Ma Vie En Théâtre

Chapitre 25

Le lendemain, je me retrouve comme d'habitude avec les autres du théâtre à l'école pour les répétitions.

-Bonjour, tout le monde, nous salue le professeur de théâtre qui, comme je l'ai appris dernièrement, est aussi professeur de philosophie au lycée. Vous avez sans doute remarqué que la présentation de la pièce approche à grands pas, donc donnez votre maximum et posez-moi toutes les questions qui nécessitent une réponse de ma part. En rapport avec la pièce, bien sûr. Commençons, tout de suite. Lilia vient de découvrir, grâce à ses deux meilleures amies, que Max et Caroline ont de mauvaises intentions. Max a pourtant réussi à lui expliquer qu'il ne veut plus suivre les instructions malsaines de sa cousine et qu'il voit Lilia même comme une meilleure amie. En attendant, elle n'a que Lucas en tête même s'il lui a brisé le cœur. Pour couronner le tout, elle a découvert que sa meilleure amie lui cachait une relation amoureuse avec une autre fille. Elle en est blessée. Complètement exténuée, elle s'endort et fait un rêve étrange. Mina et Mathias joueront la scène du rêve, il incarnera le frère.

Je monte sur scène, mon texte à la main et les sourcils froncés. Je n'ai pas encore appris cette scène et je suis surprise d'entendre parler de rêve. Encore un point commun avec ma vie et cette fois des frissons parcourt mon dos, c'est effrayant. Aurai-je des réponses?

-Viens ici, ma Lilia.

-Alex ? Où es-tu ?

-Par ici. Prends ma main. Ne pleure pas, je suis ici.

-Où allons-nous, Alex ?

-Il y a une chose que vous devez voir.

Dans le rêve de Lilia, ce n'est pas un endroit extérieur mais la chambre d'Alex.

Mathias nous fait descendre en-dessous de son bureau et enlève la planche arrière du bureau qui fait apparaître un trou dans le mur.

-C'est quoi ça, Alex ?

-C'est mon journal intime, vous y trouverez tout. Des messages que je voulais vous faire passer et mes dernières pensées. Je t'aime, Lilia, mais il est temps de te réveiller.

Les rideaux tombent et on installe un lit sur la scène sur lequel je m'allonge.

-Il faut que j'aille voir. Heureusement que ce n'est que sa chambre et pas un bout de forêt isolé d'un parc.

Les rideaux tombent de nouveau, puis on installe une seconde fois la chambre d'Alex. Je me mets au même endroit qu'Alex dans le rêve de Lilia.

Je retire la planche avec les mains de Lilia et trouve effectivement le journal intime de son frère.

-O mon dieu. Papa, maman !

La scène finit et le professeur nous libère.

Je fais de mon mieux pour éviter Sarah et Nona et rentre chez moi.

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Je m'assieds sur mon lit et réfléchis. Je ne sais pas si je devrais suivre la trace de mon rêve. Peut-être était-ce seulement mon inconscient qui voulait aider ma mère. Pourtant, je n'ai rien à perdre et je préfère réaliser qu'il n'y a rien et avoir des remords que de ne rien faire, apprendre plus tard que quelqu'un a trouvé cet argent et avoir des regrets.

De toute façon, si j'y allais assez souvent avec mon père pour le reconnaître et que mon père a caché cet argent pour que nous le retrouvions, ça ne doit pas être bien loin.

Je n'ai donc rien à perdre.

Je me lève et consulte l'heure. Il est 17 h 21, alors j'ai le temps d'y aller. Je sors de l'appartement et descends les marches de l'immeuble.

Puis, je sors et vais consulter un plan de la ville pour trouver une piste, mais il n'y a rien qui correspond à l'endroit de mon rêve.

Soudain,je me rappelle que Lilia m'a donné un indice tout à l'heure; «un bout de forêt isolé d'un parc.».

Mais oui ! C'est quelque part dans les environs de notre parc !

Je me dirige vers le parc et cherche ce bout de forêt isolé.

Pendant au moins un quart d'heure, je me balade autour du parc sans rien trouver. Il est trop grand ce parc et trop d'arbres ont été plantés.

Je sors mon téléphone et vais sur snapchat, puis déclenche snapmap dans l'espoir de trouver quelque chose qui puisse m'aider.

Je rétrécis le parc et vérifie les alentours. Alors que je suis prête à abandonner, je découvre quelque chose d'intéressant. À un endroit après le parc, il n'y a rien. Comme si les gens ne savaient pas ce qui suit. Je rejoins cet endroit. Un énorme arbre bouche la vue, il est entouré de plusieurs buissons. On ne voit rien de ce qu'il pourrait y avoir et cela ne donne franchement pas envie d'aller voir. Donc c'est potentiellement l'endroit que je cherche.

Complètement excitée à l'idée de me rapprocher du but, j'essaie de trouver un moyen de franchir la frontière qui me sépare de mon but. Non sans finir avec des griffures sur mes bras et jambes découverts par de courts vêtements d'été, je me débrouille pour le contourner.

Avec joie, je découvre le lieu de mon rêve. Les plantes et l'herbe ont poussé, mais sinon tout est resté pareil.

Submergée par l'émotion, je laisse des larmes de joie et de nostalgie couler.

Un coup de vent vient caresser ma joue et je souris.

-Je t'aime papa. Merci de ne jamais nous laisser en détresse, soufflé-je, la voix enrouée.

Je me mets à la recherche de l'arbre de mon rêve en en m'orientant aux initiales de mes parents.

Une fois que je l'ai trouvé, j'effleure la gravure avec mes doigts.

J'imagine mes parents jeunes et amoureux.

Ma mère est jeune et heureuse, sa peau est lisse ou peut-être a-t-elle des boutons ? Elle observe mon père et ses cheveux bruns. Elle plonge son regard dans ses yeux bleus. Elle est heureuse face à la réciprocité de ses sentiments.

Mon père admire tout autant la beauté de ma mère, il adore jouer avec ses boucles en les enroulant autour de ses doigts. Il est plus que heureux à l'idée de pouvoir dire qu'elle lui appartient de son plein gré.

Il est d'ailleurs excité de partager l'emplacement de sa cachette avec elle.

Ensemble ils parviennent à pénétrer cet endroit. La jeune Salomé Gallot (son nom de jeune fille) se voit stupéfaite. Ce lieu est magnifique et elle est très honorée d'être la première à laquelle Rémi a montré sa cachette, son lieu préféré, son refuge.

Le jeune Rémi sort un couteau de poche de son pantalon et propose à Salomé de graver leurs initiales à jamais dans un arbre. Elle accepte avec excitation. 

Une fois que c'est fait, il contemple avec bonheur cet arbre qui porte désormais une preuve de leur jeune amour. Mon père attire sa bien-aimée dans ses bras et l'embrasse.

Et me voilà, plusieurs années plus tard, découvrant leur gravure.

J'essuie mes larmes et me mets à genoux, puis me mets à creuser la terre, afin de faire apparaître le trou avec les racines. Sauf que les racines ont tellement grandi qu'on y voit que dalle.

J'essaie de les arracher tant bien que mal, puis une fois que le trou est assez grand, je comprends avec déception qu'il est vide. Il n'y a rien dans ce trou.

J'aurais dû m'en douter, je ne suis pas dans une pièce de théâtre où des choses improbables se passent comme si elles étaient «meant to be».

Pourtant, une partie de moi refuse d'abandonner et d'accepter la dure réalité, alors je me retrouve à creuser désespérément aux pieds de divers arbres.

Voyant que cet endroit ne contient pas l'argent que mon père aurait caché, je me jette à terre et pleure, de tristesse et de colère cette fois.