Chapitre 34

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Pdv Rune

Allongée sur le dos, à moitié recouverte par la boue sur laquelle j'avais glissé sur ces dizaines de mètres, je n'avais toujours pas ouvert les yeux. J'étais livide, immobile, ressemblant de plus en plus à un cadavre chaque seconde qui s'écoulait. Ma peau blanchâtre contrastait parfaitement avec la noirceur marronâtre de la terre humide qui gisait sous mon corps, et mes lèvres bleutées en accord avec le ciel qui commençait à s'éclaircir au dessus de moi. Je savais qu'il commençait à faire plus clair, je ne le voyais pas puisque j'avais les yeux fermés, mais je sentais les rayons tièdes du soleil levant taper contre mes paupières lourdement clauses. Mon corps était tellement lourd qu'il paraissait incrusté dans le sol, comme enraciné avec l'herbe et les plantes sales qui l'entouraient. Je n'avais pas la force de bouger, ni l'énergie d'ailleurs. Le simple fait de penser engloutissait le peu de forces dont je disposais mais au moins, cet effort surhumain me confirmait bel et bien une chose. J'étais vivante. Épuisée, blessée et perdue dans une forêt, mais j'étais quand même vivante. Après cette chute dans la pente, je n'aurais jamais imaginé pouvoir penser à nouveau. J'aurais du mourir, mes os entiers auraient du se briser en milles morceaux mais pour une fois depuis longtemps, beaucoup trop longtemps, la chance avait semblé me sourire .Je revisualisais les images de la pente, du noir qui m'envahissait. Je sentais à nouveau le choc du sol contre mes os et le bruit épouvantable de ces craquements. La douleur me paraissait beaucoup trop réel pour que tout cela ne soit qu'un rêve, même si j'aurais aimé ne jamais connaitre une telle chose. Le reste de mes souvenirs était enveloppé d'un épais manteau de fumée noirâtre, m'indiquant juste que c'était le moment auquel j'avais perdu connaissance, donc là où je ne pouvais plus me rappeler de la suite. Et pourtant la suite, comme je disais, était plutôt simple à deviner: je n'avais rien fait à par dormir, si un coma pouvait être appelé un sommeil évidemment. Pourtant, j'avais quand même envie d'en être certaine, et pour cela je devais réussir à bouger mon corps qui semblait peser plus d'une tonne.

Me concentrant sur les mouvements à venir, j'ouvrais la bouche avec peine pour prendre une grande et douloureuse inspiration, qui brûlait ma trachée sèches. Je pouvais sentir mes poumons se remplir d'air, faisait gonflé ma poitrine de quelques centimètres, avant de brusquement redescendre pendant que j'expirais. Trouvant l'opération assez simple, je la répétais une dizaine de fois avant de pouvoir me remettre à respirer normalement, sans y mettre une énergie colossale. Testant mes muscles en bougeant le bout de mes doigts, je remontait progressivement en mouvant mes coudes, mes épaules, mes orteils gelés puis mes pieds entiers, avant d'en venir à la conclusion que je pouvais bouger, même si je sentais une douleur aigue à plusieurs endroits.
Soulagée, j'ouvrais les deux yeux avant de les plisser brusquement à cause des rayons de l'aube qui venaient directement me pénétrer la rétine. Je m'habituais à cette luminosité dérangeante, puis tournais la tête de chaque côté pour voir si j'étais bel et bien au même endroit qu'aupparavant. Quand je laissait tomber ma tête lourdement à droite, je sursautais violemment en voyant le corps de Brian allongé à quelques mètres à peine de moi. Prise d'un élan de force, sûrement dû à la peur qu'il soit éveiller et qu'il me saute à nouveau dessus, je me proposais en arrière, m'éloignant ainsi de lui en laissant sortir de ma bouche un petit cri aigu.
Je me mettais à trembler en reculant, glissant sur la terre en me poussant désespérément avec les pieds, jusqu'à ce que mon dos ne tape contre le tronc d'un arbre. Une distance d'une bonne dizaine de mètres nous séparait désormais, mais je ne me sentais toujours pas en sécurité. Il avait tout de même réussi à me retrouver plus rapidement que je ne pouvais le penser dans la forêt, et avait bien failli me tuer à cause de cette chute. Il était sans hésiter le danger le plus grand auquel j'avais dû faire face de toute ma vie, et qui aurait cru qu'un jour je dirais cela d'un ami d'enfance. Haletante et encore en sueur, je me préparais comme je le pouvais au moindre de ses mouvements, mettant la main dans ma poche. Dieu merci, l'arme était toujours en ma possession et elle n'avait pas glissé de la poche alors que je tombais. C'était sûrement la meilleure nouvelle que je pouvais avoir, même si sortir d'ici en serait une bien mieux.
Un silence de mort s'était mit à peser sur la clairière et, contre toute attente, Brian n'avait pas encore bouger d'un millimètre, mais il était resté allongé dans la même position, dos à moi. Avalant ma salive un instant, les sourcils froncés, j'attrapais un minuscule caillou et le lançais pour qu'il aille toucher son dos, mais ce geste n'eu aucune conséquence. Je m'attendais au moins à un grognement étouffé, mais le silence semblait être plus résistant.

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