Passé Commun | CreepyPasta | (Terminée)

»Chapitre 4«

_____Rune, années auparavant_____

Je m'asseyais dans la ligne du milieu de la classe, installant mes affaires sur le bureau le plus près de la fenêtre pour être au calme. Je remettais mes cheveux en place, les laissant tout de même tomber légèrement devant mon visage. Se cacher pour ne pas se faire remarquer, ne pas trop parler pour ne pas déranger et éviter qu'on retienne mon prénom. C'était ce que j'avais décidé de faire pour ma dernière année de lycée. Nous étions en janvier, milieu de l'année, et j'avais plutôt bien réussi à me faire discrète. Je parlais à mes camarades lors de travaux de groupe et lorsque les professeurs m'interrogeaient, mais jusque là je me portais bien. Je me portais mieux.

J'essayais d'ouvrir la fenêtre pour avoir de l'air mais, comme elle bloquait, je tirais plus fort jusqu'à ce que ma main derape et aille taper dans mes affaires. Ma trousse et mon livre de cours allèrent s'écraser au sol dans un fracas qui résonnait dans la pièce, attirant quelques regards. Je vis une main se dépêcher de ramasser ma trousse alors que j'attrapais le livre, la même main posant le tout bien rangé sur ma table.

-Tout va bien Rune? La jeune fille, inconnue, me demandait en se redressant lentement, remettant ses longs cheveux derrière son épaule.

-Oui, merci et désolée du dérangement; je m'excusais en observant ce visage non familier. Pardon mais, on ne se connait pas je pense.

-Alessa, pardon je ne me présente que maintenant je suis nouvelle ici; elle souriait avant de comprendre pourquoi je gardais un regard étonné et suspicieux. Ah! J'ai juste lu ton nom sur la trousse tout va bien.

Je lui souris en retour alors qu'elle s'installait à côté de moi. D'ordinaire je n'aimais pas être en compagnie de quelqu'un pendant les cours, mais je n'arrivais pas à lui dire. Gentille, polie, amicale, la rejeter serait tout bonnement être impolie au possible. Je ressentais un pincement au coeur et pressentant que j'allais m'entendre avec elle. Je ne pouvais pas les remplacer pour le moment; ne sachant pas si de toute façon j'allais pouvoir un jour.

-Alors, j'imagine que je peux essayer de devenir ton amie?

Mon hochement de tête mit un moment avant d'arriver, mais oui, on pouvait essayer.

_____Rune, présent_____

Le taxi s'arrêtait au bout de la grande rue que je lui avais indiqué et je descendis après l'avoir payé et remercié avant de le voir partir en faisant demi-tour, laissant sa voiture cracher une épaisse fumée noire derrière elle.

-Saleté de pollueur, pestais-je. Je n'étais pas plus écologiste que ça, mais je me trouvais d'humeur à relâcher ma frustration sur quelqu'un.

Je passais la main sur mes poignets endoloris et regardais avec désespoir les marques rouges qui les entouraient. À cet endroit, ma peau habituellement blanche, pâlotte, était devenue bleuâtre, rouge ou violacée. Il avait serré les poings si fort que j'avais l'impression de sentir de nouveau ses doigts autour de mes articulations. Je descendais mes manches pour protéger les marques sensibles du vent et me mis à marcher vers la maison d'Alessa. Les maisons, qu'on pouvait qualifier de demeures, de ce quartier étaient le strict opposé de mon appartement de ville. Un quartier tranquille, de grande propriétés avec biens souvent un jardin spacieux, un ou plusieurs garages abritant des voitures que je ne me permettrais même pas d'effleurer du regard. Marcher simplement dans la rue me rappelais que je n'étais pas à ma place.

Alessa habitait un milieu de la rue, donc le chemin ne fut pas très long. J'accelerais tout de même le pas, pressée de rentrer dans une maison au chauffage fonctionnel, sentant que le vent commençait à monter. Arrivée devant la porte de mon amie, je me préparais à toquer quand la porte s'ouvrit en grand, laissant apparaître une jeune femme qui semblait bien trop impatiente de me voir. Elle pointait son téléphone vers moi pour me montrer son écran avant de me prendre dans ses bras.