Prologue

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-Mina Brodier, appelle la prof.

-Présente, je fais.

Je regarde la place vide à côté de moi. Dire qu'au début de l'année, je croyais avoir eu de la chance. C'est la première fois qu'une prof utilise la liste de nos noms classés dans l'ordre alphabétique comme plan de classe et j'ai failli péter un câble quand elle nous l'a appris, tellement j'étais joyeuse.

Mais je n'aurais pas dû me réjouir trop rapidement. D'après cet ordre, je suis à côté de Sébastien Brunier, celui dont je suis amoureuse depuis plus de trois ans. Je suis amoureuse d'une illusion. Nous nous connaissons depuis le CM2 et pendant longtemps nous étions meilleurs amis (jusqu'en 5ème), pour lui en tout cas, moi j'ai toujours voulu plus sans qu'il ne le sache.

J'ai changé de classe en 4ème et quand nous nous sommes retrouvés cette année en 3ème, après quelques jours passés à côté de lui en cours de français, je me suis rendu compte qu'il a complètement changé.

Il arrive en retard tous les matins et ne travaille plus. Quand je dis qu'il ne travaille pas, c'est tellement grave qu'un prof peut être très content si Sébastien a un cahier et un crayon pour sa matière et s'il participe une ou deux fois au cours, il peut être vraiment très content. Mais le pire de tout, cependant, est qu'il fume, c'est la pire chose que quelqu'un puisse faire à mes yeux.

Je ne réussis pourtant pas à me détacher de l'image que j'avais de lui avant d'avoir changé de classe et je suis toujours aussi amoureuse de cette image qu'auparavant, mais elle n'est plus qu'une illusion.

-Sébastien Brunier, fait la prof en soupirant. En retard, j'imagine.

Quelqu'un frappe à la porte, à ce moment-même.

-Quand on parle du loup, dit-elle. Entrez !

La porte s'ouvre sur Sébastien, son carnet de liaison à la main. Il montre la bonne page à la prof et vient s'asseoir à côté de moi.

Nous faisons quelques exercices en classe, dont il ne copie pas la correction, évidemment. Il est bien trop occupé à dessiner je ne sais quoi sur la page de son anniversaire dans mon agenda. Il a de la chance que c'est un samedi.

Je sais très bien que je ne devrais pas, mais comme d'habitude, je ris, malgré moi, à ses blagues stupides et même pas drôles et bavarde avec lui.

En toute évidence, cela me vaut des regards exaspérés de ma meilleure amie, Nona, qui me conseille de l'ignorer depuis que nous nous sommes rendu compte de son état d'esprit.

Ma Vie En ThéâtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant