Chapitre 35

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Pdv Adrien

J'avais du mal à dormir encore une fois. À vrai dire, je me mentais un peu à moi-même puisque je n'avais même pas essayé de fermer un œil depuis que la nuit s'était couchée sur la ville. Le cœur battant et le corps en sueur, j'étais allé faire un tour dehors pour me rafraîchir les idées, me sentant de plus en plus oppressé dans mon appartement, où tout le paraissait écœurant. L'odeur du café était tellement intense que même en ouvrant les fenêtres des heures, elle résistait et s'était accrochée aux meubles et à mes habits. Et même moi, cette odeur avait fini par me dégoûter, ce qui était sûrement la chose la plus surprenante pouvant arriver. De plus, je ne pouvais pas faire un pas sans marcher sur des feuilles et des papiers officiels, ou bien mes recherches pour le travail. Je n'avais toujours pas eu le droit de remettre un pied au commissariat, ayant été mis en congés forcés pour une longue semaine encore, ce qui me semblait être une éternité à laquelle il allait être dur de faire face. Soupirant, passant une main sur mon visage transpirant, je prenais une grande bouffée d'air et la recrachait en formant un nuage de buée autour de moi, grelottant quelque peu. Je n'avais même pas pris la peine de mettre un manteau et je marchais dans la rue avec un jogging froissé et un simple tee shirt orné d'un quelconque logo de groupe de rock, le genre de haut que je mettais seulement le week-end, ou les rares jours où je me permettais de traîner à la maison. Les gens me regardaient avec des yeux ahuris, murmurant que j'étais fou de me balader ainsi avec une tenue aussi légère, mais moi je pensais le contraire. J'avais besoin de me refroidir un bon coup, et c'était le moyen le plus simple que j'avais trouvé ; je n'avais pas le temps de prendre une douche froide, ni la motivation de me sécher ensuite. Et puis, je voulais vraiment sortir.
J'avais désespérément besoin de voir d'autres visages humains que le mien dans le miroir, ce visage fatigué où étaient accrochés deux yeux noirs bordés de cernes qui descendaient presque jusqu'au milieu de mes joues, me donnant l'air d'un zombie. Mais je ne voulais pas seulement regarder les faces qui défilaient devant moi, je cherchais désespérément la sienne. Je scrutais les alentours, avec un regard insistant en faisant un peu peur au passant, espérant croiser la fille que je cherchais, priant pour qu'elle apparaisse devant moi comme par magie. J'en avais besoin, j'avais besoin que tout ça se termine pour que je la sache en sécurité et que je puisse dormir calmement sans chaque nuit rêver de sa mort, ou de son corps que je trouvais derrière un arbre. Je ne voulais plus voir ça. Je souhaitais juste qu'elle s'en sorte.
Seulement, je me plongeais moi-même dans le doute en me demandant si le plan que je lui avais expliqué n'était pas un simple suicide, et si je n'aurais pas mieux fait d'aller la chercher avec mes propres moyens malgré son refus clair et net. J'étais tellement stressé que je sentais mon cœur battre contre mes tempes, comme si ma tête allait exploser si je n'arrivais pas à me calmer rapidement.

Soudain, à quelques mètres devant moi, une jeune fille aux cheveux foncés, d'une taille assez petite fit son apparition. Elle était de dos et marchait rapidement dans la rue, emmitouflée dans un gros sweat, avançant seule entre les gens. Mon sang ne fit qu'un tour et je courais dans sa direction, bousculant ceux qui étaient sur mon passage de manière plutôt violente, ne me souciant pas de la réaction des gens ; des insultes la plupart du temps. « Mon dieu mon dieu mon dieu » Je me répétais en me rapprochant de plus en plus de cette fille. Je tendais le bras, le cœur au bord de l'explosion, et lui saisissais l'épaule en la serrant entre mes doigts, lui faisant faire volteface.

-Rune mon dieu c'est m-... Moi... Je me trouvais coupé dans mon élan par deux grands yeux noisette posés sur moi. Deux yeux incrustés sur un visage qui n'avait rien à voir avec celui que je cherchais, mais celui d'une adolescente effrayée qui me regardait de haut en bas avec la bouche tremblante en se demandant pourquoi un pauvre fou l'arrêtait ainsi dans la rue en hurlant un prénom qui n'était sûrement pas le sien.

Passé Commun | CreepyPasta | (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant