Chapitre 12

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Le lendemain, à 16 h, je quitte la maison pour aller chez Starbucks, où j'ai rendez-vous avec Sarah.

Hier après la répétition, nous avons parlé encore pendant trois quarts d'heure. Nous avons découvert pleins de points communs qui nous lient. Elle est aussi passionnée que moi par le théâtre et voulait le rôle de Lilia, mais ne m'en veut pas de l'avoir eu. Elle a eu celui de Lira et elle l'aime beaucoup. Elle joue dans une autre pièce de théâtre en dehors de l'école avec son petit ami, Alex. Elle a de sentiments forts pour lui, d'après ce qu'elle m'a dit. Je la comprends.

Je rentre dans le salon café et cherche mon amie du regard. Une fois localisée, je m'assieds en face d'elle à une table à côté d'une fenêtre qui donne sur la ville. C'est tellement joli.

-Salut, tu as déjà commandé ? m'enquiers-je.

-Salut. Non, je t'ai attendue, m'informe-t-elle en souriant.

Nous allons commander, elle, un smoothie banane-fraise et moi, un chocolat chaud au caramel. La dame écrit mon nom sans erreurs mais oublie le h de Sarah.

-C'est tellement énervant, se plaint-elle en sirotant son smoothie pendant que nous rejoignons notre table. C'est pas la première fois, en plus !

-Je suis désolée, dis-je en riant. Mais au moins tu es sûre qu'Alex sait l'écrire !

Cela n'a aucun rapport, mais j'adore les histoires d'amour et je veux en parler.

Je lui envoie un regard provocateur, d'après ce que je sais, il est aussi amoureux d'elle qu'elle de lui. Ça doit être trop bien quand les sentiments sont réciproques.

-Ah bah, toi c'est pareil, Sébastien il est sûr de savoir l'écrire, ton nom ! se moque-t-elle la voix pleine de sous-entendus.

-Pourquoi tu dis ça ? demandé-je curieuse.

-Ne lui dis pas que je te l'ai dit, mais j'ai trouvé un cahier dans sa chambre, ses pages étaient remplies de ton prénom, il n'y avait rien d'autre que ton prénom ! me confie-t-elle.

Je fais de grands yeux.

-Je te jure, insiste-t-elle. Il m'a attrapée en flagrant délit et a pété un câble, puis l'a jeté à la poubelle. Il m'a dit de ne pas me faire trop d'idées, "ce n'est que le personnage d'un livre qu'il adore".

Elle soutient les guillemets avec ses mains.

Tout l'espoir que je m'étais fait me quitte aussitôt.

-Ce n'est pas un mensonge, assuré-je à Sarah. Je sais de quel livre il parle. Nous l'avons lu tous les deux et sommes tombés amoureux, lui de Mina et "moi de Jérémy".

C'est à mon tour de soutenir les guillemets d'un geste de la main.

-Je n'ai jamais été amoureuse de quelqu'un d'autre que ton frère, mais je ne voulais pas éveiller ses soupçons, alors j'ai fait genre je suis amoureuse de Jérémy, expliqué-je en voyant les sourcils froncés de mon amie. Mais Sébastien était vraiment "amoureux" de Mina. Enfin c'était au primaire donc ça fait longtemps et c'était le personnage d'un livre.

-N'empêche que ça pourrait être toi, proteste-t-elle.

Je sirote mon chocolat en refusant de me faire de faux espoirs.

Nous parlons et nous amusons pendant trois heures quand Sarah doit partir parce qu'elle est invitée chez Alex.

Je reste finir ma deuxième boisson en regardant un couple rire et s'embrasser. Je pense sans cesse à Sébastien ce qui provoque un sourire sur mes lèvres.

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À 20 h 15, j'arrive chez moi, pile pour le dîner.

-Nona a appelé, m'informe ma mère une fois le plat servi.

-D'accord, je la rappellerai après manger.

-T'as fait quoi aujourd'hui ? s'enquiert ma mère.

-J'ai été en ville avec Sarah, la sœur de Sébastien. Nous sommes allées boire un coup chez Starbucks, lui raconté-je.

-Je peux te demander quelque chose ? m'interroge-t-elle après avoir hoché la tête.

-Bien sûr, maman.

-Tu es sur un petit nuage depuis pas très longtemps et la dernière fois que je t'ai vue comme ça, c'était au début de ta 5ème. Est-ce que tu es amoureuse ? demande-t-elle de but en blanc.

Je manque de m'étouffer avec mon steak. Je rougis et mes joues prennent feu.

-Moi ? Non, réponds-je faussement.

Son regard me dit qu'elle ne me croit pas.

-OK, oui, admets-je.

-De Sébastien ? insiste-t-elle.

-Comment tu sais ? demandé-je, les yeux grands ouverts.

-Instinct de mère, répond-elle.

Nous rions et finissons de manger.

Ensuite, je prends le téléphone et essaie plusieurs fois de joindre Nona en vain. Elle ne décroche pas. On parlera demain alors.

Ma Vie En ThéâtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant