Chapitre 6

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Après cette première réunion intense, Nona et moi allons directement rejoindre ma mère sur le parking. Je n'ai pas le courage de dire au revoir à Sébastien après ça.

Nous sommes affalées sur mon lit, en pyjama, en train de regarder "Once Upon a Time" sur Netflix quand ma mère entre un carton de pizza et une bouteille de Sprite à la main.

Je mets en pause et lui prends les aliments de la main.

-Merci, dis-je.

-Vous voulez des couverts ? me propose ma mère.

-Non et la prochaine fois, je peux aller chercher tout ça, maman, tu n'es vraiment pas obligée de m'apporter mes trucs comme une bonne.

Je lui souris et elle me rend mon sourire.

-Tu es ma fille, je peux te faire des faveurs de temps en temps.

Son sourire épuisé fait ressortir ses rides.

Ma mère est une femme très jolie avec ses yeux bleus et ses cheveux bruns et bouclés, mais depuis que mon père est mort d'un cancer des poumons suite à la surconsommation de cigarettes, elle est toute seule à s'occuper de moi et de nos problèmes financiers.

Après la mort de papa, il y a un an, nous avons découvert d'énormes dettes qu'il nous avait cachées. Ma mère a donc dû accepter plusieurs emplois pour joindre les deux bouts et la fatigue lui prend peu à peu sa beauté.

Nous habitons un appartement modeste, de plus mon téléphone et mes vêtements ne sont pas dernier cri, mais ils font l'affaire et je ne pourrais pas être plus heureuse. J'ai une mère géniale qui ferait tout pour moi, des amis qui me soutiennent et la possibilité d'accéder à une éducation scolaire.

Elle quitte la pièce et j'allume la lumière pour que nous puissions manger.

-Mais on ne regarde pas la série en même temps ? demande Nona.

-J'irai chercher du popcorn pour les autres épisodes, lui assuré-je. Avec du sugar.

-En parlant de sugar, vous étiez super sweet, toi et Sébastien, déclare-t-elle en prenant un morceau de pizza.

Je ris de sa façon de formuler sa phrase, puis rougis en comprenant ce qu'elle vient de dire. J'ai l'impression de faire des tours sur une montagne russe aujourd'hui.

-Tu trouves ? m'enquiers-je.

-Oui, vous allez vous mettre en couple, c'est sûr. Ce n'est qu'une question de temps.

Je la regarde en souriant.

-Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-elle en riant.

-Je suis tellement contente que tu sois ma meilleure amie, je serais rien sans toi. Tu étais là pour moi quand j'étais seule et tu m'accompagnes à travers toutes les épreuves de ma vie pour m'aider à surmonter les obstacles. Merci d'être là.

-Oh, moi aussi je suis contente que tu sois ma meilleure amie. Tu es la meilleure meilleure-amie au monde et je serai toujours là pour toi ! s'exclame-t-elle.

-Moi aussi !

Nous nous prenons dans les bras, puis continuons à déguster notre pizza.

Nous finissons la saison 6 de "Once Upon a Time" avec le popcorn que je lui ai promis et comme il n'est que 23 h, nous chuchotons encore un peu sous la couverture.

-Je vais aux toilettes, annoncé-je au bout d'un moment.

Je vais donc aux toilettes et en revenant je suis accueillie par une petite surprise de Nona.

Mon oreiller rose sur lequel est écrit «Love is what makes us feel alive» s'écrase sur mon visage et elle éclate de rire face à l'expression surprise qu'on peut y apercevoir.

Je me dirige vers mon lit et attrape mon oreiller à rayures bleues et blanches et lui balance à la tête. Sa coiffure est complètement défaite et des petites boucles blondes tombent sur son visage.

Voilà que la troisième guerre mondiale est déclarée. Nous nous envoyons oreiller après oreiller comme des sauvages en riant telles des folles.

Soudain, quelqu'un frappe à la porte d'un geste énervé. C'est à ce moment que je réalise que nous faisons le bruit de trois troupeaux de taureaux à presque 1 h du matin.

Je fais de grands yeux et ouvre la porte.

Ma mère, en robe de chambre et coiffée d'un chignon, n'est visiblement pas enchantée. Ses sourcils froncés accentuent sa fatigue et elle a les bras croisés devant la poitrine.

-Bon les filles, c'est bien de s'amuser, personne ne vous l'interdit, mais "la liberté des uns s'arrête là, où commence celle des autres", nous sermonne ma mère. Vous connaissez ?

-Oui, je réponds. Excuse-nous. Nous nous couchons tout de suite et sans bruit, promets-je, essayant de contenir mon rire.

-Très bien, fait-elle avant de repartir pour sa chambre.

Nous gloussons et remettons les oreillers à leur place.

Nous refaisons nos chignons complètement partis en cacahuète et éteignons la lumière avant de nous coucher.

Ma Vie En ThéâtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant