Chapitre 11

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Nous avons passé les deux heures et demi qui nous séparaient de la répétition avec les autres à parler et à rire au lieu de répéter comme prévu.

Là, nous sommes dans la salle de répétitions en train d'attendre notre tour.

-Mina et Sébastien, à vous.

Nous montons sur scène.

-Donc, je lis la situation, déclare notre prof de théâtre. Suite à une dispute qu'ils avaient eue pendant les vacances d'été, d'il y avait deux ans, ils s'étaient ignorés. Mais à la rentrée de la même année, le petit ami de Lilia, à l'époque, l'avait quittée et Lucas ne l'avait pas soutenue. Certes, ils s'étaient disputés, mais c'était au début des vacances et pour un rien en plus, Lilia ne s'en rappelait même plus. Elle avait beaucoup souffert à cause de la séparation et était blessée par le fait que Lucas l'ignore malgré sa souffrance. Deux ans plus tard, alors que Lilia et lui se sont réconciliés depuis longtemps et que Lilia lui a déjà pardonné, ils sont dans la chambre de Lilia. Lucas a trouvé un dessin qu'ils avaient fait pendant les vacances d'été avant de se disputer.

Sébastien s'assied sur le lit qui a été monté sur scène pour les répétitions et je m'assieds à côté de lui, puis il prend ma main comme il l'a fait il y a à peu près trois heures.

-Lilia, je suis désolé de ne pas t'avoir soutenue, à l'époque. J'aurais dû être là. Même si ç'avait été une dispute très lourde – ce que ça n'a même pas été – j'aurais dû savoir voir les choses importantes et c'était d'être là pour toi quand tu te sentais mal, je ne pourrais sans doute jamais me pardonner de t'avoir laissée seule dans tes larmes.

-Tout va bien, Lucas. Ce n'est pas grave. Si ça ne s'était pas passé comme cela, Mira ne serait pas venue me prendre dans ses bras quand je pleurais et nous ne serions jamais devenue meilleures amies.

Je montre la photo de Chloé qu'elle a apporté sur scène. La considérer comme meilleure amie, à travers les yeux de Lilia, me rappelle quand je la considérais de cette façon, à travers les miens. Même si après le début de ce mois de juin inoubliable, notre amitié s'est brisée et qu'elle est devenue cruelle, nous avions quand même des moments joyeux ensemble, après tout.

-N'empêche que j'aurais dû te soutenir, imagine s'il n'y avait pas eu Mira. Tu aurais été triste et en plus, seule. Tout ça à cause de moi.

-Rien ne se passe pour rien, Lucas. Le destin l'a voulu comme ça. Maintenant, je vous ai tous les deux et je ne pourrais pas être plus heureuse.

Sébastien me sourit avec la bouche de Lucas et je fais de même avec celle de Lilia.

-Je te promets que je ne te ferai plus jamais de mal, Lilia. J'ai eu une deuxième chance et je ne te décevrai pas.

Lilia et Lucas se prennent dans les bras et j'en profite pour savourer l'odeur de Sébastien. Elle me fait tourner la tête.

-Très bien, nous félicite le professeur.

Nous lui sourions et nous rasseyons.

-Mina, tu peux rester, tu as une scène avec Chloé et Nona, maintenant. Donc la situation : Lilia et Mira vont ensemble à l'école et tombent sur Caroline, la pire ennemie de Lilia.

-Alors avec Lucas ? Quand est-ce que vous allez vous mettre ensemble ?

Chloé est bonne actrice, on dirait vraiment qu'elle m'aime bien et qu'elle est gentille.

-Se mettre en couple ? Jamais, je pense. Il n'éprouve pas pour moi ce que j'éprouve pour lui.

-Pourquoi tu dis ça ? Rappelle-toi toutes les promesses qu'il t'a faites juste pour te prouver qu'il tient à toi et qu'il ne veut pas te perdre.

-Il a dû se gourer de personne, intervient Nona.

-Qu'est-ce que tu fais ici toi ? Laisse-nous tranquille, on ne veut pas de toi.

-Tout le monde veut de moi, je suis géniale, même Lucas. Il m'a proposé un rendez-vous tout-à-l'heure et j'ai dit oui.

Nona nous sourit le sourire jubilant de Caroline et part de scène de la même démarche que Chloé a d'habitude. Elle a dû s'inspirer d'elle pour son personnage.

Je m'imagine cette situation en vrai pour faire pleurer Lilia. Si Sébastien invitait Chloé à sortir avec lui, ça me tuerait.

-Comment peut-il faire ça alors qu'il sait qu'elle me hait ?

Les larmes coulent de plus en plus des yeux de Lilia.

-Et si c'était un mensonge de Caroline pour te faire pleurer justement ? Il ne t'aurait pas promis de ne plus jamais te faire de mal, pour faire ça après.

-Caroline est méchante mais pas débile. Elle n'aurait pas dit ça, si ce n'était pas vrai. Elle sait très bien que nous pourrions lui demander et il nous dirait que ce n'est pas vrai.

-Bah, on a qu'à lui demander alors.

-Non, surtout pas. Et si je me mettais à pleurer devant lui ?

-Mais pourquoi tu te mettrais à pleurer, Lilia ? Je suis quasiment sûre qu'elle nous a menti, cette peste.

-Et moi je suis quasiment sûre du contraire. On l'ignore, d'accord ?

-D'accord. D'ailleurs Lilia, je voulais te dire quelque...

Trop tard, Lilia est déjà partie en courant pour rejoindre une autre amie qui attend devant l'école.

-Très bien, jeunes gens. C'est terminé pour aujourd'hui. À vendredi, fait notre prof.

-À vendredi, disons-nous en chœur.

Je m'approche de Nona pour lui faire part de ma visite chez Sébastien.

-Mais c'est trop bien, commente-t-elle.

-Oui, j'étais trop contente, c'est fou, je l'adore plus, de jour en jour. Quand il m'annoncera que ce n'est pas réciproque, je crois que je vais mourir.

-Je suis sûre que c'est réciproque ! Il faut que je te raconte quelque chose.

-Attends, y a Sarah là-bas. Si je veux être en couple avec son frère, faut que bien qu'on soit amies un minimum.

Je ris et me contente du faible sourire de ma meilleure amie pour partir rejoindre la sœur de Sébastien.

En passant, j'attrape ma veste posée sur une des chaises.

-Salut, je fais.

-Salut.

Nous nous sourions.

Ma Vie En ThéâtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant