Chapitre 27

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Le lendemain, ma mère s'occupe de payer toutes les dettes et de démissionner. Son patron n'est pas heureux du tout. Attendant ma mère dans l'entrée du café dans lequel elle travaillait, je l'entends hurler.

Ma mère servait les gens, faisait le ménage et quand son patron n'avait pas envie de travailler, il profitait de sa situation pour lui proposer de faire des heures supplémentaires qu'elle était obligée d'accepter. Cela lui ajoutait des tâches de gestion en plus des tâches qu'elle devait déjà accomplir.

Ne supportant pas que quelqu'un traite ma mère de cette façon, j'entre à l'intérieur et rejoins ma mère et son ex-boss.

-Arrêtez de lui crier dessus ! interviens-je, alors qu'il s'apprête à ajouter une caisse pour lui dire combien elle n'est pas professionnelle. Vous ne voyez pas qu'elle est exténuée ? Elle ne fait que travailler, elle accomplit toutes les tâches ingrates jusqu'à très tard et ça sept jours sur sept ! Vous n'êtes qu'un sale escroc, débrouillez-vous seul désormais !

J'attrape la première chose qui me passe sous la main. Cela étant une tasse, je lui renverse le contenu sur la tête. Il s'avère que cette tasse contenait du café. Il a de la chance qu'il est presque froid. Je regarde avec satisfaction le liquide presque noir couler sur sa tête dégarnie.

Ses yeux bruns jettent des éclairs et il s'apprête à me hurler dessus.

-Je vous souhaite bonne chance pour trouver une employée aussi compétente que ma mère, le coupé-je dans son élan. En attendant, nous partons et croyez-moi quand je vous dis que nous ne remettrons plus les pieds ici. Votre café est froid en plus.

Je prends ma mère par la main et la traîne hors de cet affreux endroit.

-Tu es fâchée ? demandé-je doucement.

Elle éclate de rire.

Ma mère que je n'ai pas vue rire depuis la nuit des temps éclate de rire.

Et là, je réalise que rien ne se passe pour rien. Ces mauvais moments qu'on passe, les mauvaises conséquences qu'on subit quand on doit assumer ses actes et ses choix, tout ça vaut totalement la peine, car ensuite viennent les moments de soulagement et de pure joie. Ces moments qui n'existeraient pas ou qu'on ne vivrait pas de façon si intense sans les mauvais. Les moments de bonheur perdent toute valeur sans les mauvais.

-Je t'adore. Jamais je n'aurais osé agir tel que tu l'as fait et je suis bien contente que tu l'aies fait. Son regard quand il s'est pris le café en plein visage, il était impayable.

Un rictus décore ses lèvres et je souris.

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-O mon dieu, mais c'est génial ! s'exclame Sarah que j'ai au téléphone. Ta mère doit être tellement soulagée. Elle pourra enfin dormir assez et suivre sa vocation ! Elle le sait Nona ?

Pour toute réponse, je reste muette.

-Tu ne lui as pas dit ? insiste-t-elle.

-Non, je ne sais pas si nous sommes encore meilleures amies.

-Mais ne dis pas ça ! Tu perds la boule ? s'offusque-t-elle.

-Elle ne m'a pas dit qu'elle est en couple avec Alba. Et je sais que tu étais courant. Tu le sais aussi bien que moi: tout secret est poison pour une relation, lui rappelé-je.

-Je suis désolée, Mina. Je voulais qu'elle te le dise, mais elle avait peur de ton jugement.

-On n'a pas peur du jugement de sa meilleure amie, tout simplement parce qu'une meilleure amie ne juge pas.

-Je sais que tu as raison, mais essaie de la comprendre quand même. Elle n'a pas fait ça pour te rendre malheureuse ou parce qu'elle ne te faisait pas confiance. Elle avait simplement peur de te perdre.

Ma Vie En ThéâtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant