Chapitre 21

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-Tu ne vas pas rester ici pour toujours quand même ? m'interroge ma mère.

Je parviens à marmonner un «si» étouffé par mes sanglots.

-Bon, Nona arrive dans un quart d'heure, m'informe-t-elle avant de quitter ma chambre.

Elle sort de ma chambre et me laisse seule avec mes larmes, lovée dans les draps sur mon lit.

Je n'essaie même pas de me distraire avec Instagram, Youtube ou Netflix car je sais déjà que c'est peine perdue.

Alors que je fixe mon plafond en me forçant à penser à rien, Nona me rejoint dans ma chambre. Elle s'installe à côté de moi sur mon lit et me prend dans ses bras. Exactement ce qu'il me faut. Passer du temps avec elle va me faire du bien, cela fait longtemps que nous n'avons pas été seules.

-Qu'est-ce qui t'arrive, bébé ? s'enquiert-elle d'une voix douce.

Je lui raconte que tout à l'heure je suis allée au parc, que Sébastien est venu me rejoindre et qu'après avoir parlé, nous nous sommes embrassés.

-Après, il a dit que ce n'est pas une bonne idée, articulé-je en sentant les larmes me monter aux yeux.

Je m'interromps pour ravaler des sanglots.

-Que nous devrions rester amis et pour l'instant, nous laisser de l'espace, reprends-je. Je pensais que tout irait bien et après il a dit ça.

-Il ne te mérite vraiment pas. Et toi tu n'as pas mérité d'être terrée dans ton lit. Suis-moi, m'ordonne-t-elle.

Elle se lève du lit et prend ma main au passage pour me forcer à venir avec elle.

-On va où ? demandé-je, pas très motivée.

-Tu vas voir, habille-toi.

Je m'exécute et en bas nous mettons chaussures et veste, puis sortons.

Nous prenons le métro et sortons à une station à laquelle je ne suis encore jamais sortie.

-Où sommes-nous ? m'enquiers-je un peu méfiante.

Après tout, je ne connais pas cet endroit.

Nona ignore ma question et me traîne vers un Starbucks. Nous nous asseyons à une table vide avec trois places et proche d'une fenêtre.

Presque aussitôt, nous sommes rejointes par Sarah. Ses traits semblables à ceux de son frère me rappellent ce dernier et les larmes me montent aux yeux.

Je dirige mon regard vers dehors pendant que ma meilleure amie explique la situation à la sœur de celui qui m'a brisé le cœur.

-Alors, réfléchit-elle. Soit c'est le mec le plus lâche que j'ai vu de toute ma vie, ce qui est possible, soit il y a quelque chose. Et même si j'ai dit que la première option est envisageable, je propose de considérer la deuxième option tout de même.

-Non, tranché-je d'une voix dure et ferme. C'est terminé. Il a joué avec moi trop longtemps. Je ne veux plus rien avoir à faire avec lui, mis à part la pièce de théâtre où nous serons Lilia et Lucas.

-Tu es sûre ? me demande Nona.

-Oui, j'ai fini de souffrir et de mettre des efforts dans une relation qui ne va que dans un sens.

Sans un mot de plus, je me lève et vais rejoindre la station pour prendre le métro.

Une fois arrivée chez moi, je vais au parc. Je me sens mieux quand je suis ici. J'ai l'impression que mon père est là et me réconforte.

Demain, j'irai à l'école pour montrer au monde que je ne suis pas faible.

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Les semaines passent et nous nous retrouvons en janvier. Ally est partie une semaine après l'incident, à contrecœur.

Je suis très reconnaissante envers Sarah car le fait qu'elle reste avec moi l'empêche de rester avec Alex qui est resté, bien évidemment, fidèle à Sébastien. Nona est parfois fourrée avec Lina et Alba, je ne l'en blâme pas, elle fait ce qu'elle veut, mais j'aimerais bien qu'elle m'en parle.

J'ai d'ailleurs l'impression qu'elle me cache quelque chose et les secrets sont le poison qui tue toute relation.

Nous sommes vendredi matin et je suis en cours de français.

Depuis qu'il m'a brisé le cœur, je me suis habituée à le traiter comme un garçon qui est dans ma classe, rien de plus. Cela n'a pas l'air de le gêner plus que ça, il passe son temps tourné vers Apolline. J'ai réussi à chasser la douleur. Elle est quelque part aux fins fonds de moi et je sais que un jour tout va m'éclater à la figure, mais je m'en fiche.

Je me concentre sur le cours de français.

Soudain, alors que le cours n'a commencé il n'y a que quelques minutes, quelqu'un frappe à la porte.

-Entrez ! appelle notre professeure.

La porte s'ouvre sur un garçon blond. Il a de jolis yeux verts. Des lunettes en plastique, rondes et noires sont posées sur son nez. Ses joues sont décorées de tâches de rousseur et ses dents, qu'il découvre d'un sourire craquant, sont droites et blanches. Il est musclé et bien habillé.

Son regard est posé sur moi et je réalise que je le fixe, alors je tourne la tête, rouge de honte.

-Bonjour, excusez-moi pour le retard, dit l'inconnu. Je m'appelle Alexis. Je suis nouveau.

-Bonjour Alexis et bienvenue. Alors, il nous reste que des places à l'arrière, mais cela m'embête de te laisser seul.

-Moi, je peux me joindre à lui, pour l'aider, interviens-je.

Alexis me sourit et je rougis, puis regarde ma table. Je ne sais pas ce qui m'a prise, je suis très timide normalement.

-Effectivement, ça pourrait être une bonne idée. Mina est forte en français et elle pourrait aussi te montrer l'école pendant l'interclasse ensuite, approuve notre professeure.

-Bien sûr, confirmé-je.

Sous le regard pesant de Sébastien, je range mes affaires, puis vais m'asseoir au fond avec Alexis.

Nona se retourne vers moi et m'envoie un regard entendu.

Durant cette première heure, je vois Sébastien se retourner plusieurs fois, un regard inscrutable au visage.

Alexis et moi nous écrivons des mots. Il est très gentil et drôle. Il croit comme moi au pouvoir des étoiles.

Pendant l'interclasse, je lui montre toute l'école.

-Le mec qui se retournait tout le temps, c'est ton copain ? m'interroge-t-il de but en blanc.

-Non, je suis parfaitement célibataire, réponds-je plus sèchement que prévu.

-Ça va ? s'enquiert-il, très probablement alerté par l'amertume dans ma voix.

-Oui, ne t'inquiète pas.

Ma Vie En ThéâtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant