Chapitre 18

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Je rentre aux alentours de treize heures, l'appartement me semble vide. Je n'entends pas l'aspirateur, je n'entends pas non plus Louise chantonner. Je l'appelle, je n'ai aucune réponse de sa part. J'entre dans le salon, je vois ma mère assise sur le canapé, je m'approche d'elle et me penche pour lui embrasser le front.

- Maman, la saluai-je. Comment vas-tu ?
- J'ai encore eu un coup de fil de la faculté, Bryan.
- Louise n'est pas là ?
- Non, elle m'a appelé pour que je vienne, on a parlé toutes les deux et elle m'a donné sa lettre de démission.
- Pardon ?

Je me décompose complètement. Je m'assois lourdement à côté de ma mère, je ne pensais pas qu'on en était là, elle et moi. Elle est tellement imprévisible, même moi je ne pensais pas que je réagirai ainsi à cette nouvelle. En temps normal, ça ne m'aurait rien fait, je m'en serais foutu comme d'habitude, je me serais dit que ce n'était qu'une femme de ménage et que ça me serait facile d'en trouver une autre, or Louise n'était pas simplement une femme de ménage. Elle était cette fille pour qui je souriais et me lever chaque jour de mon lit, et plus particulièrement les jours où elle venait chez moi. Mon cœur se serre, je me sens oppressé, j'ai du mal à respirer.

- Bryan, tout va bien ? Ma mère me demande en posant sa main sur la mienne, sur ma cuisse.
- Pourquoi ne l'as-tu pas retenu ?
- Pourquoi l'aurai-je fais ? C'est sa décision.
- Alors, à elle tu la laisse choisir mais moi tu m'imposes la fac ?
- Ce n'est pas ma fille, Bryan.

Elle fronce les sourcils, je retire ma main et crispe la mâchoire. Elle n'a pas tort, je sais qu'elle a raison mais elle n'a pas à décider pour moi. Putain, peu importe. Elle aurait dû retenir Louise, je veux qu'elle revienne. Je me lève brusquement, je vais prendre ma douche.

- Bryan, s'il te plaît, calme-toi... Je vais la rappeler et lui demander de revenir si tu veux.
- Oui, fais donc ça pendant que je me douche.

Je parle fermement, je ne la regarde même pas. Je passe par ma chambre prendre des habits propre avant d'aller m'enfermer dans la salle de bain pour me doucher. J'en ai vraiment besoin après ses heures de sport intense.

L'eau chaude coule dans mes cheveux et descend sur mon dos, je n'arrive pas à élucider pourquoi Louise à démissionner si brusquement. On s'est engueulé, mais bon, ce n'était pas la première fois et elle sait parfaitement que ça ne dure jamais. Juste avant, je l'ai embrassé et encore plus tôt Anastasia l'a menacé. Je n'arrive pas à savoir ce qui la décidé à s'en aller, Anastasia, mon besoin pertinent d'elle ou mon impulsivité. Ou peut-être même les trois. Je termine ma douche, je m'habille, me coiffe et me parfume comme à mon habitude. Je souffle en me regardant dans le miroir, je ne me reconnais plus, j'ai tellement changé ses derniers mois. Mes joues sont creuses, j'ai perdu beaucoup de poids depuis Marine, mes cheveux n'ont plus ni queue ni tête même coiffé. Qu'est-ce que je suis en train de devenir ? Ma mère cri mon nom et me fait sortir de ma rêverie, je ferme les yeux une seconde et soupire avant de la rejoindre dans le salon.

- Je viens de raccrocher avec Louise.
- Et ?
- Elle ne veut pas revenir. Je lui ai même proposé le double de son ancien salaire, mais rien n'y fait, elle refuse toujours.

Je ne comprends pas, elle aurait dû accepter sans hésiter. Je pensais qu'elle avait besoin d'argent, cet argent lui aurait été donc utile, mais non, elle est tellement têtue qu'elle a refusé.

- Qu'as-tu fais Bryan ?
- Je ne sais pas.

Je n'ai pas envie de parler de filles avec ma mère, ça ne la regarde pas, même si j'ai connu Louise grâce à elle.

- Enfin, dit-moi.
- J'sais pas je te dis, criai-je.

Je prends mes clés de voiture sur le meuble, près de l'entrée.

- Tu vas où ? Tu vas la voir ?
- Non.

Je sors en claquant la porte et plantant ma mère sans regret. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai le sentiment que Anastasia y est pour quelque chose dans tout ça. Je me rends rapidement à la fac. Je passe par le bureau pour savoir l'emploie du temps d'Anastasia. Elle est en philo à quatorze heures, géniale, je vais devoir entrer dans le cours de ce connard de prof. J'entre, la porte tape contre le mur, il faut que je me calme. Je fusille Anastasia du regard sans même calculer le prof ou les autres étudiants.

- Monsieur Adams, merci de nous faire honneur de votre présence.
- J'viens pas pour vous, dis-je méchamment à l'intention du prof.
- Alors, sortez.
- Pas avant qu'Anastasia lève ses fesses et me suive.

Elle se lève automatiquement, elle marche vers moi en me regardant. Une fois qu'elle est assez proche, je la prends par le bras et l'emmène à l'extérieur de la salle. Je la pousse contre un mur, je me fou des regards des gens qui passent dans les couloirs.

- Qu'est-ce que tu as ?
- Comment ça ? Elle demande trop gentiment.
- Arrête ton jeu stupide avec moi. Il n'y a rien d'autre entre nous que du sex, je ne t'ai jamais rien promit, Ana.
- Peut-être, mais je suis tombée amoureuse de toi Bryan...

Je la lâche et recule vivement. Ces quelques mots-là ont tendance à me faire fuir, je déteste cette phrase, c'est la pire invention de l'homme l'amour. Je la regarde un long moment, elle semble abattue et désemparée, elle a les larmes au bord des yeux.

- Qu'est-ce que tu as dis à Louise, putain ?

Je me reprends, je cris. Je perds vite patience, je déteste ne pas réussir à comprendre un problème et celui-là me met particulièrement en rogne.

- R-rien !
- Je t'interdis de me mentir, Anastasia !
- Je suis repassée chez toi, tu n'étais pas là alors je...

Pourquoi s'arrête-t-elle ? Je contracte les poings et la mâchoire. Elle a de la chance de ne pas être un mec. Je l'aurai saigné jusqu'à ce qu'il crache le morceau si ça avait été le cas.

- Je lui ai dis redis de ne pas t'approcher, c'est tout.
- Je suis sûr que ce n'est pas tout, elle n'aurait pas démissionné pour si peu. Qu'est-ce que tu lui as dit putain ?
- Je l'ai... Je l'ai peut-être aussi un peu taper...

Je me rapproche d'elle, le poing en l'air. Je hurle en me précipitant vers elle. Ma main s'écrase dans le mur juste à côté de sa tête, elle pleure et sanglote bruyamment. Si je ne suis pas viré de la fac après ça, alors je ne comprendrai pas.

- Je te jure que si elle a une seule petite marque où que ce soit je te tue, Anastasia.

Sur ces menaces, je me tourne et m'en vais. Je sors de l'école et retrouve ma voiture sur le parking. Je me rends tout de suite chez Louise. En arrivant devant, je toque à la porte. Il se passe plusiseurs minutes avant que quelqu'un ne vienne.

- C'est qui ?

J'entends sa petite voix derrière la porte, pourquoi ne m'ouvre-t-elle pas ?

- C'est moi.
- Va-t'en !
- Non, ouvre-moi.
- Pourquoi ?
- Je veux voir ton visage, Louise. Laisse-moi juste te regarder, promit je m'en vais après si c'est ce que tu veux.

J'entends le loquer de la porte, et celle-ci ne tarde pas à s'ouvrir, la petite tête de Louise apparait. Elle est recroquevillé sur elle-même, elle se fait plus petite qu'elle ne l'est déjà, ses long cheveux noirs lui tombent sur les yeux de son visage baissée. Elle porte une veste grise et un bas de survêtement, elle serre ses bras autour d'elle et ses mains sont cachées dans les manches trop longues de sa veste.

- Lève le menton.

Elle m'obéit, elle a un début de bleu à la mâchoire côté droit et aussi en-dessous de l'œil gauche. Je me crispe de partout en voyant ça, mon regard s'assombrit, je vais tuer quelqu'un aujourd'hui, j'ai tellement la haine. Je me retourne et descend son allée pour sauter dans ma voiture, je l'entends me crier de ne rien faire de stupide mais je suis déjà trop loin pour lui répondre quoique ce soit.

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Long chapitre ce soir, que va faire Bryan d'après vous ? ihi

L'âme d'un BadboyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant