Chapitre 22

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Pdv Rune

     J'étais encore figée devant cette porte, n'osant ni bouger à cause de la douleur, ni parler à cause du stress et de la peur qu'une simple barrière de bois pouvait me faire ressentir. Tout me faisait trembler à cet instant. La taille imposante de cette porte, le grincement insupportable du plancher en vieux bois laqué et craquelé, comme les murs de cette bâtisse, et le silence pétrifiant de l'homme cagoulé qui m'accompagnait. Il n'avait pas lâché mon bras depuis que nous avions quitté la chambre et il me serrait si fort que mes vaisseaux sanguins auraient pu éclater, si je ne lui avait pas dit d'arrêter et lui tapant le poignet. J'avais imaginé que devant cet acte, il me frappe ou qu'il soupire en me méprisant, comme il le fait toutes les deux minutes en me regardant, mais non, rien de tout cela au contraire. Il s'était contenté de me lâcher et à ma plus grande surprise, il s'était excusé en murmurant. Je ne lui avait pas fait remarqué, en voyant qu'il n'avait pas l'air rassuré non plus. Je n'ai aucune idée de qui se trouve dans cette pièce mais une chose est sûre et certaine, il appréhendait autant ce moment que moi. Je sourit ironiquement et intérieurement. Vu la façon dont je pense, on pourrait presque croire que je m'inquiétais pour lui, et que j'avais envie de le rassurer pour le calmer. Quelle pensée stupide, bien évidemment que je n'en ai rien à faire de ce qu'il ressent. Cet enfoiré m'a poursuivi et a failli me tuer et après on s'attend à ce que je ressente de la compassion? Ou même de la pitié? C'est hors de question et complètement ridicule. Je sentais mon coeur se resserrer dans ma poitrine, et porta ma main dessus pour essayer de calmer cette sensation. Sensation qui était bien nouvelle pour moi, comme si elle surgissait d'un coup du fond de mon esprit pour envahir mon corps en quelques secondes à peine. Je l'avait ressenti depuis que Vincent m'avait emmené chez lui, après le nouvel an, mais elle n'avait jamais été aussi forte qu'aujourd'hui. C'était un mélange de peur, de haine et d'adrénaline. Mais rien à voir avec l'adrénaline qui nous excite, celle qui nous donne envie d'avancer. Non, celle ci me hurlait de courir malgré la douleur, de m'enfuir même avec la peur qui me tordait le ventre et de lutter contre les peurs qui possédait mon esprit. Je n'aimais pas sentir tout cela, j'avais l'impression de ne plus être moi même, de ne plus être la Rune que j'avais construite, celle qui ne parlait pas, n'avait pas d'importance et celle qui ne montrait jamais ces émotions. Pour ce dernier point c'était raté, complètement foutu même, j'avais pleuré, hurlé, expulser tout ce que j'avais à dire devant les gens en brisant la carapace protectrice qui me recouvrait entièrement. Désormais il ne reste plus rien, à l'extérieur mais aussi à l'intérieur. J'étais détruite moralement et physiquement, tout ce que je redoutais depuis mon départ de chez ma famille.

J'eu soudain un mal de tête et un petit moment d'absence, me faisant vaciller de droite à gauche en me prenant la tête entre les mains, tentant de rester debout du mieux que je pouvais, même avec ma vision un peu floue.

L'homme me regardait sans vraiment se soucier de mon état, et me prit simplement l'épaule en me mettant droite, m'aidant à rester en place pour ne pas que je tombe en avant, ce qui n'aurait fait qu'une chute ou une blessure de plus à ajouter à la liste. J'enleva sa main de mon épaule en m'écartant un peu, ne croisant pas son regard en fixant la porte encore fermée devant nous. Le temps était beaucoup trop long et mes pauvres jambes ne pouvaient pas me soutenir encore bien longtemps. Mes genoux claquaient bruyamment à aide de mes jambes tremblantes qui avaient du mal à rester tendues plus d'une minutes sans lâcher d'un coup sec. Je regrettais presque la chambre d'hôpital, ou même celle du refuge dans la forêt. Je voulais juste un peu de confort, mais il était loin, le rêve d'un canapé moelleux au bord d'une cheminée allumée, très loin même. Beaucoup trop pour moi.

-Pourquoi attend-t-on aussi longtemps...? Je demandai, même sans grande impatience. Je commençais à fatiguée de rester ainsi et mon cœur allait exploser à cause de l'angoisse.

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