.

Sans discuter nous partons. Une fois devant chez moi, Julien me dit: 

« Prends le strict nécessaire, je reviens te chercher dans vingt minutes. »

Il ne me laisse pas lui répondre et repart.

SonrisaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant