Chapitre 10

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Pdv Rune

Je regardais une énième fois mon portable, éclairant encore mon visage tordu par une expression d'angoisse. Il était 1h34. Je le savais qu'il était 1h34. Ça faisait la quatorzième fois que je l'allumais pour regarder l'heure, croyant que le temps allait remonter comme par magie. Mais non, il affichait toujours 1h34. Rien n'avait changé.
Je m'assis dans mon lit, appuyant mon dos trempé à cause de la chaleur qui régnait dans ma chambre. Je stressais tellement que je transpirais comme jamais. J'essuyais les gouttes qui perlaient sur mon front ainsi que les larmes qui coulaient fortement sur mes joues. Je serais le drap de mon lit entre mes doigts à m'en fait exploser les veines des mains. Quand je fermais les yeux pour me concentrer sur ma respiration, je ne pouvais que sentir le rythme effréné de mon cœur qui battait dans ma cage thoracique. Le stress me faisait mal à la tête et au ventre, comme si mon corps était sur le point de sauter à cause la pression qu'on exerçait sur moi.

-Je ne suis vraiment bonne qu'à ça... Je veux protéger les gens que j'aime et tout ce que je sais faire c'est pleurer sur mon sort au lieu de chercher des solutions...

Des solutions... Toujours des solutions à trouver. Je me mis en boule, toujours assise, et méditais longuement sur la question. Je devais trouver des méthodes pour tout arranger mais à la place, je m'engouffrais dans le puits infini des problèmes. Je n'avais rien pu faire pour la mort de mes parents... Mais si j'étais restée avec eux ça se serait passé différemment. Donc je n'aurais pas laissé Alessa seule, donc il ne lui serait probablement rien arrivé et je n'aurais jamais été obligée de m'associer avec Vincent. J'attrapais mon oreiller et hurlais de toutes mes forces dedans, espérant que l'excès de rage qui se stockait en moi puisse sortir un grand coup, m'éloignant alors de l'explosion. À bout de souffle, je reposais le polochon et décidais plutôt d'aller marcher quelque part. Je m'étais endormie habillée et n'avais même pas prit la peine de prendre une douche hier soir. Soupirant, je pris ma veste noire et l'enfilais, ainsi que mes baskets de ville. Je marchais le plus doucement possible dans ma chambre et parcouru le salon sur la pointe des pieds. Sur le canapé, Vincent ronflait bruyamment, complètement débraillé, mon ordinateur posé sur le ventre. Il avait insisté pendant plus d'une heure pour pouvoir fouiller dedans disant que "c'était important pour multiples raisons". À bout d'arguments, j'avais accepté. Déjà des jours entiers qu'il était ici et qu'il cherchait des méthodes pour retrouver Alessa... Je le regardais dormir pendant deux minutes au moins, ressentant l'envie de soit le virer, soit l'étouffer avec le coussin. Secouant la tête pour effacer mes idées morbides, je sorti discrètement de mon appartement et me faufilais dans la petite ruelle. Dehors il faisait évidemment nuit et la fraîcheur se faisait sentir sur ma peau, me provoquant une faible chair de poule sur les bras. Je débouchais dans la rue principale où malgré l'heure tardive, plutôt tôt d'ailleurs, des petits groupes de personnes, sûrement sortant de boîtes ou des restaurants, déambulaient joyeusement. Je marchais la tête baissée, les mains enfoncées dans les poches de ma veste en jouant avec des vieux tickets de caisse ou d'anciens papiers de bonbons à la menthe que j'avais oublié de jeter à la poubelle. Tout était encore si embrouillé dans ma tête. Ça grésillait comme une vieille télé cassée, ou comme si un nuage d'abeille volait bruyamment entre mes deux oreilles. C'était insupportable et j'avais envie de m'arracher la tête pour laisser sortir ces pensées qui me broyaient le cerveau douloureusement.
J'entendais les gens rirent à côté de moi, profitant de la joie qui guidaient leurs pas. J'avais envie de leur hurler d'arrêter.
Arrêtez de rire quand je suis là. Moi je n'ai pas envie. Vous croyez que vous êtes seuls au monde ou quoi ? Mon mal refaisait sortir un égoïsme que je détestais en moi, un égoïsme que je ne ressentais pas vraiment qui semblait vouloir sortir à l'air libre pour se faire expulser. J'accélérais le pas, essayant de trouver un endroit plus calme pour... méditer en quelque sorte. Je ne me sentais pas bien et avais la tête qui tournait. Mon stress, l'odeur de l'alcool que dégageaient ces gens, celle de la cigarette, mon manque de sommeil. Tout ça mélanger me donnait une affreuse envie de vomir mon repas d'hier ; qui était seulement composé d'un croissant et d'une bouteille d'eau ; en plein milieu de la rue. Ce besoin me montait rapidement dans la gorge et me brûlait l'intérieur de l'estomac. Tremblante, Je slalomais entre les gens et me réfugiais dans une ruelle non loin de mon appartement, n'ayant pas avancé beaucoup. Je me plaçais tout au fond et appuya le coude sur le mur. Me prenant le ventre, je vomis le contenu de mon estomac par terre, avec un bruit et une odeur nauséabonde. Ça me faisait horriblement mal à la gorge et je commençais à pleurer. Je n'arrivais pas à m'arrêter, même si je sentais que j'avais le ventre vide depuis un bout de temps. M'accroupissant par terre, je pris ma tête dans ma main, toussant en essayant de reprendre mon souffle. Ma gorge me brûlait à cause de la bile et mon estomac vide se tordait sur lui-même en me demandant d'être à nouveau rempli.

Passé Commun | CreepyPasta | (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant