Pdv Rune
Je tapotais frénétiquement le bord de mon assiette avec ma fourchette, fixant le peu de nourriture qu'il me restait à avalé. Tout me semblait amer, ou sans goût. Seule la texture changeait sur ma langue, mais je ne distinguais plus les aliments entre eux. Viande, légume, pain, pour moi c'était presque devenu la même chose. Juste une masse solide qui me rassasiait à peine. Je porta un nouveau morceau à ma bouche et mâcha lentement, sans réelle envie de manger, ou n'importe quelle autre motivation. La même salle à manger, les mêmes plats, le même endroit. Je devenais complètement folle ici. Ça faisait des semaines que j'étais enfermée ici et ma vie avait autant de saveur que la nourriture que Vincent préparait tous les jours, autrement dit: aucune. Je ne parlais presque plus et attendait des heures devant les portes en espérant pouvoir sortir un jour ou l'autre. Juste marcher autre part que dans ces couloirs moisies aux murs décrépis et à l'odeur nauséabonde d'humidité et de renfermé. Pas une seule fenêtre. Comment on peut vivre normalement sans fenêtre ou sans voir l'extérieur pendant autant de temps?
Je serra ma fourchette avec le peu d'énergie que j'avais et senti le manche de métal toc se plier entre mes doigts. À l'autre bout de la table, la personne avec qui je vit depuis tout ce temps me regardait fixement. Il était confortablement installé dans la chaise, les pieds posés sur le tabouret à côté de lui, tapotant le coin de la table avec les doigts. C'était le seul bruit qui régnait dans la pièce et l'ambiance était pesante entre nous depuis un moment maintenant.
Il était devenu encore plus bizarre qu'avant lorsque nous sommes arrivés ici. Il passait son temps dans la salle fermée par le digicode, ou bien il sortait du refuge, me laissant toute seule ici à m'ennuyer. Lorsque justement il partait, je me plaçais au bout d'un couloir aléatoire et criait de toutes mes forces pour évacuer la rage que j'accumulais depuis des semaines. Ca ne servait pas à grand chose, je m'abîmais la gorge, j'étais encore plus énervée mais c'était une preuve que j'étais vivante. "Est-ce que je peux me considérer comme vivante?" Cette question trottait dans ma tête tous les jours. Est ce qu'être enfermée, séparée du monde, poursuivie par une bande de fou furieux fait de vous un être vivant "normal"? Certain dirons que oui car c'est cette adrénaline qui nous fait vivre, mais si c'est réellement ça l'adrénaline, je l'échangerais volontier contre n'importe quoi d'autre. La mort ou même quelque chose d'inutile.
J'entendis Vincent soupirer et il de décida à parler en premier.
-Combien de temps tu vas rester muette encore? Demanda-t-il, visiblement irrité par mon comportement et mon attitude semblables à ceux d'un légume.
Je leva le regard vers lui et le fixa droit dans les yeux.
-Autant de temps que je voudrais. Dis-je sèchement avant d'aller poser mes couverts et mon assiette dans le lavabo miteux qui trônait au milieu de la cuisine tout aussi "luxurieuse". Je me rassis, ou plutôt je me laissa tomber sur ma chaise, levant la tête vers le vieux plafond et métal qui menaçait de s'effondrer d'une seconde à l'autre, avec ses traces de rouilles et ses nombreux trous formés par l'humidité.
-Franchement, qu'est ce que je dois te donner pour que tu parles et que tu arrêtes de faire la gueule à longueur de journée...? Il me posait cette question comme s'il n'avait plus aucun stratagème pour me faire réagir. Et c'était vrai. Pendant ces dernières semaines, il avait tout tenté pour me faire dire quelques mots, parfois même me faire hurler. Il m'insultait, me suppliais, rentrais dans ma douche, avait essayé de me violer une deuxième fois, m'avait frappé. Mais je me contentais de m'enfermer dans une autre salle pour être loin de lui. Il disait vouloir me protéger mais il semblait surtout perdre patience face à mon caractère plus qu'exécrable.
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Passé Commun | CreepyPasta | (Terminée)
Horror«Il ne me lâche pas, ou que j'aille il me suit toujours et m'observe je le sens.» On à beau vouloir oublier son passé. Celui-ci sera toujours prêt à ressurgir aux pires moments. Ne pas se laisser submerger par les émotions. Surtout pas. C'est ce que...